N° 555 du Canard Enchaîné – 16 Février 1927
N° 555 du Canard Enchaîné – 16 Février 1927
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La paix règne sur le monde grâce aux efforts de la Société des Nations
En février 1927, Le Canard enchaîné salue ironiquement l’action de la Société des Nations : grâce à elle, la paix régnerait « sur le monde ». Une formule qui, prise au premier degré, pourrait relever de la diplomatie officielle. Mais sous la plume du Canard, elle résonne comme un constat grinçant : alors que les tensions et conflits s’allument en Chine, en Syrie ou ailleurs, l’organisation internationale s’autocongratule de sa mission accomplie. La satire pointe le décalage abyssal entre discours et réalité : une paix de papier, incapable de prévenir la prochaine guerre.
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La paix règne sur le monde grâce aux efforts de la Société des Nations
Quand la paix mondiale se limite à un communiqué
Le numéro du 16 février 1927 illustre parfaitement la manière dont Le Canard enchaîné traitait la question de la paix internationale. Le titre, « La paix règne sur le monde grâce aux efforts de la Société des Nations », condense à lui seul l’ironie de l’hebdomadaire. En reprenant le ton grandiloquent des communiqués officiels, il inverse leur sens : plutôt que d’affirmer une victoire diplomatique, le Canard dénonce une vacuité.
Dans les années 1920, la SDN incarnait pour beaucoup l’héritage de Wilson et du traité de Versailles, censé inaugurer une ère de coopération. Mais, comme le montre Douglas, le journal s’emploie régulièrement à souligner son impuissance. Ici, il suffit d’un titre pour dévoiler le contraste : d’un côté, une institution se félicitant de son rôle de gendarme de la paix mondiale ; de l’autre, une actualité saturée de troubles. En Chine, la guerre civile déchire le pays ; en Syrie, la révolte contre le mandat français tourne à l’insurrection. Partout, les tensions coloniales et nationales démentent le tableau idyllique.
La force du Canard est de faire apparaître cette contradiction sans même développer d’argumentaire. Le titre agit comme un miroir déformant : plus il insiste sur l’action de la SDN, plus il révèle son inaction. L’arme satirique, ici, réside dans l’excès de sérieux emprunté au langage institutionnel. C’est ce que Douglas appelle une ironie antiphrastique : dire le contraire de ce que l’on pense, pour mieux mettre en lumière l’absurdité de la situation.
Cet article s’inscrit dans une série de textes où le journal raille les conférences de désarmement, les pactes et les traités. Tous ont en commun de nourrir une illusion de paix durable, alors même que les logiques militaristes et impérialistes persistent. En ce sens, Le Canard prolonge le leitmotiv de la « prochaine dernière guerre » : loin de garantir la paix, chaque nouvel accord semble préparer le terrain au conflit suivant.
Le CE n°555 résume ainsi la ligne du journal dans l’entre-deux-guerres : une méfiance absolue envers les proclamations officielles et un humour corrosif pour rappeler que, derrière les formules diplomatiques, la guerre n’a jamais cessé d’être une menace.





