N° 57 du Canard Enchaîné – 1 Août 1917
N° 57 du Canard Enchaîné – 1 Août 1917
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Acré, les mômes !
Quand les lycéens patriotes deviennent la risée du Canard, la plume acérée de Georges de La Fouchardière s’en donne à cœur joie. Dans l’édition du 1er août 1917, il démonte l’illusion fabriquée par Maurice Barrès autour des « préparations militaires » et ridiculise cette mise en scène guerrière, transformant les mômes en instruments grotesques du bourrage de crâne.
UN NOM QU’ON NE PEUT PRONONCER SANS DÉGOÛT, dessin de H-P Gassier
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L’article « Acré, les mômes ! » illustre parfaitement l’art de Georges de La Fouchardière : un mélange d’ironie mordante, de verve populaire et de satire politique visant les idoles du nationalisme. En prenant pour point de départ la lettre d’un jeune lycéen, l’auteur montre comment les cérémonies patriotiques fabriquent artificiellement une ferveur guerrière, en enrôlant symboliquement les enfants sous l’étendard des « grands patriotes ». Mais cette ferveur s’effondre dès que les jeunes eux-mêmes perçoivent la supercherie.
La charge est double : d’un côté, elle sape la crédibilité de Barrès, présenté comme un cabotin prêt à s’accrocher à la moindre manifestation de soutien pour se donner une importance. De l’autre, elle dénonce le cynisme de cette mise en scène, qui transforme la jeunesse en figurants dociles pour mieux nourrir le mythe d’une nation unanime. En réalité, derrière l’éclat des discours et la pompe des cérémonies, La Fouchardière ne voit que mascarade et manipulation, grossière au point d’en devenir ridicule.
L’efficacité du texte repose aussi sur le ton gouailleur : « Acré, les gosses ! » lance le journaliste, comme pour apostropher directement les lecteurs et les tirer du sommeil patriotique. Il file ensuite une série d’images savoureuses – les généraux de poche, les tambours d’enfants, les parades dérisoires – qui réduisent en poussière la gravité factice des manifestations. La caricature se fait alors arme politique : en dévoilant le côté grotesque de ces mises en scène, Le Canard met à nu le vide du discours belliciste.
Avec cet article, de La Fouchardière confirme sa place parmi les grandes plumes de 1917 : celles qui, sans jamais perdre le sens du rire, rappellent que la guerre n’est pas une épopée héroïque mais une tragédie que certains veulent enjoliver à coups de slogans creux.





