N° 67 du Canard Enchaîné – 10 Octobre 1917
N° 67 du Canard Enchaîné – 10 Octobre 1917
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Pensées sauvages – L’Origine de la Tragédie
Dans Le Canard enchaîné du 10 octobre 1917, Gaston de Pawlowski livre une « pensée sauvage » grinçante : la tragédie humaine n’est qu’une mise en scène de sacrifices, et certains journalistes ou politiciens y trouvent la même jubilation que le public d’un théâtre. Derrière l’ironie, une mise en accusation de la comédie politique et des appétits médiatiques.
Humbert-Pacha, dessin de Depaquit – Ces américains ! dessin de Bécan –
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Avec son article « L’Origine de la Tragédie », Gaston de Pawlowski s’empare d’un thème philosophique pour mieux le détourner à la manière du Canard. Nietzsche, Voltaire et Nijinsky sont convoqués dès l’ouverture, mais très vite la réflexion bascule dans une parabole acide sur le goût du public – et des élites – pour les sacrifices spectaculaires.
Selon Pawlowski, la tragédie n’est rien d’autre que la ritualisation de la malchance ordinaire : « sur cent personnes, il y en a bien une par jour qui se casse la figure ». De là à inventer des mises en scène pour donner forme à ce hasard, il n’y a qu’un pas. Théâtre, cirque ou politique : partout, il faut un « exemplaire » désigné pour chuter, et satisfaire ainsi le besoin de voir un autre trébucher à sa place.
La satire prend tout son sens lorsqu’elle se tourne vers le champ médiatique et politique. L’arrestation d’un « bouc émissaire » ou la chute d’un homme public devient une véritable tragédie moderne : une pièce où les spectateurs s’enchantent du malheur d’autrui, comme les badauds applaudissent aux arrestations à l’Ambigu. Le sarcasme vise les journalistes et politiciens qui se repaissent de ces drames, masquant leur cruauté derrière une prétendue exigence de justice ou d’exemplarité.
En filigrane, Pawlowski dénonce la mécanique implacable d’une société qui, sous couvert de morale, fabrique ses propres « sacrifices humains » à destination du public. Les noms de Charles Humbert ou de Bolo Pacha surgissent en arrière-plan comme preuves vivantes de cette logique : peu importe la culpabilité réelle, l’essentiel est d’offrir à la foule son spectacle cathartique.
L’article fonctionne ainsi comme une double charge : contre la frivolité des foules qui consomment avidement ces « tragédies », et contre ceux qui, journalistes ou hommes de pouvoir, organisent sciemment ce théâtre du malheur. Une réflexion qui, derrière son humour grinçant, garde une inquiétante actualité.





