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N° 2861 du Canard Enchaîné – 27 Août 1975

N° 2861 du Canard Enchaîné – 27 Août 1975

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Le Prince et le maquis

Entre proclamations martiales et ironie féroce, Le Canard chronique la flambée corse de l’été 1975. Jean Manan met en scène un théâtre d’uniformes et de bazookas, où l’État tremble face aux velléités autonomistes. Bernard Thomas, lui, pousse la satire jusqu’au bout : et si c’était la Corse qui concédait son autonomie à la France ? Ensemble, les deux articles transforment une crise régionale en farce politique, révélant un pouvoir central maladroit, une île insoumise et une comédie nationale où le tragique se dispute au burlesque.

Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix

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Chaque numéro ou journal anniversaire, peut être inséré dans une pochette cadeau au choix, d’un très beau papier pur coton, comportant une illustration originale spécialement réalisée pour COUAC ! par Fabrice Erre ou Laurent Lolmede, ou pour les premiers lecteurs du Canard Enchainé par Lucien Laforge.

Cette pochette cadeau assure aussi une conservation optimale du journal : un papier au PH neutre limitant la dégradation des vieux journaux sur la durée.

Décliné en 4 pochettes originales (5€)
Pochette offerte pour toutes éditions d’un prix supérieur à 59€
Visualiser les illustrations en cliquant sur le nom des auteurs

Enchâssé entre deux feuilles d’acrylique (plexiglass extrudé*) il s’exposera aux regards sous son plus beau jour.

Les propriétés anti-UV de ce plexiglass de 2 mm lui assureront une conservation optimale limitant le jaunissement.

Le maintien entre les deux plaques, avec 8 petites pinces nickelées, supprime la vue des plis ainsi que leurs effets indésirables. Les marges autour du journal sont de 2 cm et sont ajustées au format de l’édition, qui a varié au fil des décennies.

*Transparence, légèreté, résistance aux chocs et aux UV

Cette présentation est déclinée en 2 options :

Plexi transparent (30€) servant de fond, plus discret mais élégant il permet aussi la vision de la dernière page du journal.
Plexi noir (35€) servant de fond, il met en valeur la teinte et le format du journal, s’harmonisant parfaitement avec les encres noires de la page.

Le Prince et le maquis

Le théâtre d’ombres d’un État en uniforme

Jean Manan met en scène une République transformée en tréteaux, où la « sécurité » se joue au clairon. Bigeard, star en vareuse, parcourt l’île comme on fait campagne : bain de foule, cantique d’usage (« Salve Regina ») et petites phrases ciselées pour TF1. Sous le vernis martial, la situation est pourtant tout sauf réglée : l’embrasement autonomiste, nourri par les humiliations et la gestion policière, ne faiblit pas. La force du papier tient à cette ironie sèche qui dégonfle la baudruche virile : un pouvoir qui claironne la souveraineté se révèle incapable de produire autre chose que des rituels, des hommages et des postures.

Le procédé satirique repose sur des renversements rapides — rumeurs de « coup d’État », imaginaire de bazooka, soupçon de « plan » ourdi dans les ministères — qui soulignent la fabrique médiatico-politique de la crise. Manan n’excuse ni la violence des commandos ni les emballements sécuritaires ; il montre que les deux se nourrissent, comme des jumeaux malfaisants, d’une même logique d’orgueil. La Corse devient ainsi un laboratoire où s’observe, en accéléré, le vieux réflexe français : répondre à une revendication politique par la glorification de l’ordre. Le résultat, dit l’article en creux, c’est une paix de façade et une République qui se parle à elle-même en uniforme.


La Corse accorde son autonomie à la France

Quand la satire retourne la carte et dévoile le réel

Bernard Thomas pousse le curseur un cran plus loin : l’île, souveraine de sa propre comédie, « concéderait » son autonomie à la France. Cette inversion, faussement naïve, met la lumière sur le cœur du problème : depuis des années, l’État prétend « intégrer » en multipliant préfets musclés, coups de menton et bricolages juridiques, tandis que la société corse, traversée d’intérêts contradictoires (notables, exilés, pieds-noirs, jeunes en rupture), recompose ses rapports de force hors du cadre parisien. La pirouette narrative permet de reclasser chacun : Paris réduit à quémander, l’île en position d’arbitre, et la « nation » comme récit usé qu’on récite sans y croire.

Le papier fourmille de piques qui visent juste : clins d’œil à Paoli et à Napoléon pour rappeler que l’histoire corse n’est pas un appendice de la métropole ; portraits croqués de Poniatowski et Debré pour moquer la rhétorique viriliste ; et ce constat, cruel : l’Hexagone parle d’« indivisibilité » tout en bricolant des solutions ad hoc. Là encore, la satire n’est pas un simple gag : elle rend visible l’angle mort bureaucratique — on administre une crise au lieu de la penser. En filigrane, Thomas rappelle que la « décolonisation intérieure » française, jamais nommée ainsi, ressurgit périodiquement dans les périphéries (Bretagne, Pays basque, Antilles…).

En lisant les deux articles comme un diptyque, on voit se dessiner une thèse commune : la Corse n’est pas l’exception exotique qu’on décrit pour se rassurer, mais un révélateur des limites d’un jacobinisme sentimental. La réponse d’État, quand elle se résume à la virilité télévisée et à la procédure, fabrique de l’autonomie — au sens strict : les acteurs locaux n’attendent plus l’aval de Paris pour décider. Que le Canard choisisse la farce pour le dire n’ôte rien à la gravité du message : à force de confondre ordre et politique, on perd et l’un et l’autre.