N° 2874 du Canard Enchaîné – 26 Novembre 1975
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La Courette – Capricioso espagnol de Giscarlos
À peine Franco enterré, Giscard s’empresse de se montrer au côté de Juan Carlos, fraîchement couronné. Dans une « courbette » diplomatique à l’espagnole, il rêve d’une alliance ibéro-française capable de peser sur l’Europe. Mais André Ribaud, dans un style piquant, démonte l’illusion : derrière les fanfaronnades présidentielles, l’Espagne reste minée par son passé franquiste et l’héritage des Bourbons, jugés tout sauf glorieux. Dans cette chronique, Giscar(los) apparaît plus courtisan qu’homme d’État, prêt à cajoler Madrid comme on flatte un animal capricieux.
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La Courette - Capricioso espagnol de Giscarlos
Giscar(los) en Espagne : une courbette diplomatique
L’article de Ribaud, publié une semaine après la mort de Franco, s’inscrit dans un moment charnière : l’accession de Juan Carlos au trône d’Espagne, dans un climat de transition incertain. Giscard d’Estaing, désireux de figurer parmi les grands parrains européens de la nouvelle monarchie, se précipite pour annoncer sa présence au Te Deum madrilène. Le Canard raille cette hâte qui tient moins à une clairvoyance politique qu’à une soif de visibilité médiatique.
L’illusion d’une alliance
Ribaud croque avec ironie un Giscard persuadé qu’en cajolant le nouveau roi – « lui faire sa courrette, le caresser, le cajoler » –, la France pourrait jouer un rôle central dans la réorganisation de l’Europe du Sud. L’image est celle d’un président transformé en courtisan, dont l’ambition d’un axe Paris-Madrid repose sur des chimères. Car Juan Carlos n’est pas l’hidalgo docile qu’imagine l’Élysée : il hérite d’un pays fracturé, d’un régime marqué par quarante ans de dictature, et d’un trône lesté par l’histoire peu flatteuse des Bourbons d’Espagne.
Satire historique et politique
La verve de Ribaud ne se limite pas à la moquerie. Elle rappelle un constat plus sérieux : en deux siècles, la dynastie bourbonienne n’a guère servi l’Espagne, accumulant abnégations et crises. Juan Carlos, « héritier du Caudillo et favori de Giscar(los) », symbolise cette ambiguïté. Le Canard dégonfle ainsi la prétention giscardienne à réorienter l’Europe par une alliance avec une monarchie encore incertaine.
Entre flatterie et désillusion
Au fond, ce « capricioso » espagnol de Giscarlos illustre une constante de la diplomatie française sous Giscard : une gestuelle flamboyante, pleine de symboles, mais dont la portée politique reste fragile. Derrière les fanfaronnades et les références à Louis XIV, l’article pointe la vacuité d’un projet qui n’aura guère d’avenir. En cela, Ribaud ne chronique pas seulement un épisode diplomatique, il saisit une tendance : celle d’un président oscillant entre l’hidalgo et le courtisan, rêvant d’Europe mais s’enlisant dans les caprices de l’histoire.





