N° 49 du Canard Enchaîné – 6 Juin 1917
N° 49 du Canard Enchaîné – 6 Juin 1917
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Surtout, pas de Bastringue !
En juin 1917, au cœur d’un Paris saturé de privations, Le Canard enchaîné oppose deux mondes du spectacle : celui, protégé et fréquenté, des théâtres, cinémas et music-halls, et celui, méprisé, des forains et bastringues populaires. Jacques Cézembre dénonce avec une ironie cruelle l’injustice qui frappe les petits forains, exclus du droit de divertir alors que d’autres s’enrichissent sous couvert de « culture ». Une chronique grinçante sur la hiérarchie des plaisirs en temps de guerre.
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L’article « Surtout, pas de Bastringue ! », signé Jacques Cézembre et publié à la une du Canard enchaîné du 6 juin 1917, illustre à merveille la verve satirique du journal face aux contradictions sociales de la guerre.
Le sujet pourrait paraître secondaire : les forains parisiens réclament le droit de rouvrir leurs attractions, après des mois de restrictions. Mais le traitement qu’en fait Cezembre en fait une chronique politique au second degré. Alors que les théâtres, music-halls, cinémas et même les établissements de luxe connaissent une véritable renaissance, les manèges, baraques de fête et attractions populaires sont refusés par les autorités. Le contraste est violent : on applaudit Debussy, Satie ou les parades de Jean Cocteau aux Folies-Bergère, mais on rejette les forains comme indignes, indésirables, presque suspects.
Cezembre oppose ainsi deux cultures : celle de l’élite, protégée et sanctuarisée même en pleine guerre, et celle du peuple, marginalisée au nom du « bon goût » et d’une prétendue dignité nationale. Le journaliste se moque de la fatuité des pouvoirs publics qui justifient l’injustice par des arguments de prestige, comme si le droit d’exercer dépendait d’un rapport esthétique entre Debussy et les chevaux de bois.
La chute de l’article, incisive, rappelle que ces forains avaient, avant guerre, contribué aux caisses publiques (notamment à la Caisse des Écoles de Paris), mais qu’on les sacrifie aujourd’hui sans scrupules. L’ironie de la formule finale – « Un bastringue en plein vent quand ils sont encore à Lyon, non mais, voyez-vous ça ! » – souligne le ridicule de cette discrimination.
À travers une cause apparemment anodine, Le Canard dévoile l’arrogance d’un pouvoir qui tolère le luxe mais méprise les distractions populaires. Derrière l’humour, l’article met en lumière une fracture sociale bien réelle : celle entre un peuple mobilisé au front et privé de loisirs, et une élite qui continue à s’amuser sous les ors de la capitale.
TOUS UNIS ET LA MAIN DANS LA MAIN, dessin de H-P Gassier





