N° 294 du Canard Enchaîné – 15 Février 1922
N° 294 du Canard Enchaîné – 15 Février 1922
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Le premier grand jeu-concours lancé par le Canard enchaîné fut « le référendum sur le chef de la tribu des bourreurs de crânes », en 1916, brillamment remporté par Gustave Hervé, le Directeur de La Guerre sociale, rebaptisée La Victoire. Jeux, concours, fausses interviews, toujours humoristiques, se poursuivirent pendant des années. Mais, en ce début 1922, la mode dans les journaux est d’élire leur miss. Alors, quelques journalistes du Canard descendent dans la rue, accostent la première jolie jeune femme qui passe et en font la « Reine du Canard ».
Gloire éphémère car Mlle Angèle Cardan disparut comme elle était venue… SP
La journée de la reine, dessin de Jean Varé –
Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix
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15 février 1922, n°294 – « Une souveraine de plus »
Dans son édition du 15 février 1922, Le Canard enchaîné s’amuse avec la manie des concours de beauté et des élections locales de « reines » qui fleurissent un peu partout en France. Sous le titre « Une souveraine de plus », le journal dégonfle avec ironie ces cérémonies pompeuses où l’on sacre, entre deux fanfares, une jeune femme transformée en effigie éphémère.
Le texte joue sur le contraste entre la modestie des événements et la solennité des titres : chaque village, chaque corporation se dote de sa « reine », au point que la République elle-même semble crouler sous les couronnes improvisées. À travers ce déferlement, le Canard pointe la vanité des honneurs distribués à la chaîne, et par ricochet, ridiculise aussi les décorations et médailles officielles que l’État distribue avec le même excès.
L’humour est d’autant plus mordant qu’il repose sur l’accumulation : une reine du blé, une reine des blanchisseuses, une reine des apéritifs… Pourquoi pas une reine du Bouif, tant qu’on y est ? Ce rire de surenchère révèle une critique sociale profonde : la République, incapable d’empêcher la misère ou les inégalités, s’invente des fastes bon marché pour donner l’illusion d’unité.
En moquant cette inflation de souveraines, le Canard rappelle qu’il n’existe qu’un véritable peuple souverain : celui qui rit de ses propres parades.





