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N° 2978 du Canard Enchaîné – 23 Novembre 1977

N° 2978 du Canard Enchaîné – 23 Novembre 1977

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Extradition clandestine

Novembre 1977: l’extradition de Klaus Croissant vers la RFA se joue à Matignon plus qu’au tribunal. La Mare aux Canards raconte une dépêche AFP annoncée… puis “annulée” après un coup de fil et des “ordres”, afin de cacher que tout (convoi, hélico, décision) était prêt avant la fin de l’audience. Entre intox, lave-mains “Ponce-Pilate(s)” et projet de “Bonn justice” plaçant l’avocat sous surveillance, le Canard dépeint un État qui confond procédure et prestidigitation. La lutte antiterroriste, prétexte à tout.

Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix

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Canard au naturel
Canard en chemise

Chaque numéro ou journal anniversaire, peut être inséré dans une pochette cadeau au choix, d’un très beau papier pur coton, comportant une illustration originale spécialement réalisée pour COUAC ! par Fabrice Erre ou Laurent Lolmede, ou pour les premiers lecteurs du Canard Enchainé par Lucien Laforge.

Cette pochette cadeau assure aussi une conservation optimale du journal : un papier au PH neutre limitant la dégradation des vieux journaux sur la durée.

Décliné en 4 pochettes originales (5€)
Pochette offerte pour toutes éditions d’un prix supérieur à 59€
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Canard laqué

Enchâssé entre deux feuilles d’acrylique (plexiglass extrudé*) il s’exposera aux regards sous son plus beau jour.

Les propriétés anti-UV de ce plexiglass de 2 mm lui assureront une conservation optimale limitant le jaunissement.

Le maintien entre les deux plaques, avec 8 petites pinces nickelées, supprime la vue des plis ainsi que leurs effets indésirables. Les marges autour du journal sont de 2 cm et sont ajustées au format de l’édition, qui a varié au fil des décennies.

*Transparence, légèreté, résistance aux chocs et aux UV

Cette présentation est déclinée en 2 options :

Plexi transparent (30€) servant de fond, plus discret mais élégant il permet aussi la vision de la dernière page du journal.
Plexi noir (35€) servant de fond, il met en valeur la teinte et le format du journal, s’harmonisant parfaitement avec les encres noires de la page.

Extradition clandestine
Quand l’État joue à cache-cache avec ses propres menottes

Fin 1977, l’Europe de l’Ouest vit au rythme des sigles: RAF, Brigades rouges, “anti-terrorisme”, et toute la quincaillerie législative qui va avec. En France, le giscardisme se veut moderne, propre sur lui, libéral en vitrine, ferme en coulisses. Dans ce décor, l’affaire Klaus Croissant est une scène parfaite: un avocat allemand, défenseur de la Fraction armée rouge, réfugié en France, et une extradition vers la RFA qui devient un petit opéra de procédure… joué au sifflet, dans les coulisses de Matignon.

L’article de la Mare aux Canards du 23 novembre 1977 raconte la chose avec une joie noire: non seulement l’extradition se prépare, mais on s’emploie à faire croire qu’elle n’est pas décidée. Un prestidigitateur sort un lapin, puis prétend qu’il hésite encore à acheter le chapeau.

Une dépêche “censurée”: la vérité enrubannée, puis remballée

Le point de départ est délicieux comme un faux communiqué: une dépêche AFP reçue de Hambourg annonce l’extradition imminente de Croissant vers la RFA. Elle commence à être diffusée… puis “subitement annulée”. Et là, le Canard désigne le geste et la main: un coup de fil, des “ordres”, Jean-Anne Chalet qui téléphone chez Barre, à l’Hôtel Matignon. Résultat: une information disparaît comme une pièce de monnaie avalée par un ministre.

