Expédition de votre Canard enchainé

EXPEDITION SOUS 24H

Envoi soigné de votre Canard enchainé

ENVOI SOIGNÉ

Paiement sécurisé pour l'achat de votre Canard enchainé

PAIEMENTS SÉCURISÉS

Livraison offerte de votre Canard enchainé à partir de 15€ de commande

LIVRAISON OFFERTE À PARTIR DE 15€

Paiement sécurisé pour l'achat de votre Canard enchainé

PAIEMENTS SÉCURISÉS

N° 735 du Canard Enchaîné – 30 Juillet 1930

N° 735 du Canard Enchaîné – 30 Juillet 1930

69,00 

En stock

30 juillet 1930 — La brosse à reluire : la grande presse s’agenouille devant Tardieu

Quand le “réalisme” devient un parfum de cire

À Nancy, André Tardieu parle ; à Paris, la presse s’incline. Dans Le Petit Parisien, Georges Girard manie la brosse avec un zèle tel que Le Canard songe à lui remettre une “noix d’honneur grand format”. Sous la plume de Rivet, la satire du journalisme couchée fait mouche : en 1930 déjà, la cire médiatique brillait plus que la vérité.

Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix

En stock

Canard au naturel
Canard en chemise

Chaque numéro ou journal anniversaire, peut être inséré dans une pochette cadeau au choix, d’un très beau papier pur coton, comportant une illustration originale spécialement réalisée pour COUAC ! par Fabrice Erre ou Laurent Lolmede, ou pour les premiers lecteurs du Canard Enchainé par Lucien Laforge.

Cette pochette cadeau assure aussi une conservation optimale du journal : un papier au PH neutre limitant la dégradation des vieux journaux sur la durée.

Décliné en 4 pochettes originales (Gratuite)
Pochette offerte pour toutes éditions d’un prix supérieur à 59€
Visualiser les illustrations en cliquant sur le nom des auteurs

Canard laqué

Enchâssé entre deux feuilles d’acrylique (plexiglass extrudé*) il s’exposera aux regards sous son plus beau jour.

Les propriétés anti-UV de ce plexiglass de 2 mm lui assureront une conservation optimale limitant le jaunissement.

Le maintien entre les deux plaques, avec 8 petites pinces nickelées, supprime la vue des plis ainsi que leurs effets indésirables. Les marges autour du journal sont de 2 cm et sont ajustées au format de l’édition, qui a varié au fil des décennies.

*Transparence, légèreté, résistance aux chocs et aux UV

Cette présentation est déclinée en 2 options :

Plexi transparent (30€) servant de fond, plus discret mais élégant il permet aussi la vision de la dernière page du journal.
Plexi noir (35€) servant de fond, il met en valeur la teinte et le format du journal, s’harmonisant parfaitement avec les encres noires de la page.

La brosse à reluire

Le 30 juillet 1930, Le Canard enchaîné publie sous la signature de J. Rivet une chronique au titre bien trouvé : « La brosse à reluire ». Ce court texte, en apparence léger, vise l’un des travers les plus constants de la grande presse : la flagornerie envers le pouvoir. À travers un exemple précis — le traitement dithyrambique réservé par Le Petit Parisien au discours prononcé par André Tardieu à Nancy — Rivet offre un condensé de la satire journalistique telle que le Canard l’excelle : moquerie, citations bien choisies, et chute assassine.

Tout part d’un constat ironique : la presse « réserve évidemment, les yeux fermés, à chaque président du Conseil » un enthousiasme convenu. Mais Tardieu, remarque Rivet, a battu tous les records. À peine son discours achevé, les grands quotidiens rivalisent d’éloges. Au Petit Parisien, un certain Georges Girard s’y distingue, « maniant la brosse à reluire avec grand talent ». Le Canard reproduit quelques lignes de son compte rendu : “Une mâle gaité rend son regard plus pétillant que jamais... il se sent chez lui, ce "réaliste", au milieu de la richesse et de la prospérité.” Rivet s’amuse : on croirait lire un roman sentimental plutôt qu’un reportage politique.

Mais la charge ne s’arrête pas au ridicule du style : elle vise un système. Dans la France de 1930, la grande presseLe Petit Parisien, Le Matin, Le Journal, ou L’Écho de Paris — vit largement des subsides gouvernementaux et de la publicité commerciale. Ces titres, aux tirages colossaux (plus d’un million d’exemplaires pour certains), ont fait du panégyrique ministériel une routine. Le Canard, lui, en fait son gibier. Rivet ne se contente pas de ridiculiser la prose flatteuse ; il souligne le réflexe pavlovien d’une presse alignée, où chaque discours officiel devient une liturgie du progrès, du “réalisme” et de la “méthode”.

Le mot “réalisme”, omniprésent dans les louanges faites à Tardieu, résume d’ailleurs l’idéologie du moment. Le président du Conseil, chantre de la “France moderne”, prône une République efficace, technicienne, ordonnée. Mais pour le Canard, ce “réalisme” vire à la froide arrogance : Tardieu confond gouvernement et gestion d’entreprise, progrès et obéissance. Rivet démonte la mécanique : après l’orateur, le chœur des éditorialistes chante en cadence. La “brosse à reluire” devient l’instrument officiel du pouvoir.

La fin de l’article, faussement bienveillante, achève la leçon. Rivet suggère de décerner à Georges Girard une “superbe noix d’honneur grand format”. Derrière la plaisanterie, une critique mordante du corporatisme médiatique : les journalistes qui encensent Tardieu le font pour rester dans les bonnes grâces du régime, pas pour informer.

Ce texte s’inscrit dans une série de chroniques parues au printemps et à l’été 1930, où Le Canard s’emploie à démonter le culte du chef et la soumission de la presse économique à la rhétorique tardivienne. En quelques lignes, Rivet rappelle à son lecteur ce qui distingue le Canard : refuser la brosse, préférer le grain de sable.