N° 41 du Canard Enchaîné – 11 Avril 1917
N° 41 du Canard Enchaîné – 11 Avril 1917
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Quelques merveilleuses inventions – L’illustre savant Ralph Blackcat réserve une petite surprise aux soldats du Kaiser
Un savant américain à l’imagination débridée, des tanks qui bondissent comme des puces, des obus-phonographes qui ordonnent aux soldats de se rendre : sous la plume de Pierre Meudon, l’invention militaire vire à la farce scientifique. Derrière le nom improbable de Ralph Blackcat, c’est l’absurdité des promesses technologiques qu’épingle le Canard. Une page drolatique qui joue sur la frontière ténue entre canular pseudo-scientifique et critique de la propagande guerrière.
Ces bons suisses, dessin de Depaquit
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Avec son article du 11 avril 1917, Pierre Meudon s’inscrit dans une veine satirique que le Canard enchaîné affectionne tout particulièrement : la pseudo-science appliquée à la guerre. Sous prétexte d’interviewer un savant américain, « l’illustre Ralph Blackcat », il déroule une série d’inventions loufoques qui paraissent sorties d’un feuilleton de Jules Verne croisé avec un catalogue d’armes miracles.
On y découvre d’abord l’« obus-phonographe », projectile qui, en explosant, diffuse des phrases de reddition : « Rendez-vous, Michel, t’auras de la saucisse ! » On imagine la panique des soldats allemands croyant entendre la voix du ciel leur enjoignant de déposer les armes. Plus délirant encore, Meudon prête à son savant l’idée d’un « tank-sauteur », inspiré de l’agilité des puces : l’engin bondit de cent mètres en cent mètres, échappant aux canons ennemis et terrorisant les lignes boches. Trois ou quatre de ces « puces mécaniques » suffiraient, nous dit-on, à semer l’effroi jusqu’à Berlin et contraindre le Kaiser à signer la paix.
L’humour de l’article réside dans le mélange constant entre un vocabulaire pseudo-technique, un sérieux de façade et une fantaisie débridée. Le texte s’inscrit dans la tradition du Canard de tourner en dérision la foi dans le progrès scientifique appliqué au carnage, foi que partageaient les militaires et les chroniqueurs patriotiques de l’époque. Ici, l’absurde remplace la rhétorique martiale et démasque, en creux, la crédulité qu’on exigeait du public.
Quant à la signature « Pierre Meudon », elle reste sujette à discussion, mais ici encore, l'auteur signe une pièce typique : une parodie d’actualité qui illustre comment, en pleine guerre, le Canard préférait rire des inventions impossibles plutôt que de relayer la propagande des miracles techniques annoncés par l’état-major.





