N° 457 du Canard Enchaîné – 1 Avril 1925
N° 457 du Canard Enchaîné – 1 Avril 1925
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La mare aux canards
Dans La mare aux canards du 1er avril 1925, le Canard enchaîné s’en donne à cœur joie : entre un Herriot débordé, un Painlevé prudent et des académiciens en querelle de dictionnaire, tout ce petit monde politique barbote dans la médiocrité satisfaite. Sous la plume collective de la rédaction, la chronique hebdomadaire observe les manies des puissants comme on regarde des canards à l’étang : avec ironie et détachement. Au printemps 1925, alors que le Cartel des gauches s’enlise, le rire du Canard reste une arme de salubrité publique — un miroir où se reflète la comédie du pouvoir.
Chaque chose à sa place, dessin de W. N. Grove.
déchirures, légers manques restaurés.
Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix
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Le 1er avril 1925, Le Canard enchaîné livre une de ses plus savoureuses Mares aux canards, cette page 3 devenue le cœur battant du journal. Tout y passe, dans un enchaînement de brèves et de croquis d’esprit : les hésitations du gouvernement Herriot, les prudences de Painlevé, les cabotinages parlementaires, les travers de la haute administration. Rien n’échappe à la vigilance ironique des palmipèdes. Le ton est faussement léger, mais derrière la facétie perce un diagnostic lucide : la République du Cartel s’essouffle déjà, minée par l’immobilisme et les querelles de personnes.
La Mare s’ouvre sur le mot du jour : Herriot chez Mayol. On y imagine le président du Conseil en villégiature dans le Var, invité du chanteur Félix Mayol, symbole du divertissement populaire. La scène, cocasse et familière, dit tout de la situation politique : un chef de gouvernement davantage à l’aise dans la convivialité que dans l’action. Quelques lignes plus bas, la plume raille le pacifisme doctrinaire de Painlevé, qui « n’a pas su fermer » l’affaire de la dette marocaine, ou encore la manie de nommer des commissions au lieu de décider. En quelques mots, la Mare résume ce que Maréchal reprochait déjà à Herriot : « trop de demi-mesures ».
Le charme de cette chronique tient à sa structure : une mosaïque d’anecdotes, de bons mots et de petites scènes du jour. On y croise les insatiables décorés, les dilettanti de la politique, les vieux messieurs de la Banque, les humoristes qui s’exposent — tous observés avec la même tendresse moqueuse.
En mars 1925, le Cartel des gauches, au pouvoir depuis moins d’un an, montre déjà des signes de fatigue. L’alliance des radicaux et des socialistes, censée rompre avec la droite cléricale du Bloc national, s’enlise dans la gestion prudente. Les scandales financiers éclatent, les réformes sociales se font attendre, et la dévaluation du franc s’annonce. Le Canard enchaîné joue alors un rôle d’aiguillon : derrière son humour, il conserve la rigueur d’un contre-pouvoir. Chaque brève, chaque mot d’esprit vise à rappeler la distance entre les promesses républicaines et la réalité parlementaire.
La Mare aux canards de cette semaine-là a aussi une saveur particulière : elle paraît un 1er avril, et le journal s’amuse de cette coïncidence. Le ton semble encore plus badin que d’ordinaire, mais c’est pour mieux souligner l’absurdité d’une actualité qui, à elle seule, ressemble à une farce. En jouant sur cette date symbolique, Le Canard revendique son rôle : celui du trublion qui révèle la vérité par le rire.
Entre satire sociale et comédie politique, cette Mare aux canards de 1925 illustre la pleine maturité du journal. Le style s’est affiné, les rubriques s’enchaînent avec la précision d’un numéro de cabaret : on rit, mais on apprend. Et derrière chaque éclaboussure d’humour, une certitude : dans la mare de la République, les palmipèdes du Canard sont les seuls à savoir nager sans se salir.





