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N° 681 du Canard Enchaîné – 17 Juillet 1929

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“À un lecteur du Canard” : Pierre Scize répond à la France qui grogne
Le Canard enchaîné, 17 juillet 1929



En juillet 1929, Le Canard enchaîné publie une réponse magistrale de Pierre Scize à un lecteur qui l’accuse de mollesse dans le débat sur la ratification des dettes interalliées. Sous le titre « À un lecteur du Canard », Scize transforme sa tribune en dialogue d’une lucidité cruelle. Il y dénonce l’illusion patriotique qui consiste à faire payer la guerre non pas aux responsables, mais à leurs enfants. Soixante-deux ans d’échéances : un siècle de sottise prépayée.

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Enchâssé entre deux feuilles d’acrylique (plexiglass extrudé*) il s’exposera aux regards sous son plus beau jour.

Les propriétés anti-UV de ce plexiglass de 2 mm lui assureront une conservation optimale limitant le jaunissement.

Le maintien entre les deux plaques, avec 8 petites pinces nickelées, supprime la vue des plis ainsi que leurs effets indésirables. Les marges autour du journal sont de 2 cm et sont ajustées au format de l’édition, qui a varié au fil des décennies.

*Transparence, légèreté, résistance aux chocs et aux UV

Cette présentation est déclinée en 2 options :

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Publié le 17 juillet 1929, l’article « À un lecteur du Canard » de Pierre Scize s’inscrit dans la série de textes du Canard enchaîné consacrés au débat sur la ratification des accords Mellon-Bérenger — autrement dit, l’acceptation par la France de sa dette envers les États-Unis pour les prêts consentis pendant la Grande Guerre.
Mais ici, le ton change : après la farce orchestrée autour de Franklin-Bouillon et les caricatures de Poincaré, Scize prend la plume pour répondre sérieusement – quoique non sans ironie – à un lecteur “contradicteur sympathique” qui lui reproche de soutenir la ratification.

Un échange fictif, mais très réel

Scize adopte la forme d’une lettre ouverte : un genre où le Canard excelle, oscillant entre chronique politique et confession journalistique. Il s’adresse directement à son lecteur, qu’il gratifie d’éloges : “Vous avez du cœur. Vous avez de l’esprit.” Puis il le contredit patiemment, en retournant un à un ses arguments.
Son adversaire soutient que payer les dettes de guerre est une leçon de paix — “une punition salutaire” pour une nation trop prompte à s’enflammer. Scize concède d’abord la logique morale du raisonnement, avant de le démonter avec une rigueur ironique : “La guerre est une idiotie, elle ruine vainqueurs et vaincus ? Fort bien. Mais en payant, nous ne ferons que prouver que l’Amérique, elle, n’a pas été ruinée.”

Sous la dialectique feinte, se dessine une vision plus vaste : celle d’un monde où le vainqueur économique a remplacé le vainqueur militaire.

Le poids de 62 ans

Scize revient, comme Drégerin et Buzelin les semaines précédentes, sur la durée absurde du remboursement : soixante-deux ans. Mais au lieu d’en faire un gag, il en tire une méditation sociale :

“Soixante-deux ans pendant lesquels la guerre arrachera des protestations aux porte-monnaie de nos descendants.”
Dans cette formule, la guerre devient un impôt héréditaire, une plaie budgétaire transmise de père en fils. Scize s’indigne de ce qu’on appelle alors le “règlement moral de la guerre” : une guerre “payée” par ceux qui ne l’ont pas faite.

Et surtout, il montre ce que ce système cache : une soumission économique de l’Europe à l’Amérique. Les classes dirigeantes françaises, écrit-il, n’acceptent la ratification que pour “préserver leurs portefeuilles, leurs valeurs américaines, leurs colonies.” La ratification n’est plus un devoir d’honneur, mais un réflexe de classe : sauver les intérêts du capital français, même au prix d’un asservissement financier.

Une chronique antimilitariste et anticoloniale

L’un des passages les plus saisissants est celui où Scize évoque “l’homme noir, jaune ou café au lait” :

“Partout où ils font suer l’homme noir, jaune ou café au lait, pour le caoutchouc, l’or, l’ivoire, le coton, menacés par le créancier.”
Cette phrase, d’une modernité stupéfiante, relie la dette de guerre à l’exploitation coloniale : l’argent versé à Washington sera repris sur le dos des peuples colonisés. En quelques lignes, Scize lie la morale pacifiste, la critique du capitalisme et la dénonciation de l’impérialisme — trois piliers de la pensée du Canard des années 1920.

Le rire désabusé d’un moraliste

Mais comme toujours chez Scize, la conclusion bascule du tragique à l’ironie :

“La guerre paiera. La preuve en aura été administrée en soixante-deux échéances.”
Le mot “paiera” condense toute l’amertume du texte : la guerre n’a rien appris, sinon à se rentabiliser.

Une page de satire lucide

En juillet 1929, la crise financière n’a pas encore frappé, mais Le Canard enchaîné sent déjà vaciller la logique d’un monde à crédit. L’article de Scize, sous ses dehors épistolaires, est en réalité un acte d’accusation contre la morale bourgeoise de la Troisième République : celle qui maquille la dépendance en vertu et le paiement en patriotisme.

Dans ce “dialogue” avec son lecteur, Pierre Scize ne se contente pas de débattre : il dévoile, avec une élégance cruelle, que la France, sous couvert d’honneur, continue de payer pour ses illusions.


Soixante-deux ans d’échéances pour solder quatre ans de folie : Pierre Scize en fait le solde de la bêtise humaine.