N° 2879 du Canard Enchaîné – 31 Décembre 1975
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Au bout du bi de l’an
1975 s’achève dans un mélange d’amertume et de dérision : guerres qui finissent pour mieux renaître ailleurs, accords d’Helsinki signés mais déjà fragiles, et un parti communiste hésitant entre orthodoxie et aggiornamento. André Ribaud, dans une verve ironique, brosse le portrait d’une année marquée par l’instabilité internationale et les contradictions françaises – entre décolonisation chaotique, Comores émancipées et Comores rattachées, et un regard tourné vers les Miss ou les Kennedy pour compenser le désordre du monde. Le Canard enterre 1975 avec humour grinçant, prêt à accueillir 1976 et ses « grands problèmes » annoncés.
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Au bout du bi de l’an
1975, entre bilans et désillusions
Dans son article du 31 décembre 1975, André Ribaud propose une rétrospective acérée d’une année qu’il qualifie d’« année de disgrâce », en écho à une formule récurrente du Canard. Et pour cause : derrière quelques lueurs d’espoir, 1975 a surtout été marquée par des conflits déplacés, des accords fragiles et des promesses vite trahies.
L’auteur revient d’abord sur la fin de la guerre du Vietnam, qui n’a pas même eu le temps d’être saluée que déjà un autre conflit prenait le relais : l’Angola. Dans cette succession de foyers embrasés, Ribaud pointe l’impossible repos d’un monde toujours en proie aux guerres idéologiques et coloniales. De la même façon, les accords d’Helsinki – vaste raout diplomatique censé sceller la coexistence pacifique Est-Ouest – apparaissent bien illusoires à l’heure où la course aux armements, lasers et satellites compris, se poursuit sans répit.
La France, elle, n’est pas en reste. L’année a été marquée par la décolonisation des Comores, aussitôt transformée en feuilleton ambigu, trois îles choisissant l’indépendance tandis que Mayotte optait pour la France. Ribaud ironise sur cette capacité hexagonale à célébrer une émancipation tout en conservant une parcelle d’empire, au nom d’intérêts stratégiques.
Le ton se fait plus léger, mais toujours ironique, lorsqu’il évoque la scène intérieure : le concours Miss France, les petites gloires médiatiques, ou encore l’éternel feuilleton Kennedy, où scandales et révélations posthumes continuent d’agiter la presse. L’année 1975 aura aussi été celle des « hommes à femmes », symbole d’un pouvoir à la fois viril et fragile, où les mythes s’effondrent plus vite que les statues.
En filigrane, Ribaud souligne une continuité satirique : chaque fin d’année, les illusions politiques ou diplomatiques s’effritent, laissant place à une ironie amère. 1975, conclut-il, n’aura pas été une rupture mais un prolongement des contradictions mondiales. Et déjà 1976 s’annonce sous le signe des « grands problèmes », promesse que l’oiseau de mauvais augure transformera en matériau de satire.
Ce bilan grinçant illustre l’art du Canard : résumer douze mois d’actualité en une fresque où la moquerie tient lieu de clairvoyance.





