N° 316 du Canard Enchaîné – 19 Juillet 1922
N° 316 du Canard Enchaîné – 19 Juillet 1922
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L’amnistie est l’art que pratiquent les gouvernements de pardonner à intervalles périodiques les injustices qu’ils ont commises.
La Fête Nationale a permis aux Apéritifs Français de prouver leur heureuse vitalité
Ce titre, à la une, associe gaiement deux traditions bien françaises : lever le verre et brandir le drapeau. Mais l’ironie est mordante : derrière l’unanimité patriotique du 14 juillet, le Canard pointe une société qui compense ses frustrations par des toasts et des fanfares. On célèbre la République comme on boit un apéritif : avec chaleur, mais aussi avec excès et routine. La satire transforme la fête en métaphore : le patriotisme de façade se consomme comme une boisson, qui enivre sur le moment mais ne nourrit pas.
Tout pour les boches, dessin de Arsène Brivot – Les mystères de la caverne à soupapes,Impudence,dessins de M.W.J.
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Un 14 juillet vu depuis le comptoir
Quand la République se boit en apéritif
Le 19 juillet 1922, Le Canard enchaîné revient sur les célébrations de la fête nationale avec un article au titre révélateur : « La Fête Nationale a permis aux Apéritifs Français de prouver leur heureuse vitalité ». En associant ces deux univers, l’hebdomadaire satirique condense sa critique : la République aime autant les grandes envolées que les petits verres, mais dans les deux cas, il s’agit surtout de se donner l’illusion de la convivialité.
L’article joue sur une analogie constante. Le 14 juillet, ses défilés et ses discours, sont présentés comme des rituels collectifs comparables à ceux du bistrot. On lève le drapeau comme on lève un verre, on acclame les officiels comme on trinque avec ses voisins. La fête nationale, censée incarner l’unité et la grandeur de la République, devient sous la plume du Canard une cérémonie de façade, aussi éphémère que l’ivresse d’un apéritif.
L’ironie réside dans le décalage entre la solennité supposée du 14 juillet et la légèreté du ton. Là où la presse traditionnelle exalte la ferveur patriotique, le Canard rappelle que ces manifestations n’empêchent pas la persistance des inégalités, des frustrations et des rancunes sociales. Boire à la santé de la République ne suffit pas à résoudre les problèmes du pays.
Le choix de l’apéritif comme métaphore n’est pas anodin. Dans la France des années 1920, le bistrot est un lieu central de sociabilité, et l’apéritif un rituel quotidien. En rapprochant la fête nationale de ce geste banal, le Canard rabaisse la pompe républicaine au rang d’habitude ordinaire. Mais le rire produit par ce rapprochement n’annule pas la critique : il souligne au contraire combien les célébrations patriotiques risquent de tourner à vide si elles se contentent de flatter les apparences.
Cet article illustre à merveille la fonction du journal : rappeler, par l’humour, que les grands symboles ne doivent pas masquer la réalité. En 1922, le patriotisme officiel se consomme comme un apéritif : il réchauffe, il rassemble l’espace d’un instant, mais il ne nourrit pas.





