N° 35 du Canard Enchaîné – 28 Février 1917
N° 35 du Canard Enchaîné – 28 Février 1917
89,00 €
En stock
Fabrication des Académiciens en Série
Fameux article, annoncé avec tambours et trompettes dès le numéro précédent du Canard, le 28 février 1917, Le Canard enchaîné met en avant un texte de Tristan Bernard, maître de l’ironie, intitulé « Fabrication des Académiciens en Série ». Prenant prétexte des nombreux fauteuils laissés vacants par la guerre à l’Académie française, il imagine une production « industrielle » d’immortels, selon les méthodes de la fabrication en série. Avec son humour caustique, Bernard décrit le parfait académicien-type : effacé, conformiste, ennemi des utopies, prompt à dénoncer le progrès social et à se réfugier dans l’éternelle prudence. Une charge jubilatoire contre l’institution, réduite à une fabrique de pensée stérilisée.
ORAISON FUNÈBRE, dessin de H-P Gassier
Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix
En stock
L’article de Tristan Bernard, paru en une du Canard enchaîné du 28 février 1917, illustre à merveille la capacité du journal à tourner en dérision les institutions les plus prestigieuses. Sous le titre « Fabrication des Académiciens en série », l’écrivain raille la vénérable Académie française, touchée par la guerre qui a déjà emporté plus d’un quart de ses membres.
Plutôt que de s’apitoyer, Bernard imagine d’appliquer aux fauteuils vacants les méthodes de l’industrialisme moderne : produire des académiciens « en série ». À la clé, un cahier des charges pour l’« académicien-type », défini non par son génie littéraire mais par son humilité excessive, son conformisme prudent et sa capacité à dire « non » à toutes les audaces intellectuelles.
L’humour repose sur une caricature grinçante : l’immortel idéal se doit d’être transparent au point de signer « Un académicien » sans même apposer son nom ; il doit dénoncer les novateurs et traiter les pacifistes de rêveurs ; il doit laisser au « Destin » le soin de perpétuer la guerre, en rejetant toute « utopie de civilisation ». Bernard pousse l’ironie jusqu’à transformer l’Académie en une usine à pensée simplifiée et stérilisée, où la prudence et la stase passent pour des vertus cardinales.
Au-delà du trait d’esprit, le texte s’inscrit dans une critique plus large de la vie intellectuelle en temps de guerre. Alors que la France saigne dans les tranchées, une partie du monde des lettres continue de cultiver ses honneurs, éloignée des réalités. Bernard, lui, utilise le Canard pour rappeler que la littérature, corsetée par l’Académie, court le risque de devenir une institution morte, répétitive, incapable de penser l’avenir.
C’est un exemple éclatant du rôle du Canard : dégonfler les baudruches, qu’elles soient militaires, politiques ou littéraires.