Expédition de votre Canard enchainé

EXPEDITION SOUS 24H

Envoi soigné de votre Canard enchainé

ENVOI SOIGNÉ

Paiement sécurisé pour l'achat de votre Canard enchainé

PAIEMENTS SÉCURISÉS

Livraison offerte de votre Canard enchainé à partir de 15€ de commande

LIVRAISON OFFERTE À PARTIR DE 15€

Paiement sécurisé pour l'achat de votre Canard enchainé

PAIEMENTS SÉCURISÉS

N° 651 du Canard Enchaîné – 19 Décembre 1928

N° 651 du Canard Enchaîné – 19 Décembre 1928

79,00 

En stock

Bernard Gervaise : “Comment il faut protéger l’épargne française” – La fausse causerie, vraie leçon d’ironie économique
Bernard Gervaise, Le Canard enchaîné, 19 décembre 1928



Quand la “causerie financière” devient satire sociale : en décembre 1928, Bernard Gervaise publie dans Le Canard enchaîné une chronique férocement ironique sur l’affaire Hanau. Sous couvert de défendre “l’épargne française”, il s’en prend aux banquiers, aux procureurs zélés et aux naïfs qui croient leurs économies mieux gardées dans des coffres que dans les poches des escrocs. Un texte d’une fausse bonhomie qui tourne en dérision tout un système — celui d’une France où la confiance financière repose avant tout sur l’amnésie.

Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix

En stock

Canard au naturel
Canard en chemise

Chaque numéro ou journal anniversaire, peut être inséré dans une pochette cadeau au choix, d’un très beau papier pur coton, comportant une illustration originale spécialement réalisée pour COUAC ! par Fabrice Erre ou Laurent Lolmede, ou pour les premiers lecteurs du Canard Enchainé par Lucien Laforge.

Cette pochette cadeau assure aussi une conservation optimale du journal : un papier au PH neutre limitant la dégradation des vieux journaux sur la durée.

Décliné en 4 pochettes originales (Gratuite)
Pochette offerte pour toutes éditions d’un prix supérieur à 59€
Visualiser les illustrations en cliquant sur le nom des auteurs

Canard laqué

Enchâssé entre deux feuilles d’acrylique (plexiglass extrudé*) il s’exposera aux regards sous son plus beau jour.

Les propriétés anti-UV de ce plexiglass de 2 mm lui assureront une conservation optimale limitant le jaunissement.

Le maintien entre les deux plaques, avec 8 petites pinces nickelées, supprime la vue des plis ainsi que leurs effets indésirables. Les marges autour du journal sont de 2 cm et sont ajustées au format de l’édition, qui a varié au fil des décennies.

*Transparence, légèreté, résistance aux chocs et aux UV

Cette présentation est déclinée en 2 options :

Plexi transparent (30€) servant de fond, plus discret mais élégant il permet aussi la vision de la dernière page du journal.
Plexi noir (35€) servant de fond, il met en valeur la teinte et le format du journal, s’harmonisant parfaitement avec les encres noires de la page.

À première vue, l’article de Bernard Gervaise, paru le 19 décembre 1928 sous la forme d’une causerie financière, semble partager l’indignation de la presse bourgeoise face au scandale de la Gazette du Franc. Mais dès les premières lignes, le ton trahit la supercherie :

“Évidemment, bien sûr, vue sous un angle particulier, cette affaire de la Gazette du Franc peut être considérée comme assez fâcheuse. Toutefois, il ne faut pas exagérer !”
Le lecteur du Canard sait d’emblée qu’il ne s’agit pas d’un éditorial de la Banque de France : Gervaise adopte le masque de la fausse sagesse, pour mieux dynamiter le discours officiel.

L’article s’inscrit dans le sillage des textes de Pierre Scize et Maurice Maréchal publiés les semaines précédentes. Après la chute de Marthe Hanau et l’effondrement de sa Gazette du Franc, Le Canard enchaîné a trouvé dans cette escroquerie financière — la plus retentissante de l’entre-deux-guerres — une matière à satire inépuisable. Là où les journaux sérieux dénoncent la “crise de la confiance”, Gervaise, lui, s’en amuse :

“Cent millions ! Je vous demande un peu s’il y a de quoi faire tant d’histoires ! L’épargne française est, Dieu merci, au-dessus de semblables bagatelles.”
Par ce ton faussement léger, il dévoile le cynisme d’un système financier qui banalise les pertes des petits porteurs tout en glorifiant les grands placements hasardeux — les fameux “emprunts russes”, évoqués ici comme un symbole national de naïveté lucrative.

Sous sa forme de causerie, l’article fonctionne comme un pastiches de chronique économique : des phrases courtes, des maximes pseudo-philosophiques, des détours rassurants, tous immédiatement contredits par le sous-texte. Quand Gervaise affirme qu’un épargnant n’est “qu’un monsieur qui fait des économies”, il démasque la vacuité morale du discours financier. Et lorsqu’il conclut, feignant de plaindre Marthe Hanau victime de la justice, il pousse l’ironie à son paroxysme :

“N’est-il pas permis de demander aux magistrats de quoi ils se sont mêlés ? Ce n’est pas leur zèle inopportun qui a causé la ruine d’une entreprise en pleine prospérité ?”
Sous couvert de défendre l’escroc, Gervaise renvoie les institutions — Justice, Banque, Presse — à leur propre incohérence : c’est leur aveuglement collectif qui rendait possible l’illusion Hanau.

Mais le sommet de la satire vient dans la seconde moitié du texte, quand il décrit le mécanisme absurde des “nouveaux bons” émis pour rembourser les anciens, puis les suivants — une parodie parfaite du système pyramidal avant l’heure :

“Les souscripteurs à leur tour se fussent trouvés payés sur les rentrées provenant d’un quatrième appel de fonds, lequel eût été suivi d’un cinquième, etc., etc…”
Le comique de répétition dit tout : l’économie se nourrit d’une confiance sans fin, que seule la chute rend visible.

En conclusion, Gervaise élargit le propos : il raille “ces braves gens” qui, vexés d’être traités de “poires”, iront “porter leurs disponibilités chez MM. Robert Macaire et Bertrand, les banquiers bien connus”. Le nom de Robert Macaire, archétype du spéculateur filou du XIXe siècle, achève le tableau : derrière la farce Hanau, c’est toute une tradition française de la combine légale qui perdure, bénie par l’État et rachetée par la presse.

Sous ses airs de chronique humoristique, Comment il faut protéger l’épargne française est en réalité une charge politique et morale contre l’époque de Poincaré. En décembre 1928, tandis que la France se félicite d’avoir “stabilisé le franc” et regagné la confiance des marchés, Le Canard enchaîné rappelle que cette stabilité repose sur la crédulité, la spéculation et la bonne conscience des rentiers.

Bernard Gervaise clôt ainsi, dans le rire, le cycle satirique ouvert par Maréchal et Scize : une trilogie où l’affaire Hanau devient le miroir déformant d’une République qui ne sait pas faire la différence entre une banque et un bonneteau.