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N° 738 du Canard Enchaîné – 20 Août 1930

N° 738 du Canard Enchaîné – 20 Août 1930

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20 août 1930 — La “grande noix d’honneur” décernée à M. Intérim : la satire du patriotisme en papier mâché

Quand Le Canard décore les champions du chauvinisme

Pour avoir “redécouvert” les droits éternels de la France sur la Sarre, L’Ordre et son journaliste “M. Intérim” reçoivent la fameuse noix d’honneur du Canard. Une médaille pour service rendu à la bêtise patriotarde — et une leçon d’ironie à une presse qui confond encore cocarde et clairvoyance.

Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix

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Canard au naturel
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Chaque numéro ou journal anniversaire, peut être inséré dans une pochette cadeau au choix, d’un très beau papier pur coton, comportant une illustration originale spécialement réalisée pour COUAC ! par Fabrice Erre ou Laurent Lolmede, ou pour les premiers lecteurs du Canard Enchainé par Lucien Laforge.

Cette pochette cadeau assure aussi une conservation optimale du journal : un papier au PH neutre limitant la dégradation des vieux journaux sur la durée.

Décliné en 4 pochettes originales (Gratuite)
Pochette offerte pour toutes éditions d’un prix supérieur à 59€
Visualiser les illustrations en cliquant sur le nom des auteurs

Canard laqué

Enchâssé entre deux feuilles d’acrylique (plexiglass extrudé*) il s’exposera aux regards sous son plus beau jour.

Les propriétés anti-UV de ce plexiglass de 2 mm lui assureront une conservation optimale limitant le jaunissement.

Le maintien entre les deux plaques, avec 8 petites pinces nickelées, supprime la vue des plis ainsi que leurs effets indésirables. Les marges autour du journal sont de 2 cm et sont ajustées au format de l’édition, qui a varié au fil des décennies.

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Cette présentation est déclinée en 2 options :

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La grande noix d'honneur à M. Intérim

Le 20 août 1930, Le Canard enchaîné consacre sa célèbre « grande noix d’honneur » à un certain M. Intérim, plume du journal L’Ordre. L’article, signé sans nom d’auteur mais typique de la verve collective du Canard, constitue un petit chef-d’œuvre d’ironie journalistique : sous couvert de félicitations, il ridiculise à la fois la presse nationaliste, le chauvinisme revanchard et la vacuité du discours pseudo-patriotique de l’époque.

Le texte s’ouvre sur un ton faussement solennel : “Ainsi que personne ne le sait, il existe à Paris un journal qui s’appelle L’Ordre. Le leader en est actuellement M. Intérim, journaliste au talent multiple…” D’emblée, le Canard joue du comique bureaucratique — M. Intérim, c’est évidemment un pseudonyme transparent pour désigner un journaliste sans personnalité, qui remplace au pied levé un autre plumitif tout aussi interchangeable. L’hebdomadaire se moque ici de la mécanique de la grande presse de droite : celle des rédactions nationalistes où les noms changent, mais où le ton, la pensée et la servilité restent les mêmes.

La satire s’ancre dans l’actualité diplomatique : l’affaire de la Sarre, territoire placé sous mandat de la Société des Nations depuis le traité de Versailles (1919). En 1930, la question du rattachement futur de cette région — majoritairement germanophone mais économiquement liée à la France — commence à ressurgir. Dans la presse conservatrice et patriotarde, des voix s’élèvent pour “revendiquer” la Sarre au nom du “droit français”. Le Canard, qui n’a rien perdu de son antinationalisme né de 1914, tourne en dérision cette enflure verbale.

C’est M. Intérim qui, dans un magnifique article de L’Ordre, a découvert et affirmé les droits de la France sur la Sarre.” Tout le sel est là : la découverte d’un droit imaginaire devient un acte de bravoure journalistique. Bientôt, écrit le Canard, “l’erreur est dissipée : la Sarre est à la France, et les droits sont si évidents qu’il n’est pas exagéré de les qualifier de séculaires.” Le faux sérieux du style administratif culmine dans une rhétorique de musée : la “grande noix d’honneur” vient couronner ce patriotisme d’alcôve qui confond la plume et l’épée.

Cette “noix d’honneur” est bien sûr une parodie des décorations officielles, ces “palmes académiques” et “médailles du mérite” que Le Canard détourne depuis 1922 en trophées d’imbécilité publique. Ici, elle récompense moins un homme qu’une attitude : celle du journaliste zélé, prompt à servir la propagande du moment. Derrière M. Intérim, c’est tout un système médiatique que Le Canard fustige — celui des organes de droite (comme L’Ordre, L’Action française ou Le Temps) qui habillent de nobles formules la politique agressive et les relents revanchards des élites françaises.

L’article se termine comme il a commencé, sur une note de fausse pompe : “La grande noix d’honneur fera justement figure, accrochée au cou de cet excellent citoyen.” Dans cette dernière phrase, le Canard s’amuse du double sens : le “collier de noix” du ridicule remplace la médaille d’or du mérite. Derrière l’humour, un constat politique : en 1930, la France des discours patriotiques est en plein vide — une république “entre deux guerres”, suspendue entre la peur du déclin et la tentation de la revanche.