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N° 289 du Canard Enchaîné – 11 Janvier 1922

N° 289 du Canard Enchaîné – 11 Janvier 1922

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L’innocence de M. Vilgrain est encore retardée

L’innocence de M. Vilgrain, ex-sous-secrétaire d’État au Ravitaillement, tarde à éclore. Le Canard enchaîné du 11 janvier 1922 raconte avec humour sa rocambolesque incarcération, ses avocats bondissant par les fenêtres, son propre statut autoproclamé de « prisonnier de guerre » et les juges embarrassés. Derrière la farce, c’est tout un climat d’après-guerre que révèle l’affaire : celui où les anciens responsables du Ravitaillement, accusés de détournements et de profitération, tentaient de sauver leur honneur… et parfois leur culotte.

Le conseil suprême de Cannes poursuit activement ses travaux, Pastorale Arcadienne, dessin de Jean Varé

Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix

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Canard au naturel
Canard en chemise

Chaque numéro ou journal anniversaire, peut être inséré dans une pochette cadeau au choix, d’un très beau papier pur coton, comportant une illustration originale spécialement réalisée pour COUAC ! par Fabrice Erre ou Laurent Lolmede, ou pour les premiers lecteurs du Canard Enchainé par Lucien Laforge.

Cette pochette cadeau assure aussi une conservation optimale du journal : un papier au PH neutre limitant la dégradation des vieux journaux sur la durée.

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Canard laqué

Enchâssé entre deux feuilles d’acrylique (plexiglass extrudé*) il s’exposera aux regards sous son plus beau jour.

Les propriétés anti-UV de ce plexiglass de 2 mm lui assureront une conservation optimale limitant le jaunissement.

Le maintien entre les deux plaques, avec 8 petites pinces nickelées, supprime la vue des plis ainsi que leurs effets indésirables. Les marges autour du journal sont de 2 cm et sont ajustées au format de l’édition, qui a varié au fil des décennies.

*Transparence, légèreté, résistance aux chocs et aux UV

Cette présentation est déclinée en 2 options :

Plexi transparent (30€) servant de fond, plus discret mais élégant il permet aussi la vision de la dernière page du journal.
Plexi noir (35€) servant de fond, il met en valeur la teinte et le format du journal, s’harmonisant parfaitement avec les encres noires de la page.

Vilgrain, symbole d’une époque trouble

En ce début d’année 1922, l’affaire Vilgrain revient dans l’actualité judiciaire et satirique. Ancien sous-secrétaire d’État au Ravitaillement pendant la guerre, M. Vilgrain incarne aux yeux du public les zones d’ombre d’une administration soupçonnée de trafics, de favoritisme et de compromissions. Le ravitaillement, poste stratégique durant le conflit, avait été une véritable poudrière politique : accusé de laxisme ou de collusion avec les « accapareurs », tout responsable y risquait sa réputation.

Le Canard du 11 janvier s’en empare à sa manière, mêlant chronique judiciaire et caricature mordante. L’article, titré « L’innocence de M. Vilgrain est encore retardée », raconte comment l’ancien ministre, interrogé par le capitaine Tropet, se retrouve brusquement menacé d’incarcération. Ses avocats, MM. Forgeo et de Monzie, prennent la fuite en bondissant vers la porte — scène digne d’une comédie boulevardière.

Le prisonnier… de guerre

Conduit à la caserne Molitor, Vilgrain se déclare, non sans aplomb, « prisonnier de guerre ». Blessé une première fois au front, explique-t-il, il n’aurait donc plus à répondre que comme tel. Le Canard s’en amuse : l’homme, soupçonné d’avoir profité de ses fonctions, tente de se réinventer en victime héroïque. Mais le trait d’humour devient satire plus acérée encore lorsqu’on apprend que l’intéressé entend convoquer des officiers pour témoigner… qu’ils ne l’ont jamais vu un revolver à la main !

Autrement dit, son innocence devrait être prouvée non par la rectitude de sa gestion, mais par l’attestation que, même au front, Vilgrain n’avait pas été un combattant. Une manière détournée de dire que l’homme, censé nourrir la France en guerre, n’avait jamais risqué sa peau autrement que dans les couloirs ministériels.

Les profiteurs de guerre sur le banc des accusés

L’affaire Vilgrain s’inscrit dans un contexte plus large : celui des procès et commissions visant les « profiteurs de guerre ». Après 1918, l’opinion publique, marquée par les sacrifices du front, supporte mal les fortunes rapides bâties dans l’ombre des administrations et des marchés militaires. D’autres affaires éclatent à la même époque, où se croisent industriels, banquiers, militaires et responsables politiques.

Le Canard enchaîné, né en 1915 précisément pour dénoncer les mensonges et les profiteurs, trouve ici un terrain idéal. La rédaction n’a pas besoin d’inventer : il lui suffit de souligner le grotesque des procédures, l’embarras des juges, et la capacité des puissants à se tirer d’affaire par un mélange d’absurdités et de protections.

L’humour comme révélateur

Le comique de situation – les avocats fuyards, le client qui se proclame prisonnier de guerre, les juges qui s’emmêlent – met en lumière une réalité plus sombre : la justice a bien du mal à trancher entre responsabilités politiques et individuelles. L’article conclut que, même retardée, « l’innocence » de M. Vilgrain n’en sera que plus « complète »… Une formule ironique qui sous-entend que les puissants finissent toujours blanchis, quels que soient les soupçons.

Une leçon d’histoire

Un siècle plus tard, ce texte rappelle à quel point l’après-guerre fut marqué par une suspicion généralisée à l’égard des élites administratives et économiques. Les profiteurs de guerre – réels ou supposés – cristallisaient la colère populaire. Quant au Canard enchaîné, il exerçait déjà cette fonction critique : rappeler que derrière les grands mots d’« honneur » et de « sacrifice » pouvaient se cacher des affaires de gros sous, de farine et de culottes baissées.

« Des dépêches pour Le Matin »

Le quotidien Le Matin, réputé pour ses manchettes tapageuses, sert ici de cible privilégiée. Le Canard invente de fausses dépêches rédigées sur le ton du sensationnalisme outrancier. Chaque « nouvelle » fictive pousse à l’absurde les procédés journalistiques : exagération, urgence fabriquée, héroïsation du banal. En pastichant ce style, l’hebdomadaire souligne la parenté entre le bourrage de crâne de temps de guerre et les recettes commerciales de la presse d’après-guerre. Les larmes de jadis se sont muées en scoops de pacotille, mais la mécanique est la même : fabriquer de l’émotion à la chaîne. Le rire, ici, dégonfle le spectaculaire.