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N° 318 du Canard Enchaîné – 2 Août 1922

N° 318 du Canard Enchaîné – 2 Août 1922

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2 août 1922 : quand Le Canard ironise sur l’anniversaire de la guerre

Huit ans après la mobilisation d’août 1914, la presse française multiplie les commémorations officielles. Discours présidentiels, hommages aux poilus et rappel des « fruits de la victoire » occupent les unes. Mais dans son édition du 2 août 1922, Le Canard enchaîné fait entendre une autre musique. Sous la plume de Jules Rivet, l’« Anniversaire » n’est pas célébré avec gravité mais avec un humour noir ravageur. Les mutilés, les profiteurs de guerre et même les cimetières deviennent les véritables acteurs d’une commémoration grinçante. Une façon, pour l’hebdomadaire satirique, de rappeler que la victoire avait aussi ses laissés-pour-compte.

Conférences, Pourquoi s’en faire ? dessins de M.W. Julhès

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L’anniversaire officiel : l’union sacrée mise en scène

Le 2 août 1922, la date a une charge symbolique. Huit ans plus tôt, jour pour jour, la mobilisation générale plongeait la France dans la guerre. La presse généraliste ne manque pas de marquer l’événement. Dans Le Temps, Le Petit Parisien ou Le Journal, les éditoriaux célèbrent « l’union sacrée », exaltent « le sacrifice suprême » des combattants et rappellent les victoires décisives qui ont conduit à l’armistice.

Le président Poincaré, en déplacement dans l’Est, prononce un discours solennel : l’Allemagne doit continuer à payer les réparations, « de gré ou de force », car la prospérité française repose sur l’exécution du traité de Versailles. Les journaux reprennent ce message, insistant sur la grandeur des sacrifices passés et sur la solidité retrouvée du pays.

Bref, tout respire l’ordre, la continuité, la prospérité – du moins en surface.


L’« Anniversaire » de Rivet : une commémoration grinçante

À rebours de cette mise en scène officielle, Le Canard enchaîné publie en une un texte signé Jules Rivet, simplement intitulé « Anniversaire ». Ici, pas de pathos, pas d’encens, mais une ironie mordante.

Rivet rappelle l’« enthousiasme du début », celui des marches héroïques et des « rouleaux compresseurs » promis par la propagande de 1914. Huit ans plus tard, cet enthousiasme a laissé place à une tout autre réalité. La « Victoire », fille de la guerre, a certes « fleuri de façon magnifique », mais ce sont surtout les profiteurs qui en ont cueilli les fruits : industriels des munitions, conserveurs enrichis, marchands de guerre devenus notables.

Les mutilés, eux, déambulent dans les rues, « fiers de leurs décorations », mais dépendants d’un État paternaliste qui les pensionne chichement. Quant aux cimetières, Rivet les décrit comme des lieux où « l’on rit », grinçant, face à la comédie des discours officiels.

Par ce renversement ironique, le Canard démonte la rhétorique patriotique. Loin d’une prospérité partagée, la France de 1922 reste marquée par les inégalités, la misère des anciens combattants et l’omniprésence des profiteurs de guerre.


La satire du discours de Poincaré

Un des ressorts comiques du texte réside dans l’écho entre le discours officiel de Poincaré et la caricature qu’en propose Rivet. Là où le président proclame : « L’Allemagne réparera, de gré ou de force », le Canard entend surtout une répétition mécanique, un mantra de chef d’État incapable de répondre aux véritables problèmes sociaux.

La satire fonctionne par accumulation : Rivet égrène les « constats rassurants » de la presse officielle – abondance, prospérité, ordre – pour mieux les démonter. À chaque formule solennelle correspond un contrepoint ironique, ancré dans la réalité quotidienne des mutilés ou dans la richesse indécente des profiteurs.


Une autre mémoire de la guerre

Cet article de Rivet illustre parfaitement la fonction critique du Canard enchaîné dans l’immédiat après-guerre. Alors que l’État et la grande presse construisent une mémoire héroïque et consensuelle du conflit, l’hebdomadaire satirique rappelle ce que cette mémoire occulte :

  • le poids toujours visible des mutilés dans l’espace public ;

  • l’existence d’une classe de profiteurs qui a bâti sa fortune sur les cadavres ;

  • la lassitude d’une population à qui l’on promet sans cesse de nouvelles « victoires » économiques ou diplomatiques.

En ce sens, l’« Anniversaire » n’est pas qu’un article ironique : c’est un contre-discours sur la mémoire de 14-18.


Conclusion : commémorer en ricanant

En ce 2 août 1922, le contraste est saisissant. Tandis que la presse généraliste et Poincaré orchestrent une commémoration solennelle de la mobilisation, Le Canard enchaîné choisit l’arme du rire. L’« Anniversaire » de Rivet se lit comme une leçon d’histoire grinçante : huit ans après, la guerre n’a pas apporté la prospérité égalitaire promise, mais a creusé de nouvelles fractures sociales.

C’est là toute la force du Canard : rappeler, en une époque saturée de discours patriotiques, que la mémoire de la guerre ne pouvait pas se réduire à des cérémonies et à des slogans. Derrière les fleurs et les drapeaux, il y avait aussi les profiteurs, les mutilés et les morts.