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N° 2948 du Canard Enchaîné – 27 Avril 1977

N° 2948 du Canard Enchaîné – 27 Avril 1977

19,00 

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De Wendel and family

En avril 1977, pendant qu’on pleure la sidérurgie lorraine et qu’on “oublie” les licenciements, Le Canard lève le capot: bénéfices bien vivants, société discrète planquée rue de Clichy, et “petits actionnaires” au Bottin mondain. Nicolas Brimo raconte une crise où l’État sert de perfusion… pendant que certains transforment la fonte en dividendes, et la tradition en optimisation. Un papier qui sent la poussière de charbon et le papier à en-tête, avec une question simple: qui paie, et qui encaisse?

Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix

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Canard au naturel
Canard en chemise

Chaque numéro ou journal anniversaire, peut être inséré dans une pochette cadeau au choix, d’un très beau papier pur coton, comportant une illustration originale spécialement réalisée pour COUAC ! par Fabrice Erre ou Laurent Lolmede, ou pour les premiers lecteurs du Canard Enchainé par Lucien Laforge.

Cette pochette cadeau assure aussi une conservation optimale du journal : un papier au PH neutre limitant la dégradation des vieux journaux sur la durée.

Décliné en 4 pochettes originales (5€)
Pochette offerte pour toutes éditions d’un prix supérieur à 59€
Visualiser les illustrations en cliquant sur le nom des auteurs

Canard laqué

Enchâssé entre deux feuilles d’acrylique (plexiglass extrudé*) il s’exposera aux regards sous son plus beau jour.

Les propriétés anti-UV de ce plexiglass de 2 mm lui assureront une conservation optimale limitant le jaunissement.

Le maintien entre les deux plaques, avec 8 petites pinces nickelées, supprime la vue des plis ainsi que leurs effets indésirables. Les marges autour du journal sont de 2 cm et sont ajustées au format de l’édition, qui a varié au fil des décennies.

*Transparence, légèreté, résistance aux chocs et aux UV

Cette présentation est déclinée en 2 options :

Plexi transparent (30€) servant de fond, plus discret mais élégant il permet aussi la vision de la dernière page du journal.
Plexi noir (35€) servant de fond, il met en valeur la teinte et le format du journal, s’harmonisant parfaitement avec les encres noires de la page.

Des bénéfices… pas piqués des fers

Quand la sidérurgie lorraine tousse, l’État lui tend le sirop. Quand la sidérurgie lorraine crache ses poumons, l’État lui apporte la bassine. Et pendant qu’on essuie les postillons, Le Canard (via Nicolas Brimo) soulève le drap du lit: dessous, il n’y a pas seulement des hauts fourneaux fatigués, il y a une mécanique très en forme, bien graissée, bien héritée, et surtout très reconnaissante… envers le contribuable. Reconnaissante au point de lui faire les poches avec délicatesse.

Le papier part d’un détail qui n’en est pas un: au débat parlementaire sur la crise de l’acier, personne ne semble avoir « le mauvais goût » de parler des bénéfices des maîtres de forges. Comme si l’on discutait d’un incendie en évitant soigneusement le mot “fumée”. Brimo, lui, entre par la porte de service et allume la lumière.

La sidérurgie en cure, les actionnaires au dessert

Le tableau est simple: d’un côté, les usines qui « mettent à pied » (au passage, 16 000 travailleurs cités comme déjà éjectés sans cérémonie); de l’autre, une galaxie d’actionnaires qui, elle, ne connaît pas le chômage technique. On nous raconte la crise, mais on oublie de dire qui garde la caisse enregistreuse, et qui a la clé du double fond.

Et Brimo insiste sur le tour de passe-passe central: la sidérurgie publique, la holding privée. D’un côté Sidelor/Sacilor et consorts (le côté visible, lourd, industriel, syndical, “sale” au sens noble: la sueur); de l’autre, la CLIF, société aussi discrète qu’un coffre-fort sans plaque sur la porte.

Pigalle, la finance et le rideau de velours

Le décor vaut satire à lui seul: la CLIF planquée « 10, rue de Clichy », à deux pas du Casino de Paris. Pas de plaque, pas d’enseigne: la respectabilité en mode clandestin, le capitalisme en trench-coat. Brimo suggère presque qu’on pourrait confondre l’adresse avec un numéro de revue… sauf qu’ici, ce sont les comptes qui font le strip-tease, et encore, seulement quand ça arrange.

Car l’idée, c’est ça: grâce au montage, on peut afficher « un déficit rondouillard » ou, au contraire, des bénéfices confortables. La crise devient une variable d’ajustement: quand il faut des aides, on est mourant; quand il faut distribuer, on est robuste. Une sidérurgie à humeurs, pilotée au thermomètre fiscal.

Une noblesse en portefeuille: la “tribu exquise”

Brimo s’amuse (noir, évidemment) de cette “tribu” d’actionnaires aux noms qui claquent comme des heurtoirs de château: comtes, duchesses, barons, marquis… et la liste fac-similé à l’appui, comme un Bottin mondain trempé dans la fonte. Le morceau est cruel: on parle de “petits actionnaires” avec une ironie de massue, puisque ces “petits” semblent porter monocle et particule, et que la solidarité familiale a l’air plus solide que l’acier qu’on laisse rouiller.

Les chiffres donnés sont, eux, très peu “petits”: plusieurs années de bénéfices partagés entre quelques centaines d’actionnaires, avec une moyenne par tête qui donne le vertige, sans oublier, glisse Brimo, les « notes de frais ». Là, la sidérurgie n’est plus un secteur: c’est une rente en uniforme de travail.

L’État en vache à lait, la famille en fromagerie fine

Le cœur du papier, c’est cette question qui pique: si la sidérurgie est subventionnée “depuis cinquante ans”, comment se fait-il que certains aient gardé l’appétit intact, et même une certaine élégance dans l’art de faire payer les autres? La réussite, ici, n’est pas de produire de l’acier: c’est de produire un récit. Celui où l’on est indispensable, donc secourable; en danger, donc secouru; patriote, donc perfusé.

Et Brimo termine en retournant le couteau avec un sourire: pourquoi ne pas lancer une « souscription nationale » pour la famille? Après tout, si la reconnaissance est un métier, autant l’industrialiser.

Ce que ça raconte, au-delà de 1977

On est au mitan des années 1970: fin des illusions industrielles faciles, chocs pétroliers, concurrence mondiale, surcapacités, chômage qui s’installe, et un pouvoir qui promet modernisation tout en gérant des dynasties. Le texte de Brimo capture ce moment où la colère sociale cherche un visage et tombe, non sur un ouvrier “trop cher”, mais sur une architecture de propriété “trop tranquille”.

Le plus mordant, au fond, n’est pas l’attaque contre une famille: c’est la démonstration d’un système où les pertes font peuple et où les profits font lignée. L’acier se refroidit; la rente, elle, reste à température.