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N° 726 du Canard Enchaîné – 28 Mai 1930

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28 mai 1930 — “Deux discours” de Mussolini : la comédie du Duce

Pierre Scize démonte le double langage du fascisme

À Florence, Mussolini enflamme la jeunesse : « Froncez le sourcil ! » À Livourne, il s’adoucit devant les mutilés, raillant la paix et glorifiant les mitrailleuses. Dans Le Canard enchaîné, Pierre Scize démasque la farce du dictateur, passé maître dans l’art de séduire et d’endormir. Une leçon politique et littéraire sur le pouvoir des mots — et sur la naïveté de ceux qui les écoutent.

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Deux discours

Le 28 mai 1930, Le Canard enchaîné publie à sa une un texte d’une lucidité redoutable signé Pierre Scize : « Deux discours ». L’auteur y oppose, avec un art consommé de la rhétorique, deux harangues successives de Benito Mussolini, l’une prononcée à Florence, l’autre à Livourne. Dans la première, l’orateur fasciste exalte la jeunesse, la guerre et la patrie avec sa théâtralité coutumière ; dans la seconde, il s’adresse aux mutilés, aux anciens combattants, et se fait soudain plus grave, presque cyniquement apaisé. Scize, témoin attentif de son temps, démonte ce double langage du dictateur italien, révélant, à travers le contraste, toute la duplicité du régime fasciste.

Dès les premières lignes, le ton est donné : « Que le signor Mussolini soit un danger public, voilà une vérité que peu de gens contesteront. » Mais le journaliste du Canard s’empresse d’ajouter qu’il est aussi « un excellent bouffon ». Cette ironie mordante, typique de Scize, introduit une satire impitoyable du théâtre politique : Mussolini n’est plus ici le Duce triomphant des foules, mais un comédien qui change de masque au gré de l’auditoire. À Florence, il s’adresse à la jeunesse, « troupeau ardent et stupide » qu’il galvanise par des slogans martiaux : « Raidir les torses ! Cambrez la poitrine ! Froncez le sourcil ! » Scize décrit cette liturgie viriliste avec un mélange d’effroi et d’ironie. La jeunesse, dit-il, “piaffe et hennit comme un jeune étalon”, avant d’aller mourir « avec un kilo de ferraille dans le ventre et la tête fendue ». La comédie du patriotisme devient tragédie.

Puis vient Livourne. Changement de décor, changement de ton. Devant un auditoire d’anciens combattants, de mutilés, de gueules cassées, Mussolini ne peut plus jouer au prophète de la jeunesse. « Ce ne sont pas des révoltés », écrit Scize, « ce sont des mutilés bien sages, contents de leur sort. » Mais leur silence, leurs visages marqués, rendent toute exaltation impossible. Face à ces “revenants”, le Duce se fait alors goguenard : il raille “l’inquiétude universelle” et prêche la paix… tout en glorifiant les mitrailleuses. Scize, qui lit entre les lignes, démonte la supercherie : ce pacifisme de façade n’est qu’un artifice rhétorique destiné à rassurer sans rien céder de l’idéologie guerrière. « Quand je crie “Vive le canon, vivent les mitrailleuses !” j’ai un mérite : la franchise. En criant “Vive la paix !”, nos voisins inventent une monstrueuse hypocrisie. » Sous prétexte d’honnêteté, Mussolini justifie la guerre éternelle.

L’article résonne fortement avec le climat politique européen de 1930. Tandis que l’Italie fasciste consolide son emprise et que la France, inquiète, prêche la paix tout en préparant sa défense, Scize montre que la violence se nourrit des mots avant de s’incarner dans les actes. Ce qu’il démonte ici, c’est la mécanique du fascisme : un discours pour séduire, un autre pour dompter ; la jeunesse pour mourir, les anciens pour se taire.

Dans cette double harangue, il lit la duplicité de tous les pouvoirs autoritaires, mais aussi la crédulité des peuples. Et il conclut, sans illusion : « J’attendrai longtemps, je crois, que nos journaux s’émeuvent de la vérité du discours de Livourne. » Le Canard, lui, n’aura pas attendu : il en révèle la comédie dès sa publication.