N° 2868 du Canard Enchaîné – 15 Octobre 1975
N° 2868 du Canard Enchaîné – 15 Octobre 1975
24,00 €
En stock
Les retours d’ardeur de Chaban
En octobre 1975, Jacques Chaban-Delmas tente son retour par les librairies avec L’Ardeur. Mais dans les colonnes du Canard enchaîné, Jean Garchoy ne lui laisse aucun répit. Derrière les 450 pages de plaidoyer, l’ancien Premier ministre se pose en victime de « complots » giscardiens et de coups bas politiques. Le Canard décortique ce récit à la fois plaintif et sélectif, rappelant les zones d’ombre, les oublis volontaires et les maladresses. Résultat : un portrait d’un homme qui, loin de rallumer la flamme, semble raviver ses vieilles blessures.
Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix
En stock
Les retours d'ardeur de Chaban
Chaban, plume en main
Avec L’Ardeur, Chaban-Delmas espérait redorer son image après la cuisante défaite présidentielle de 1974. Jean Garchoy, lui, en fait un procès littéraire implacable. Le livre se veut justification : Chaban s’y décrit comme la cible d’un vaste « complot », ourdi par Giscard et ses fidèles, destiné à l’évincer du jeu. Mais derrière l’épaisseur du volume, le Canard ne voit qu’un récit victimaire et mal ficelé, où la grandeur du héros s’efface derrière les détails malheureux et les souvenirs arrangés.
Le dossier Dega et les oublis
Garchoy souligne que Chaban revient longuement sur l’affaire Dega – ce percepteur dont les magouilles fiscales avaient alimenté les rumeurs contre lui. L’ancien Premier ministre assure qu’il a été piégé, que Giscard avait tout orchestré. Mais ce plaidoyer ne convainc pas. Chaban se trompe dans les détails, confond des épisodes, oublie de mentionner certaines pièces accablantes. Plus encore, il évite soigneusement d’aborder les preuves sorties dans la presse, comme les fameux fac-similés de chèques publiés par le Canard. À force de vouloir prouver son innocence, Chaban se perd dans les demi-vérités.
Une posture de martyr
L’analyse de Garchoy décape la posture de martyr que Chaban s’attribue. L’ancien maire de Bordeaux se présente comme l’homme d’État trahi, poignardé dans le dos par son propre camp. Mais le Canard y voit surtout une stratégie politique ratée : en se concentrant sur ses rancunes, Chaban donne l’image d’un homme obsédé par son passé plus que par l’avenir. Même ses révélations supposées sur Pierre Juillet ou sur les réseaux chiraquiens tombent à plat, faute de précision et de courage.
L’ironie finale
Le Canard conclut avec un trait ironique qui fait mouche : Chaban, dans son livre, cite quantité de personnages, mais omet l’un des acteurs essentiels de la machinerie giscardienne, Michel Poniatowski. Oubli stratégique ou lapsus révélateur ? Quoi qu’il en soit, l’ouvrage apparaît plus comme une longue plainte que comme un véritable manifeste. À travers la plume de Garchoy, Chaban ressort diminué : un ex-Premier ministre qui voulait rallumer l’ardeur, mais qui finit par s’enliser dans la vaseline de ses propres regrets.