Expédition de votre Canard enchainé

EXPEDITION SOUS 24H

Envoi soigné de votre Canard enchainé

ENVOI SOIGNÉ

Paiement sécurisé pour l'achat de votre Canard enchainé

PAIEMENTS SÉCURISÉS

Livraison offerte de votre Canard enchainé à partir de 15€ de commande

LIVRAISON OFFERTE À PARTIR DE 15€

Paiement sécurisé pour l'achat de votre Canard enchainé

PAIEMENTS SÉCURISÉS

N° 439 du Canard Enchaîné – 26 Novembre 1924

N° 439 du Canard Enchaîné – 26 Novembre 1924

79,00 

En stock

Les grandes réformes économiques : la militarisation de l’agriculture, par René Buzelin 

Propos sur l’amnistie, par Jules Rivet– Émouvante manifestation à la Santé : Une foule émue assiste à la sortie de prison de Mr Charles Maurras – La République est acclamée – Le canard enchaîné organise un concours des bonnets – Conflit anglo-égyptien : Les troupes britanniques occupent la rue du Caire, une protestation de M Herriot – Pour désencombrer Paris – La montre et la chaîne, par G. de La Fouchardière – La victoire espagnole – L’hygiène dans le métro – La mare aux canards : Ce qu’on dit, ce qu’on tait, ce qu’on répète, ce qu’on voit, ce qu’on cache… Contes du canard : Poursuivi par les femmes, par Whip – Le préfet de police contre la vie chère : Nouvelles décisions de monsieur Morain – Chronique financière : Frappons des Louis à prix modéré – La vie militaire : Pour l’arrivée des jeunes recrues – Pour une littérature saine : Le scandale des livres obscènes, par Victor Snell

Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix

En stock

Canard au naturel
Canard en chemise

Chaque numéro ou journal anniversaire, peut être inséré dans une pochette cadeau au choix, d’un très beau papier pur coton, comportant une illustration originale spécialement réalisée pour COUAC ! par Fabrice Erre ou Laurent Lolmede, ou pour les premiers lecteurs du Canard Enchainé par Lucien Laforge.

Cette pochette cadeau assure aussi une conservation optimale du journal : un papier au PH neutre limitant la dégradation des vieux journaux sur la durée.

Décliné en 4 pochettes originales (Gratuite)
Pochette offerte pour toutes éditions d’un prix supérieur à 59€
Visualiser les illustrations en cliquant sur le nom des auteurs

Canard laqué

Enchâssé entre deux feuilles d’acrylique (plexiglass extrudé*) il s’exposera aux regards sous son plus beau jour.

Les propriétés anti-UV de ce plexiglass de 2 mm lui assureront une conservation optimale limitant le jaunissement.

Le maintien entre les deux plaques, avec 8 petites pinces nickelées, supprime la vue des plis ainsi que leurs effets indésirables. Les marges autour du journal sont de 2 cm et sont ajustées au format de l’édition, qui a varié au fil des décennies.

*Transparence, légèreté, résistance aux chocs et aux UV

Cette présentation est déclinée en 2 options :

Plexi transparent (30€) servant de fond, plus discret mais élégant il permet aussi la vision de la dernière page du journal.
Plexi noir (35€) servant de fond, il met en valeur la teinte et le format du journal, s’harmonisant parfaitement avec les encres noires de la page.

Sous le titre apparemment sérieux de « La militarisation de l’agriculture », René Buzelin signe, dans l’édition du Canard enchaîné du 26 novembre 1924, une de ces chroniques où la satire politique se déguise en fausse réforme administrative. L’article part d’un fait réel — une circulaire ministérielle autorisant les militaires à suivre des cours d’agriculture — pour le transformer en farce d’État, révélant à la fois l’absurdité du bureaucratisme français et le ridicule d’un pays encore obsédé par la guerre dix ans après l’armistice.

Le ton se veut d’abord approbateur : « Nous ne pouvons qu’approuver d’un mouvement de tête nettement affirmatif cette sage décision ». Mais très vite, le style bascule dans l’ironie. Buzelin, feignant la logique ministérielle, propose d’aller plus loin : puisque les soldats apprennent désormais à labourer, pourquoi ne pas organiser la production agricole sur un modèle militaire ? L’idée, poussée jusqu’à l’absurde, devient un prétexte pour railler la manie gouvernementale d’administrer tout par décret et d’enrober le moindre progrès d’un vocabulaire martial.

L’auteur imagine alors un véritable plan d’opérations. Les champs deviennent des terrains de manœuvre, les charrues des canons à socs, et les cultivateurs des sous-officiers. On n’« entre en campagne » qu’au sens propre : « Une entrée en campagne, aux accents d’une Marseillaise arrangée pour la circonstance… » et d’un pied ferme « entrons dans les sillons ! ». Tout est dit. L’agriculture française, discipline héroïque mais archaïque, se voit ici transformée en bataillon discipliné, où la récolte se commande à coups de clairon et où les carottes attendent « l’ordre d’un sergent ou d’un adjudant » pour sortir de terre.

Cette satire n’est pas qu’un exercice de style : elle traduit le climat d’une époque encore hantée par la Grande Guerre. En 1924, la France demeure une société profondément militarisée. L’armée est partout : dans l’école, dans la rue, et même dans les symboles du travail. Le retour à la terre, prôné par la propagande d’après-guerre, s’accompagne d’un imaginaire nationaliste où le paysan devient soldat du sol, laboureur de la patrie. Buzelin s’amuse de cette rhétorique officielle, de ces « campagnes agricoles » qui ne prennent fin, écrit-il, « que lorsque les moissons seront entièrement terminées ».

À travers cette fausse réforme, il moque aussi la bureaucratie tatillonne qui, au nom de la modernisation, multiplie règlements et circulaires. Les « sous-officiers chargés de veiller au bon alignement des sillons » ne sont que le miroir grotesque des inspecteurs, ingénieurs et fonctionnaires qui, dans la France des années 1920, prétendent rationaliser jusqu’au geste du paysan. On reconnaît ici le trait de Buzelin : derrière l’humour rural, une critique lucide du centralisme étouffant.

Mais l’article va plus loin encore : il dénonce en filigrane l’absurdité d’un pays qui, faute d’avoir su convertir son énergie guerrière en progrès civil, transpose sa discipline de caserne dans les champs. Dix ans après Verdun, les ministères peinent à imaginer un autre modèle que celui du commandement. Buzelin conclut d’ailleurs sur un ton faussement optimiste : si la méthode échoue, « elle procurera tout au moins aux soldats l’occasion de récolter de nombreux jours de boîte » — autrement dit, de punition. Le jeu de mots final sur l’adjudant Flick, clin d’œil à la figure du petit chef, referme la boucle : l’armée, même à la ferme, reste d’abord une machine à obéir.

Cette militarisation de l’agriculture, satire au premier degré, fait ainsi écho à tout un imaginaire d’entre-deux-guerres, où le Canard enchaîné s’emploie chaque semaine à dégonfler le ballon d’essai des réformateurs. Dans la France du Cartel des gauches, les circulaires se multiplient, mais les récoltes stagnent. Buzelin, lui, laboure autrement : avec des mots bien affûtés, il fait jaillir un rire durable, plus fécond que tous les décrets ministériels.