Le motif, selon l’article, est limpide: il fallait cacher que la décision d’extrader était déjà manigançée entre Paris et Bonn, et que tout le dispositif (brigade, convoi, hélicoptère) était prêt avant même la fin de l’audience de la chambre d’accusation. Autrement dit: on joue la Justice, mais on a déjà accroché le décor, réglé les projecteurs et réservé les billets de retour.

Pour maintenir l’illusion, on laisse publier un communiqué du ministère de la Justice: “le gouvernement étudie actuellement la suite…”. Le Canard souligne le truc: si Reuters n’avait pas sorti, presque au même moment, la même info que l’AFP venait de remballer, la comédie aurait pu tenir. La vérité tient parfois à un concurrent britannique et à une ligne de télex qui n’obéit pas.

Intox, Ponce-Pilate(s) et autres lave-mains officiels

L’article déroule ensuite la gamme complète du dédouanement. “Non, il ne se passe rien”, répond-on à ceux qui interrogent. Un directeur de cabinet ici, un responsable des affaires criminelles là: on lisse, on temporise, on endort. La grande spécialité maison: gagner du temps pour rendre les recours inopérants. La procédure devient une course où l’État part la veille, mais prétend courir à égalité.

Et voici le passage le plus savoureux: la Mare suggère, via Yves Cannac, que l’idée de faire extrader Croissant “le soir même” pour couper l’herbe sous les pieds des avocats viendrait d’Alain Peyrefitte. Ponce Pilate, donc, mais en équipe: on se lave les mains à plusieurs robinets, et l’eau arrive déjà tiède, préchauffée par raison d’État.

À ce stade, la question n’est plus “extrader ou pas extrader”, mais “qui va signer la serviette qui enveloppe le couteau”.

Bonn justice: l’avocat sous cloche, la démocratie sous cellophane

Le petit encadré “Bonn justice” ajoute une couche qui pique: un projet de loi ouest-allemand visant à faire se dérouler les conversations entre détenus “convaincus de terrorisme” et leurs avocats sous l’œil du juge d’instruction. La Mare pose la question, en fausse ingénuité: pourquoi ne pas décréter que les avocats sont jugés en même temps que leurs clients?

Dans la logique de l’époque, c’est presque une mesure d’hygiène: on confond la défense et la complicité, le droit et le soupçon, le verbe et la bombe. L’avocat devient un couloir qu’il faut surveiller, une poignée de porte à sceller. Et Croissant, dans ce récit, sert de prétexte idéal: “voyez, même les défenseurs, ça circule”.

Giscardpettes: le “libéral” qui n’aime pas les surprises

Le Canard ne rate pas le plaisir de lier l’épisode à d’autres grimaces judiciaires: le président Blaser (chambre d’accusation) “blasé”, déjà connu pour l’affaire des micros du Canard, et le Conseil d’État qui grogne mais n’infléchit rien. La phrase rapportée, attribuée à Bernard Chenot, sonne comme un tampon: “Aucune intervention ne fera changer d’avis Giscard.” Traduction: circulez, il n’y a pas d’État de droit, il n’y a qu’un sens du courant.

Et derrière, une morale à la française: Giscard ne se moque pas du droit d’asile, dit le texte… il le trie. Des “bons réfugiés” indochinois, en grand nombre, et des “mauvais” qui sentent la poudre politique. Le droit d’asile devient un buffet: vous pouvez reprendre du “humanitaire”, mais pas toucher au plat “subversif”.

Ce que vise la Mare, au fond

Ce papier n’est pas seulement une charge contre une extradition. C’est un procès-verbal de méthode: quand l’État décide, il maquille; quand il maquille, il parle de procédure; quand on le prend la main dans la caisse, il invoque la gravité du moment. La lutte contre le terrorisme sert de passe-partout: elle ouvre les portes, ferme les bouches, et transforme la justice en simple horloge réglée sur les impératifs diplomatiques.

Au passage, la satire a cette cruauté précise: on ne demande pas au citoyen d’adhérer, on lui demande de ne pas voir. Et s’il a vu, on annule la dépêche.