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N° 749 du Canard Enchaîné – 5 Novembre 1930

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5 novembre 1930 — Rodolphe Bringer regarde passer le monde… depuis sa fenêtre

Entre exploits, catastrophes et huitième art

Mariages royaux, aviateurs en gloire, trains qui déraillent et révolutions qui tournent en rond : tout défile sous la plume ironique de Rodolphe Bringer. Dans cette chronique, le monde s’agite et le journaliste soupire — avant de conclure, philosophe : vive la cuisine, seul art capable de réconcilier les hommes et de calmer les nerfs d’un siècle pressé.

Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix

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Chaque numéro ou journal anniversaire, peut être inséré dans une pochette cadeau au choix, d’un très beau papier pur coton, comportant une illustration originale spécialement réalisée pour COUAC ! par Fabrice Erre ou Laurent Lolmede, ou pour les premiers lecteurs du Canard Enchainé par Lucien Laforge.

Cette pochette cadeau assure aussi une conservation optimale du journal : un papier au PH neutre limitant la dégradation des vieux journaux sur la durée.

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Visualiser les illustrations en cliquant sur le nom des auteurs

Canard laqué

Enchâssé entre deux feuilles d’acrylique (plexiglass extrudé*) il s’exposera aux regards sous son plus beau jour.

Les propriétés anti-UV de ce plexiglass de 2 mm lui assureront une conservation optimale limitant le jaunissement.

Le maintien entre les deux plaques, avec 8 petites pinces nickelées, supprime la vue des plis ainsi que leurs effets indésirables. Les marges autour du journal sont de 2 cm et sont ajustées au format de l’édition, qui a varié au fil des décennies.

*Transparence, légèreté, résistance aux chocs et aux UV

Cette présentation est déclinée en 2 options :

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De ma fenêtre

Le 5 novembre 1930, Le Canard enchaîné publie, dans sa chronique régulière « De ma fenêtre », un texte de Rodolphe Bringer, observateur ironique du monde et moraliste goguenard, qui déploie ici toute sa verve. Derrière l’apparente légèreté d’un regard jeté « depuis sa fenêtre », c’est une chronique du désenchantement moderne qu’il propose — celle d’une époque ballotée entre exploits médiatiques, catastrophes en série et illusions politiques.

Bringer commence par un constat sur la foule : « Les foules sont promptes à l’enthousiasme. » Il raille cette propension à applaudir tout et son contraire — un cortège présidentiel, une parade de cirque ou un mariage royal. À ses yeux, l’enthousiasme collectif ne distingue plus le tragique du futile. L’exemple choisi, le mariage du roi Boris de Bulgarie et de la princesse de Savoie, illustre cette ironie : l’événement est salué “au milieu de l’enthousiasme des foules”, mais, note Bringer, cela ne signifie rien d’autre que “le défilé était des mieux réussis”. Le satiriste attaque ici une société de spectacle avant l’heure, où l’apparence festive supplante le sens, où les journaux entretiennent la frivolité publique.

Il enchaîne avec une autre idole médiatique : les aviateurs Dieudonné Costes et Maurice Bellonte, qui viennent d’accomplir la traversée de l’Atlantique Nord sans escale à bord de leur avion Point d’interrogation (septembre 1930). Bringer salue à demi-mot la prouesse mais s’attarde sur le phénomène dérisoire qui l’a suivi : la prolifération du nom “Point d’interrogation” sur les objets du quotidien, “sur les portefeuilles, les chapeaux, les pull-over, les radiateurs d’autos”. L’exploit technique devient produit commercial. La “gloire moderne” se mesure à la vitesse avec laquelle elle se décline en publicité. Bringer constate, non sans mélancolie : “Chaque âge a sa façon de célébrer ses grands hommes.”

Le reste de la chronique défile comme une revue d’actualité : tournée du président Doumergue en Espagne (dont Bringer doute qu’elle serve la paix), catastrophes ferroviaires, maisons qui s’effondrent, avions qui tombent, peuples qui se révoltent… Le ton, entre lassitude et ironie, évoque un journaliste saturé d’informations absurdes. “Et venez, après cela, me dire que la vie est chère”, ironise-t-il. Le monde semble perdre le nord, au propre comme au figuré : un chaos quotidien où l’actualité spectaculaire — exploits et drames confondus — finit par anesthésier la raison.

Mais Bringer conclut sur une pirouette savoureuse : la proclamation par un certain Eugène Lautier de la cuisine comme « huitième art ». Ici, le chroniqueur se régale : enfin une révolution utile ! “Un bon repas vaut mieux qu’un long poème”, lance-t-il. Et de saluer, faussement solennel : “Vive le huitième art !” La chute allège le propos, mais elle en dit long : dans un monde bruyant, agité, souvent absurde, seul demeure le plaisir simple et vrai — celui de la table.

En somme, cette chronique de novembre 1930, sous des airs badins, dresse un portrait d’époque lucide : celle d’une France entre deux crises, oscillant entre admiration pour les héros modernes et fatigue d’un monde saturé d’événements. Bringer, depuis sa fenêtre, regarde passer le siècle avec un humour désabusé et une sagesse gourmande : le seul art encore à la portée de tous.