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N° 330 du Canard Enchaîné – 25 Octobre 1922

N° 330 du Canard Enchaîné – 25 Octobre 1922

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25 octobre 1922 : Le Trocquer, ministre du rail et des cataclysmes

Les chemins de fer d’Alsace sont désormais bien à nous » et « Un nouveau succès à Saint-Denis 

À peine revenu d’une inauguration funeste en Alsace, Yves Le Trocquer, ministre des Travaux publics, enchaîne les catastrophes ferroviaires avec un sang-froid tout administratif. Le Canard enchaîné transforme ses accidents en satire nationale : la République roule à tombeau ouvert, entre « prise de possession patriotique » et enterrements officiels. L’ironie est noire, l’hommage grinçant — et la “troisième classe” en prend encore pour son grade.

Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix

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Canard au naturel
Canard en chemise

Chaque numéro ou journal anniversaire, peut être inséré dans une pochette cadeau au choix, d’un très beau papier pur coton, comportant une illustration originale spécialement réalisée pour COUAC ! par Fabrice Erre ou Laurent Lolmede, ou pour les premiers lecteurs du Canard Enchainé par Lucien Laforge.

Cette pochette cadeau assure aussi une conservation optimale du journal : un papier au PH neutre limitant la dégradation des vieux journaux sur la durée.

Décliné en 4 pochettes originales (Gratuite)
Pochette offerte pour toutes éditions d’un prix supérieur à 59€
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Canard laqué

Enchâssé entre deux feuilles d’acrylique (plexiglass extrudé*) il s’exposera aux regards sous son plus beau jour.

Les propriétés anti-UV de ce plexiglass de 2 mm lui assureront une conservation optimale limitant le jaunissement.

Le maintien entre les deux plaques, avec 8 petites pinces nickelées, supprime la vue des plis ainsi que leurs effets indésirables. Les marges autour du journal sont de 2 cm et sont ajustées au format de l’édition, qui a varié au fil des décennies.

*Transparence, légèreté, résistance aux chocs et aux UV

Cette présentation est déclinée en 2 options :

Plexi transparent (30€) servant de fond, plus discret mais élégant il permet aussi la vision de la dernière page du journal.
Plexi noir (35€) servant de fond, il met en valeur la teinte et le format du journal, s’harmonisant parfaitement avec les encres noires de la page.

En une du 25 octobre 1922, Le Canard enchaîné déploie son sens le plus cruel du contrepoint entre l’actualité officielle et la réalité tragique. Sous le double titre — « Les chemins de fer d’Alsace sont désormais bien à nous » et « Un nouveau succès à Saint-Denis » — la plume collective du journal livre une charge d’un humour aussi acéré que glaçant contre Yves Le Trocquer, ministre des Travaux publics et des Catastrophes, comme on le surnommait déjà.

Tout part d’un drame : à Rouffach, en Alsace, un express Strasbourg-Bordeaux a percuté un train de marchandises, faisant quatorze morts. Dans la presse sérieuse, l’accident est traité comme une fatalité. Le Canard, lui, en fait une cérémonie de “prise de possession” du réseau ferroviaire alsacien, récemment réintégré à la France. « Grâce au patriotisme de M. Le Trocquer, c’est chose faite aujourd’hui », ironise le journal. Derrière la parodie administrative, c’est toute la rhétorique triomphante de la IIIe République qui est disséquée : celle d’un pouvoir qui, de commémorations en inaugurations, transforme tout désastre en preuve de vitalité nationale.

Le ton est faussement solennel, jusqu’à l’absurde : on félicite le ministre pour sa « merveille de grâce » prononcée aux obsèques des victimes, et l’on cite M. Chéron (autre cible favorite du Canard) affirmant qu’« avec Poincaré, il n’avait jamais tant ri dans un cimetière ». On rit jaune, bien sûr — mais le rire est d’autant plus efficace qu’il mime les codes du communiqué officiel. Cette ironie en trompe-l’œil est la signature du Canard des années 1920 : une langue d’administration retournée contre elle-même, vidée de sa gravité pour mieux révéler son cynisme.

La deuxième brève, « Un nouveau succès à Saint-Denis », poursuit la même logique. À peine sorti d’Alsace, Le Trocquer préside à Saint-Denis un « match ferroviaire » où deux trains se percutent à nouveau. Deux morts, quarante blessés — mais « c’est les risques du métier de voyageur », commente le journal. À travers cette répétition du désastre, le Canard dénonce l’enchaînement mécanique des accidents, mais aussi l’indifférence institutionnelle qui les accompagne : la fatalité devient habitude, et le ministre, héros malgré lui, continue son tour de France ferroviaire sous les applaudissements du Parlement.

Pour replacer cette satire dans son contexte, il faut rappeler la situation du rail en 1922 : le réseau national, épuisé par la guerre, souffre d’un matériel vétuste et d’un encadrement saturé de bureaucratie. Le Trocquer, polytechnicien efficace mais autoritaire, mène des réformes techniques saluées par la presse modérée — exactement ce que le Canard abhorre : l’incarnation d’une France technocratique, convaincue que le progrès se mesure en kilomètres de rails et en rubans coupés, même sur des cercueils.

Derrière le rire, il y a donc une véritable leçon de satire politique. En intitulant sa chronique « Une date historique », puis « Un succès », le Canard applique à la mort le vocabulaire du progrès. Il invente ce ton si particulier, à la fois absurde et moral, qui fera son succès durable : une ironie d’État, où chaque discours officiel devient une farce, chaque drame une cérémonie.

Un siècle plus tard, la mécanique du texte reste d’une modernité saisissante : en quelques lignes, la rédaction du Canard résume la fracture entre la communication politique et la réalité vécue. Et l’on entend encore, sous le vernis tricolore, le sifflet du journal qui raille : « Circulez, il n’y a que quatorze victimes. »