N° 2866 du Canard Enchaîné – 1 Octobre 1975
N° 2866 du Canard Enchaîné – 1 Octobre 1975
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Les châteaux de Valy en Espagne
Dans son article du 1er octobre 1975, Antoine Gourbeyre croque avec ironie les relations ambiguës entre Giscard d’Estaing et l’Espagne franquiste. Entre chasses protocolaires et sourires diplomatiques, la France caresse l’illusion d’une Europe élargie, tandis que Franco tire les ficelles en coulisses. Derrière les mondanités, ce sont des ventes d’armes, des coopérations militaires et policières, mais aussi des calculs politiques autour de la succession de Juan Carlos qui se dessinent. Mais à Madrid, les fusillades des opposants rappellent la brutalité du régime. Les rêves européens de Giscard s’y brisent, emportant ses espoirs de « châteaux » diplomatiques.
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Les châteaux de Valy en Espagne
Les illusions diplomatiques de Giscard
Antoine Gourbeyre trace, dans ce papier mordant, le portrait d’un Giscard pris au piège de ses rêves diplomatiques. L’Espagne, sous Franco, devait être pour lui une passerelle idéale vers une Europe élargie, un terrain d’influence où la France pouvait jouer les parrains bienveillants. Giscard et son entourage familial, liés depuis longtemps aux milieux franquistes et à l’Opus Dei, s’étaient volontiers prêtés au jeu des réceptions, chasses et banquets, pensant ouvrir la voie à l’intégration espagnole dans la Communauté européenne. Mais, comme le souligne Gourbeyre, quelques fusillades suffisent à briser l’illusion.
L’Europe des salons et la réalité des balles
L’article juxtapose deux univers : celui des mondanités diplomatiques, où Valéry chasse tranquillement dans la forêt de Rambouillet avec Franco, et celui des opposants fusillés au petit matin par un régime qui n’a jamais cessé d’être répressif. Cet écart, volontairement appuyé par le ton sarcastique de Gourbeyre, souligne l’aveuglement d’une diplomatie française trop occupée à compter les milliards d’échanges commerciaux pour voir la violence politique qui les sous-tend.
L’armée française s’associe aux manœuvres de l’armée espagnole, les polices échangent leurs fichiers, les industriels vendent Mirage et sous-marins : la coopération est totale. Et pourtant, l’image publique de Franco reste indéfendable, condamnant toute tentative d’intégration européenne.
Quand la politique étrangère vacille
Gourbeyre conclut sur une tonalité amère : Giscard, trop confiant, s’était imaginé bâtir ses « châteaux » diplomatiques sur du sable mouvant. La fusillade des opposants efface d’un coup des années de calculs et de flatteries. Pour l’opinion européenne, l’Espagne franquiste demeure infréquentable, et ceux qui s’y affichent en deviennent les complices tacites. Giscard apprend à ses dépens qu’il ne suffit pas de partager les plaisirs cynégétiques de Franco pour en atténuer la brutalité politique.
Ainsi, cet article n’est pas seulement une chronique d’actualité : c’est une leçon sur les limites du réalisme diplomatique, quand les impératifs économiques et militaires viennent se fracasser contre la réalité des dictatures.