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N° 2976 du Canard Enchaîné – 9 Novembre 1977

N° 2976 du Canard Enchaîné – 9 Novembre 1977

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Les chasses du comte de Chamalières

Dans le Canard du 9 novembre 1977, Patrice Vautier transforme la passion cynégétique de Giscard en radiographie politique : “comte de Chamalières”, “viandard”, chasseur hors saison et parfois hors la loi. Derrière les trophées, une Cinquième qui ressemble à un domaine privé, où l’image présidentielle se protège à coups d’entourages, de silences… et de cartouches. Safari, parcs “visités”, écologistes surveillés : le fusil n’est pas qu’un loisir, c’est une manière de régner. Et la République, elle, finit souvent en gibier.

Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix

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Canard au naturel
Canard en chemise

Chaque numéro ou journal anniversaire, peut être inséré dans une pochette cadeau au choix, d’un très beau papier pur coton, comportant une illustration originale spécialement réalisée pour COUAC ! par Fabrice Erre ou Laurent Lolmede, ou pour les premiers lecteurs du Canard Enchainé par Lucien Laforge.

Cette pochette cadeau assure aussi une conservation optimale du journal : un papier au PH neutre limitant la dégradation des vieux journaux sur la durée.

Décliné en 4 pochettes originales (5€)
Pochette offerte pour toutes éditions d’un prix supérieur à 59€
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Canard laqué

Enchâssé entre deux feuilles d’acrylique (plexiglass extrudé*) il s’exposera aux regards sous son plus beau jour.

Les propriétés anti-UV de ce plexiglass de 2 mm lui assureront une conservation optimale limitant le jaunissement.

Le maintien entre les deux plaques, avec 8 petites pinces nickelées, supprime la vue des plis ainsi que leurs effets indésirables. Les marges autour du journal sont de 2 cm et sont ajustées au format de l’édition, qui a varié au fil des décennies.

*Transparence, légèreté, résistance aux chocs et aux UV

Cette présentation est déclinée en 2 options :

Plexi transparent (30€) servant de fond, plus discret mais élégant il permet aussi la vision de la dernière page du journal.
Plexi noir (35€) servant de fond, il met en valeur la teinte et le format du journal, s’harmonisant parfaitement avec les encres noires de la page.

Valéry “Viandard” d’Estaing, ou la République en battue

Un Canard qui gratte la croûte, ça finit toujours par tomber sur l’os. Ici, l’os s’appelle “passion”, il a des bois, et il traîne derrière lui une odeur de poudre froide et de salon de notables. Patrice Vautier s’appuie sur un bouquin (un “chasseur nommé Giscard”, croqué au scalpel et au calembour) pour ausculter une manie présidentielle qui dit beaucoup plus que “j’aime la nature” : elle dit “j’aime décider”, “j’aime viser”, “j’aime que ça détale”.

Le titre est un coup de fusil lexical : “Viandard”. Pas “veneur”, pas “amateur de grand air”. Viandard, c’est la gourmandise carnée, la mâchoire qui se croit raffinée parce qu’elle mâche en silence. Et, au-dessus, “les chasses du comte de Chamalières” : Giscard en noble d’opérette, la Cinquième en château, le suffrage universel en gibecière.

Un fétiche à plumes et à poils

Ce que Vautier renvoie au lecteur, c’est l’écart obscène entre l’image vendue et la pratique : d’un côté, le président moderne, “libéral”, qui serre des mains propres en parlant d’avenir; de l’autre, l’homme d’un autre âge qui s’agenouille devant un fétiche, trophée en pâté, et qui confond la campagne avec un décor. La chasse n’est plus un loisir : c’est une mise en scène de soi, une psychanalyse au plomb. On ne “se ressource” pas, on se prouve.

Le Canard, là, ne moralise pas à l’eau bénite. Il se contente d’un miroir grossissant : cette passion-là “se passe au niveau d’une certaine forme de sexualité” (merci les docteurs en sarcasme). En clair : le pouvoir se rêve viril, et la carabine sert d’argument quand la politique fatigue.

Hors saison, hors la loi

Deuxième salve, plus gênante : la chasse comme sport d’exception, donc d’exceptions. Vautier insiste sur ce parfum d’illégalité tranquille, l’art de tirer “même quand il ne faut pas”, l’aisance à traverser des zones protégées comme on traverse un buffet de préfecture : sans faire la queue. C’est moins “j’aime le gibier” que “les règles, c’est pour les promeneurs”.

Et c’est là que la satire mord vraiment: un chef de l’État qui incarne la loi, mais qui s’offre des parenthèses “hors la loi” dès qu’il a des bottes aux pieds. La République devient un terrain privé, la faune un accessoire, et la morale un panneau “propriété privée” planté à l’entrée du bois.

Safari, diplomatie et fumée de poudre

Le papier pointe aussi le safari politique : ces voyages où l’on “visite” des parcs, où l’on s’émeut du sort de la planète… en lorgnant le plus gros trophée. Le Canard adore ce double langage-là : l’écologie en boutonnière, le fusil dans la doublure. On prêche la modernité à Paris, on joue au grand seigneur ailleurs. Le costume change, la pulsion reste : dominer, posséder, exposer.

Et pendant que le pays se cogne à la crise, à l’austérité, aux “plans” qu’on appelle “courage” pour éviter de dire “addition”, le président, lui, semble retrouver sa souveraineté dans le bruit sec d’un tir. Comme si gouverner des humains, c’était compliqué, alors que gouverner un sanglier, c’est net : ça ne répond pas aux sondages.

Le fusil au bout du pouvoir

Le plus grinçant, c’est quand Vautier raconte (et moque) la mécanique de cour : l’Élysée s’agace, s’inquiète de “l’opinion”, et hop, on s’active. Dans l’encadré, le Canard laisse entendre ce qu’il adore dénoncer depuis toujours : les zélotes, les services, les “renseignements” qui s’occupent des gêneurs (ici, les écolos) pendant qu’on protège l’image du chasseur en chef. La chasse devient alors une métaphore involontaire : on traque aussi, mais en ville. Les bêtes n’ont pas toutes quatre pattes.

Au fond, Vautier vise une idée simple et très Canard : la Cinquième fabrique des réflexes monarchiques. Le président ne se contente pas d’être élu, il se comporte parfois comme s’il était “propriétaire” : propriétaire de son temps, de ses caprices, de ses exceptions. Et quand il descend de son mirador, il demande, l’air innocent : “L’ai-je bien descendu ?” Oui, Valéry. Mais c’est la République qui saigne.