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N° 604 du Canard Enchaîné – 25 Janvier 1928

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Janvier 1928 : “Soyons bons pour les confrères”

Toujours prêt à rendre service, Le Canard enchaîné offre sa dernière page à un nouveau venu : Le Citoyen, journal du “Redressement français” d’Ernest Mercier et de Lucien Romier. Mais derrière la charité confraternelle, une parodie cinglante : un faux journal, vrai miroir de la propagande patronale. Le Canard n’a pas seulement ri le premier — il avait déjà tout compris.

Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix

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Canard au naturel
Canard en chemise

Chaque numéro ou journal anniversaire, peut être inséré dans une pochette cadeau au choix, d’un très beau papier pur coton, comportant une illustration originale spécialement réalisée pour COUAC ! par Fabrice Erre ou Laurent Lolmede, ou pour les premiers lecteurs du Canard Enchainé par Lucien Laforge.

Cette pochette cadeau assure aussi une conservation optimale du journal : un papier au PH neutre limitant la dégradation des vieux journaux sur la durée.

Décliné en 4 pochettes originales (Gratuite)
Pochette offerte pour toutes éditions d’un prix supérieur à 59€
Visualiser les illustrations en cliquant sur le nom des auteurs

Canard laqué

Enchâssé entre deux feuilles d’acrylique (plexiglass extrudé*) il s’exposera aux regards sous son plus beau jour.

Les propriétés anti-UV de ce plexiglass de 2 mm lui assureront une conservation optimale limitant le jaunissement.

Le maintien entre les deux plaques, avec 8 petites pinces nickelées, supprime la vue des plis ainsi que leurs effets indésirables. Les marges autour du journal sont de 2 cm et sont ajustées au format de l’édition, qui a varié au fil des décennies.

*Transparence, légèreté, résistance aux chocs et aux UV

Cette présentation est déclinée en 2 options :

Plexi transparent (30€) servant de fond, plus discret mais élégant il permet aussi la vision de la dernière page du journal.
Plexi noir (35€) servant de fond, il met en valeur la teinte et le format du journal, s’harmonisant parfaitement avec les encres noires de la page.

🪶 Commentaire – “Soyons bons pour les confrères” et la publication du Citoyen (Le Canard enchaîné, 11 et 25 janvier 1928)

Sous le titre faussement charitable “Soyons bons pour les confrères”, Le Canard enchaîné lance, en janvier 1928, l’une de ses plus brillantes opérations de moquerie journalistique. L’article, paru à la une du numéro du 11 janvier, semble d’abord adopter un ton de confraternité bienveillante : le journal se dit prêt à “mettre gracieusement à la disposition de certains confrères, habituellement peu favorisés par leur tirage, les solides colonnes du Canard enchaîné”. Quelques lignes plus bas, le lecteur découvre la cible : Le Citoyen, “journal des propriétaires et futurs propriétaires de mandats législatifs”, officine du mouvement du Redressement français d’Ernest Mercier, dirigée par Lucien Romier, transfuge du Figaro.

Derrière la plaisanterie, le Canard pointe avec un humour corrosif l’essor de la propagande politique et industrielle qui, sous couvert de “presse d’idées”, prépare les élections législatives du printemps 1928. Fondé par le grand patronat, le Redressement français entendait rassembler les élites économiques contre le “péril socialiste” et promouvoir un libéralisme national appuyé sur l’ordre, la technique et le capital. Autour de Mercier et Romier gravitaient ingénieurs, polytechniciens, industriels et journalistes de droite, tous convaincus que la démocratie parlementaire devait être “rationalisée”.

Dans ce contexte, Le Canard enchaîné tourne en dérision l’ambition “citoyenne” de ces entrepreneurs de morale. Le journal annonce donc, très sérieusement, qu’il publiera la semaine suivante “le premier numéro du Citoyen” dans ses propres pages — et il le fait. Le 25 janvier 1928, la page 4 du Canard se pare en effet des couleurs d’un véritable faux journal : titre monumental, fausses rubriques (“Pour les finances il faut un homme comme Lasteyrie”, “Tout irait mieux si M. Maginot était ministre de la guerre”), caricatures et slogans de redressement moral et économique. L’opération, aussi graphique que textuelle, est un chef-d’œuvre de parodie typographique.

Cette mise en abyme de la presse par la presse illustre le talent du Canard pour détourner les codes de ses adversaires : la solennité du ton, la rhétorique patriotique, la grandiloquence des formules (“Redressement à Bordeaux”, “Appel au bon sens”) — tout est copié à s’y méprendre. Derrière le comique de situation, la critique est redoutable : le Citoyen n’est qu’un miroir de l’époque, celle où l’argent, la technique et la communication s’unissent pour fabriquer du consentement politique.

En parodiant ce journal avant même sa parution officielle (Romier avait différé son lancement à cause des élections), Le Canard enchaîné prouve sa prescience : il a compris avant tout le monde que la presse moderne deviendrait un instrument stratégique entre les mains du pouvoir économique. Ce “faux vrai journal” est donc une satire du marketing politique avant la lettre.

La formule “soyons bons pour les confrères” prend, à la lumière de cette parodie, tout son sel. Sous couvert d’entraide journalistique, Le Canard se moque des ambitions mercantiles et doctrinaires de la “grande presse” — tout en s’en démarquant fièrement. À l’aube de 1928, alors que le franc Poincaré stabilise la monnaie mais gèle les salaires, que les droites se recomposent et que les ligues se préparent, le satirique de la rue Louis-le-Grand rappelle, une fois encore, que l’indépendance reste son seul capital.