N° 2858 du Canard Enchaîné – 6 Août 1975
N° 2858 du Canard Enchaîné – 6 Août 1975
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Complot-veston chez Boussac
Quand l’empire textile se déchire
Dans l’édition faussement datée du 7 août 1975, Le Canard plonge dans les coulisses du groupe Boussac, géant du textile français, en pleine tourmente. Derrière les façades élégantes de Dior et les promesses parfumées de prospérité, c’est un monde d’intrigues, de putsch manqués et de ministres qui tirent les ficelles. Jérôme Canard raconte, avec sa verve ironique, comment financiers, banquiers et hauts fonctionnaires transforment l’empire Boussac en champ de bataille feutré. On y parle d’ultimatums ministériels, de règlements de comptes discrets et de patrons qui tanguent, au gré des renflouements et des rumeurs de complots.
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Complot-veston chez Boussac
Le théâtre feutré des affaires
L’article de Jérôme Canard sur l’« affaire Boussac » illustre à merveille la dramaturgie des grandes sagas industrielles françaises. Sous couvert d’un langage feutré et d’allusions vestimentaires, c’est en réalité une lutte de pouvoir acharnée qui se déroule entre le vieux « pape du coton », Marcel Boussac, et les forces politiques et financières qui convoitent ou redoutent son empire textile.
Le récit détaille les manœuvres autour de Claude-Alain Sarre, présenté tantôt comme l’homme providentiel, tantôt comme le fossoyeur pressenti du groupe. Chaque camp avance ses pièces : le patron historique, cramponné à ses symboles et à ses soutiens politiques ; les banquiers, lassés de boucher des trous sans fin ; les ministères, qui agitent l’épouvantail de la faillite pour imposer des solutions « autoritaires ».
L’ironie mordante du Canard transforme cette chronique financière en pièce de théâtre : « putsch raté », « ultimatum ministériel », « roi de Rome »… Les titres de sections sonnent comme autant d’actes d’une comédie dramatique où l’on croise des costumes trois-pièces, des parfums Dior et des arômes d’entourloupe. Derrière, c’est bien sûr l’argent public et l’avenir d’un pan entier de l’industrie française qui se jouent.
Ce qui frappe surtout, c’est la mise en lumière de la duplicité du système : on prétend sauver les ouvriers, mais les arbitrages se font en fonction des luttes d’influence et des équilibres politiques. Jérôme Canard souligne avec un humour acide cette hypocrisie, où les décisions ministérielles importent moins par leur efficacité que par leur capacité à calmer tel banquier, rassurer tel électorat ou sauver telle réputation.
En définitive, l’article rappelle que les grandes affaires industrielles françaises ne se règlent pas seulement dans les usines ou les conseils d’administration, mais dans les salons feutrés, entre poignées de main et coups bas. Boussac, plus qu’une affaire textile, devient ici un symbole : celui d’un capitalisme français dépendant autant des banquiers que des ministres, où les complots se trament en veston trois-pièces et où l’ironie du Canard sert de fil conducteur.