N° 70 du Canard Enchaîné – 31 Octobre 1917
N° 70 du Canard Enchaîné – 31 Octobre 1917
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H.-P. Gassier met en scène Gustave Hervé dans Histoire d’un crime
Mariage sous rationnement, pommes de terre disparues, perquisitions grotesques : en cette fin d’octobre 1917, le Canard croque la guerre au quotidien avec son humour corrosif. Entre satire des solutions boches pour repeupler l’Empire, constat amer sur la misère des marchés parisiens, et coup de bec aux commissaires trop zélés, la plume canarde refuse de plier face à l’absurde.
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La une du Canard enchaîné du 31 octobre 1917 illustre à merveille l’art du journal de mêler le tragique et le burlesque dans un même numéro.
Maurice Maréchal ouvre le bal avec « La prime au mariage », où il raille une mesure allemande récompensant les jeunes époux par quelques rations supplémentaires. Sous sa plume, la lune de miel en Boche devient caricature : un peu de farine, de pommes de terre et de saindoux pour encourager les unions légitimes. La guerre réduit ainsi l’amour à une simple équation alimentaire, et Maréchal de suggérer, avec une ironie mordante, que Maurice de Waleffe, chantre des questions matrimoniales, pourrait s’en inspirer…
À côté, Simon Hégésippe propose un « Retour à la logique » qui n’en est pas une. L’auteur s’attaque à l’absurdité d’un monde où les millions passent les frontières sans conséquence quand il s’agit d’alliés douteux, mais coûtent cher au citoyen ordinaire. Au fil des exemples, il pointe une logique économique et politique qui marche sur la tête, où la rareté des pommes de terre devient métaphore du désordre général.
Enfin, le troisième texte redouble l’effet satirique : « Perquisitions au Canard ». L’article se moque des descentes policières ridicules menées dans les bureaux du journal, où l’on saisit tracts, brochures et objets insolites. L’administrateur du Canard, imperturbable, répond aux agents avec une désinvolture savoureuse : « Eh bien, vous n’avez pas le truc ? — C’est juste, on l’oubliait… » L’humour transforme ici l’intimidation en farce, renversant le rapport de force.
Réunis, ces trois articles composent un tableau grinçant : l’Allemagne rationne jusqu’au mariage, Paris manque de patates, et la police française perd son temps à fouiller des satiristes. En filigrane, le Canard rappelle à ses lecteurs que l’absurde n’est pas seulement une arme de dérision : c’est aussi un moyen de résister à la guerre et à ses travers, en opposant le rire aux privations comme à la répression.

 
      



