N° 2855 du Canard Enchaîné – 16 Juillet 1975
N° 2855 du Canard Enchaîné – 16 Juillet 1975
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Armes : c’est la France qui arrose le plus
Armes françaises : quand la corruption devient un système
En juillet 1975, Le Canard enchaîné dévoile les dessous peu reluisants du commerce français des armes. À travers l’ombre du célèbre intermédiaire Adnan Khashoggi, Antoine Gourbeyre montre comment la France s’est imposée comme championne des pots-de-vin et commissions occultes. Derrière chaque contrat d’armement, qu’il s’agisse de chars ou d’hélicoptères, se cache une mécanique de corruption huilée, profitant autant aux princes saoudiens qu’aux ministres français. Le Canard souligne, avec ironie, que la France « montre une fois de plus l’exemple au monde entier », mais cette fois dans l’art douteux d’arroser ses partenaires. Un décryptage grinçant des illusions de grandeur giscardienne.
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Armes : c’est la France qui arrose le plus
La vitrine internationale des pots-de-vin
L’article de Gourbeyre s’inscrit dans la tradition du Canard : lever le voile sur ce que le discours officiel maquille en triomphe diplomatique. Ici, la France se prépare à recevoir le roi Khaled et la famille royale saoudienne pour des discussions sur le pétrole et les armes. En arrière-plan, un homme joue le rôle de pivot : Adnan Khashoggi, marchand d’armes notoire, présenté comme l’un des plus grands arroseurs de commissions de son temps.
L’enquête montre comment, derrière chaque contrat, se cache un mécanisme bien rodé : une majoration de 5 à 15 % du prix, déguisée en commission, et reversée aux décideurs. Qu’il s’agisse de chars AMX-30, d’hélicoptères ou de pièces d’artillerie, les exemples cités dessinent une carte éloquente de la corruption internationale. Le détail savoureux – la France comme « championne » des pots-de-vin, plus généreuse encore que ses concurrents américains – est traité avec l’ironie mordante du Canard.
Mais au-delà de la satire, le papier révèle une vérité plus grave : la dépendance de la France à ces pratiques pour tenir son rang sur le marché mondial de l’armement. Les contrats d’exportation, si vantés par Giscard et son ministre Hugues de l’Estoile, reposent sur des pratiques que l’on ne peut reconnaître publiquement, mais que tout le monde pratique en coulisses. Gourbeyre insiste sur cette hypocrisie : on célèbre l’industrie militaire comme un fleuron national, alors même qu’elle prospère grâce à une corruption systémique.
L’ironie finale – « une fois de plus la France montre l’exemple » – condense toute l’ambiguïté de l’époque. En pleine guerre froide, alors que les besoins pétroliers renforcent les liens avec l’Arabie Saoudite, le prestige français se paye en pots-de-vin. Le Canard ne se contente pas de pointer l’affaire Khashoggi : il dénonce la compromission structurelle d’un État qui, sous couvert de diplomatie et de grandeur nationale, s’installe confortablement dans la logique des paradis fiscaux et des commissions occultes.
Au fond, l’article rappelle que la France giscardienne se rêvait puissance respectée, mais se comportait souvent comme une république bananière exportatrice de canons. La satire prend ainsi toute sa force : derrière la grandeur proclamée, il n’y avait que de l’arrosage.