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N° 2950 du Canard Enchaîné – 11 Mai 1977

N° 2950 du Canard Enchaîné – 11 Mai 1977

19,00 

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Pour son jubilé, la reine Elisabeth va manger du canular enchaîné

En mai 1977, Le Canard enchaîné s’invite au jubilé d’Élisabeth II avec un cadeau typiquement français: un canular servi bien chaud. Gabriel Macé raconte l’ascension du “bouribout”, plat introuvable devenu mythe gastronomique par la seule force du bluff, des mondanités et de la peur d’avouer qu’on ne sait pas. De Sens à Buckingham, la farce se fait diplomatie et épingle au passage l’orgueil national, l’“anti-France” et les postures républicaines. God save the coin coin!

Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix

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Canard au naturel
Canard en chemise

Chaque numéro ou journal anniversaire, peut être inséré dans une pochette cadeau au choix, d’un très beau papier pur coton, comportant une illustration originale spécialement réalisée pour COUAC ! par Fabrice Erre ou Laurent Lolmede, ou pour les premiers lecteurs du Canard Enchainé par Lucien Laforge.

Cette pochette cadeau assure aussi une conservation optimale du journal : un papier au PH neutre limitant la dégradation des vieux journaux sur la durée.

Décliné en 4 pochettes originales (5€)
Pochette offerte pour toutes éditions d’un prix supérieur à 59€
Visualiser les illustrations en cliquant sur le nom des auteurs

Canard laqué

Enchâssé entre deux feuilles d’acrylique (plexiglass extrudé*) il s’exposera aux regards sous son plus beau jour.

Les propriétés anti-UV de ce plexiglass de 2 mm lui assureront une conservation optimale limitant le jaunissement.

Le maintien entre les deux plaques, avec 8 petites pinces nickelées, supprime la vue des plis ainsi que leurs effets indésirables. Les marges autour du journal sont de 2 cm et sont ajustées au format de l’édition, qui a varié au fil des décennies.

*Transparence, légèreté, résistance aux chocs et aux UV

Cette présentation est déclinée en 2 options :

Plexi transparent (30€) servant de fond, plus discret mais élégant il permet aussi la vision de la dernière page du journal.
Plexi noir (35€) servant de fond, il met en valeur la teinte et le format du journal, s’harmonisant parfaitement avec les encres noires de la page.

Bouribout royal, canard républicain

Le 11 mai 1977, Gabriel Macé joue les maîtres-queux de l’actualité: l’Angleterre sort l’argenterie pour le jubilé d’Élisabeth II, et Le Canard, lui, sort… le canular. Le trait est d’emblée annoncé par le dessin de Lap : un palmipède mijote dans sa marmite comme une gloire nationale en court-bouillon, sous la bénédiction toute britannique du « God save the coin coin! ». Voilà l’Entente cordiale résumée: d’un côté la couronne, de l’autre la cocotte.

Un jubilé, ça se sert comment ?

Macé s’amuse d’un renversement délicieux: au lieu que la France se plie à l’étiquette, c’est la reine qui se plierait à une spécialité française, le “bouribout”, présenté comme « un canular du Canard ». Le menu prend des airs de cérémonie d’État, avec trois cent vingt invités, un chef français (Jean-Louis Lelaurain, “La Crémaillère”, à Avesnes-sur-Helpe), et surtout une bête rare qu’on ne trouve nulle part… sauf dans l’imagination bien entraînée d’une rédaction satirique.

Et c’est là que Macé vise juste: en 1977, l’époque est plombée (inflation, chômage qui s’installe, crispations politiques) et pourtant on continue d’adorer les grands rites, les grands titres, les grands banquets. Le jubilé devient le décor parfait pour rappeler une loi simple: plus c’est solennel, plus ça résonne creux quand on y glisse une farce. Une monarchie adore les symboles; un journal satirique adore les faire rôtir.

Le bouribout, animal imaginaire très diplomatique

Page 5, l’article prend son élan et raconte la “genèse” du bouribout comme on raconterait l’apparition d’une licorne dans un menu étoilé. Tout commence en 1958, avec Henri Monier et un complice, Kova, un coin de rue (des Bouribouts) à Sens, et cette question insistante, presque enfantine: « Mais… qu’est-ce que c’est, un bouribout ? » Personne ne sait, donc tout le monde fait semblant de savoir. Le canular se nourrit de ce carburant-là: l’orgueil social, la peur d’avoir l’air bête, le réflexe de hocher la tête comme un métronome mondain.

Macé déroule ensuite l’escalade: on annonce aux gastronomes qu’on a “reçu” du bouribout, on publie doctement sur « le bouribout, ce méconnu », on invente des recettes, on obtient même la réponse universelle des Halles (“pas ce matin, peut-être hier…”). Résultat: le bouribout devient une créature collective. Ce n’est plus un plat, c’est un test de vanité. Et à la fin, comme dans les bons tours de prestidigitation, la blague fabrique sa propre réalité: Lelaurain se mettrait aux fourneaux pour créer le fameux bouribout “authentique”, sous l’œil du “grand gourou” Monier.

Giscard en fond de sauce, et l’anti-France en garniture

L’intérêt, chez Macé, c’est que la pochade n’est jamais gratuite: elle sert aussi à épingler la chorale des indignations patriotiques. Il évoque ces “suppôts de l’anti-France” qu’on accuse de saboter l’image du pays à l’étranger. Or qui “représente” la France, au juste ? Les cuisiniers, les courtisans, les communicants, les donneurs de leçons ? Le bouribout devient une allégorie: un prestige national gonflé à l’air chaud, qu’on brandit dès qu’on se sent jugé par l’extérieur, et qu’on défend avec gravité… même quand il n’existe pas.

Macé en profite aussi pour gratter Giscard au passage, sans s’appesantir: petite moquerie sur les “caprices”, sur l’apparat, sur l’envie d’être sérieux en permanence. Le contraste est savoureux: la monarchie assume le décorum; la République fait semblant de n’en pas faire, tout en multipliant les postures. Et Le Canard, lui, se contente de poser une casserole sur la tête de tout le monde, et d’écouter le bruit que ça fait.

Au fond, une leçon de cuisine médiatique

Le bouribout, c’est la fabrication du vrai par le récit: une rumeur bien racontée, répétée par les bonnes bouches, finit par entrer au menu du réel. En 1977, la télévision gagne du terrain, la “communication” devient un sport, et le prestige se gère comme une marque. Macé rappelle, en rigolant, que la crédulité n’a pas besoin d’ordre: elle s’auto-organise. Donnez un nom bizarre, un air convaincu, deux-trois témoins “bien placés”, et vous obtenez un plat mythique, un peu comme on obtient une légende politique.

Et puis, franchement, quelle meilleure définition du canular que celle-ci: une arme non létale, mais d’une précision chirurgicale, qui pique là où ça fait mal… l’ego.