N° 65 du Canard Enchaîné – 26 Septembre 1917
N° 65 du Canard Enchaîné – 26 Septembre 1917
89,00 €
En stock
Lettre à mon député
Dans une lettre pleine d’ironie et de bon sens, André Dahl prête sa plume à un poilu qui s’adresse à son député. Pas de plainte ni de doléances extravagantes, mais une simple demande : pouvoir passer par Paris, boire un verre, voir les rues interdites aux soldats qui défendent pourtant la capitale. Une satire douce-amère, où la dérision éclaire l’absurdité des règlements et l’indifférence des élus.
Marianne à la Chambre, par Lucien Laforge – Chaussure nationale, dessin de Bécan
Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix
En stock
Avec « Lettre à mon député », publié dans Le Canard enchaîné du 26 septembre 1917, André Dahl adopte la forme épistolaire pour donner la parole à un poilu imaginaire, « Pépère », qui interpelle son représentant avec une simplicité désarmante. Le ton est faussement naïf : sous l’allure d’un courrier courtois, c’est toute la distance entre l’arrière et le front qui est mise à nu.
Le soldat rappelle à son élu des temps plus « innocents » où celui-ci serrait des mains et distribuait du tabac. Mais la guerre a changé les rapports : désormais, les poilus ne demandent rien d’autre qu’un peu de reconnaissance et le droit de circuler dans la capitale. « Nous sommes pourtant de l’armée qui l’a sauvée des Boches », écrit-il avec une ironie douloureuse, en soulignant l’interdiction absurde faite aux soldats de déambuler dans Paris. L’image du combattant qui dort « sur le trottoir de la gare de l’Est » pour attendre son train renvoie à une réalité crue, bien loin des discours enflammés de l’arrière.
Dahl manie ici une critique sociale subtile. Derrière l’humour, le poilu met en évidence la fracture entre la misère des tranchées et l’orgueil satisfait des autorités. Le texte se conclut sur un détail apparemment trivial – l’organisation des trains de permissionnaires – qui devient un symbole de l’injustice : même le droit au repos et à la détente semble soumis aux hasards bureaucratiques.
En donnant voix à ce « Pépère », André Dahl réussit un tour de force satirique : faire rire de l’absurde tout en rendant palpable l’exaspération des soldats. Une manière de rappeler à l’arrière, et surtout aux élus, qu’au-delà des grands discours, ce sont les petites humiliations quotidiennes qui nourrissent le ressentiment.





