N° 2853 du Canard Enchaîné – 2 Juillet 1975
N° 2853 du Canard Enchaîné – 2 Juillet 1975
24,00 €
En stock
La crise du Figaro : Sur un tapis Hersant …, par Antoine Gourbeyre
Quand le Figaro vacille sur son tapis rouge
En juillet 1975, Le Canard enchaîné revient sur la reprise du Figaro par Robert Hersant, patron de presse ambitieux au passé controversé. Entre grève des journalistes, pressions politiques et dettes colossales, l’affaire révèle les méthodes expéditives d’un homme décidé à s’imposer. Derrière le rachat d’un titre prestigieux se dessine une inquiétante concentration médiatique, où l’indépendance rédactionnelle pèse bien peu face aux ambitions financières et politiques du nouveau maître des lieux.
Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix
En stock
La crise du Figaro : Sur un tapis Hersant ...
Quand Hersant transforme la presse en terrain de manœuvres
L’article d’Antoine Gourbeyre dans Le Canard enchaîné du 2 juillet 1975 illustre à merveille la manière dont Robert Hersant s’impose, au forceps, dans le paysage médiatique français. Avec la reprise du Figaro, ce n’est pas seulement un journal prestigieux qui change de mains, mais une partie de l’équilibre de la presse nationale qui vacille.
Le Canard insiste sur l’ambiance délétère de l’époque : les services d’archives de la Police judiciaire et de la Sûreté nationale croulent sous les demandes, Matignon et l’Élysée suivent l’affaire de près, et les rédactions sont en effervescence. Le Figaro, bastion conservateur de la presse française, devient le théâtre d’une grève historique de ses journalistes, inquiets de voir leur indépendance piétinée par un propriétaire plus soucieux de son influence politique que de la qualité rédactionnelle.
Le portrait d’Hersant, tel que le dresse Gourbeyre, est tranchant : un homme d’argent, un stratège qui distribue faveurs et prébendes à ses alliés, qui sait s’entourer des bonnes relations au sein du pouvoir, et qui avance toujours masqué derrière des dettes et des montages financiers hasardeux. Le Canard souligne notamment l’« oseille de Marcel », référence aux appuis financiers permettant de rendre possible une opération pourtant bancale.
Mais le plus inquiétant réside dans la vision d’ensemble : Hersant, déjà surnommé « papivore », ne cherche pas à faire vivre une presse indépendante. Il transforme les journaux en instruments d’influence, placés au cœur d’un réseau d’alliances politiques et économiques. Le cas du Figaro est ici paradigmatique : ce n’est plus un contre-pouvoir, mais une vitrine offerte à son nouveau propriétaire et à ses ambitions.
Avec son ironie mordante, Le Canard dénonce à la fois les compromissions politiques, l’opportunisme financier et la résignation d’une partie du milieu journalistique. Le rachat du Figaro par Hersant, loin d’être un simple épisode industriel, apparaît comme une étape décisive dans la concentration médiatique française. Une leçon d’histoire qui résonne encore aujourd’hui, à l’heure où la question de la pluralité de la presse reste brûlante.