N° 292 du Canard Enchaîné – 1 Février 1922
N° 292 du Canard Enchaîné – 1 Février 1922
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La « grande amitié franco-mexicaine – M. Honnorat est reçu à Tampico, l’enthousiasme est aussi chaleureux que la saison le permet
Quand le ministre français Honnorat est reçu à Tampico, le Canard enchaîné s’en donne à cœur joie. Derrière les clichés exotiques et l’enthousiasme surjoué de la presse officielle, l’hebdomadaire brosse un tableau absurde des réceptions mexicaines : sombreros levés, coups de feu au plafond et discours traduits de travers. Entre satire coloniale et moquerie des cérémonies diplomatiques, le Canard rappelle que la « grande amitié franco-mexicaine » ressemble surtout à un théâtre burlesque où chacun joue son rôle sans conviction.
Sens unique, dessin par Arsène Brivot.
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L’article du Canard enchaîné du 1er février 1922, titré « M. Honnorat est reçu à Tampico », s’inscrit dans une veine qui lui est chère : tourner en dérision les cérémonies diplomatiques, toujours présentées par la presse sérieuse comme de grands moments d’unité et de fraternité internationale. Ici, le protagoniste est André Honnorat, ancien ministre de l’Instruction publique, envoyé en mission au Mexique pour renforcer les liens entre les deux pays.
Le récit, faussement « enthousiaste », multiplie les stéréotypes exotiques et les exagérations grotesques. À Tampico, nous dit-on, l’accueil se fait à coups de revolver tirés « au plafond, soit dans les vitres, soit même sur quelques convives particulièrement favorisés ». Le cortège officiel mêle indistinctement sombreros, couteaux, revolvers et acclamations improvisées. Les banquets, eux, deviennent prétexte à une série de quiproquos savoureux : on décrit Honnorat contraint de céder son chapeau pour déplier une serviette, puis rendant la politesse au gouverneur de Tampico dans un échange d’amabilités théâtrales.
Tout l’article est une parodie des dépêches d’envoyés spéciaux, saturées de superlatifs et de descriptions « pittoresques ». Le Canard en profite pour rappeler l’absurdité des voyages officiels : derrière le vernis diplomatique, il n’y a qu’une succession de cérémonies convenues, d’enthousiasmes fabriqués et de dialogues vides de sens. Honnorat lui-même, caricaturé en fonctionnaire un peu terne, apparaît déplacé dans cette farce tropicale.
Historiquement, ce voyage s’inscrit dans une période où la France, sortie exsangue de la Grande Guerre, cherche à entretenir ses relations internationales et à soigner son image outre-mer. Mais pour le Canard, ces démonstrations d’amitié bilatérale relèvent davantage de la pantomime que de la diplomatie sérieuse. Dans un monde encore secoué par les tensions de l’après-guerre, le journal souligne en creux le décalage entre ces fastes protocolaires et les difficultés bien réelles que connaissent les populations en France comme au Mexique.
Le dessin de J. Pruvost qui accompagne l’article appuie cette lecture : sombreros géants, musiciens déguisés, pancartes ridicules et réceptions grotesques composent un théâtre de foire où la diplomatie française s’englue dans le ridicule.
Ainsi, à travers la caricature d’une réception exotique, le Canard enchaîné ne raille pas seulement le folklore : il attaque la vacuité des grandes messes diplomatiques, révélant combien la « grande amitié franco-mexicaine » tient plus du décor de carnaval que d’un réel rapprochement politique.





