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N° 761 du Canard Enchaîné – 28 Janvier 1931

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Encore un ministère de bonne humeur…Parbleu, celui de Laval qui rit ! 

28 janvier 1931 — Paul Valéry entre les maréchaux

Quand un poète fit taire l’Académie en parlant de la guerre

Face au maréchal Lyautey et à une Académie pétrifiée, Paul Valéry condamne la guerre d’un ton clair et courageux. Pierre Scize salue sa révolte et l’invite, avec humour, à rejoindre l’“Académie du Cadran”, le bistrot mythique du Canard enchaîné. Le poète y gagne une place bien plus vivante qu’à l’Institut.

Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix

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Paul Valéry contre la guerre

Le Canard enchaîné du 28 janvier 1931 publie en première page un texte d’une rare finesse signé Pierre Scize : « Paul Valéry contre la guerre ». L’article part d’une séance de l’Académie française, où le poète Paul Valéry, nouvel “Immortel”, répond au discours du maréchal Lyautey — un moment a priori compassé, que Scize transforme en scène de théâtre satirique et lumineuse. Derrière le compte rendu d’apparence mondaine, c’est tout un duel symbolique qu’il met en scène : l’intelligence contre le conformisme, l’esprit contre la parade.

Lyautey, écrit-il, prononce un discours de maréchal — “bétonné de lieux communs”, “ronronné d’aise” par l’assistance. Le décor est planté : prélats, militaires, académiciens engoncés dans leur prestige bleu-horizon applaudissent la routine d’un nationalisme rassurant. C’est alors qu’entre Valéry, “petit homme sanglé dans son habit de chez Jeanne Lanvin”, figure fragile et nerveuse, dont Scize croque le portrait avec une précision presque expressionniste. Et soudain, dans ce temple des convenances, le poète lâche un mot qui glace l’assemblée : “La guerre…”
Ce simple mot, écrit Scize, “fit de la salle une pierre”.

Car Valéry, à rebours de l’éloquence militaire, ose dire l’indicible : l’épouvante, la fatigue et la folie d’un monde qui songe encore à la guerre. “Comment, sans avoir perdu l’esprit, peut-on entretenir quelque illusion sur ses effets ?” reprend Scize, admiratif. Ce n’est plus le dandy du Cimetière marin, mais un témoin lucide qui parle, dans une Europe de 1931 déjà menacée par la montée des fascismes et hantée par la crise économique. En reprenant ses phrases les plus fortes, Le Canard se fait relais d’un pacifisme intellectuel que peu osent défendre publiquement.

La plume de Scize, vive et ironique, équilibre admiration et raillerie. Il salue la “flamme individualiste, anarchisante” qui survit chez Valéry, héritier du Mercure de France et du symbolisme, face à une Académie figée dans le culte de la “guerre régénératrice”. Il situe la scène dans cette “maison qui entend les homélies universitaires et tricolores d’un Doumic, d’un Bourget” — autrement dit, un sanctuaire poussiéreux d’un nationalisme à bout de souffle. Le contraste est saisissant : dans ce monde saturé de gloire et d’habits verts, le poète fait figure de résistant moral.

Mais la chute, tout en légèreté canaille, ramène la gravité du propos dans l’esprit familier du Canard :

“M. Paul Valéry [...] méritait bien, par son discours, cette réception à l’Académie du Cadran.”

Le Cadran, c’est bien sûr le bistrot attitré de la rédaction, place de la République, où les “immortels” du Canard — Bénard, Maréchal, Scize lui-même — refont chaque semaine le monde autour d’un verre de vouvray. Le trait final (“Et s’il veut offrir le vouvray, ça lui coûtera moins cher qu’un habit vert de chez Lanvin”) parachève le renversement comique : le Cadran contre l’Institut, le zinc contre la coupole, la verve populaire contre le rituel académique.

Sous ses airs de fantaisie, l’article dit tout : en 1931, Le Canard enchaîné se pose en contre-Académie, celle du rire libre et de la pensée affranchie. Et dans ce duel improbable entre Valéry et Lyautey, Scize reconnaît un frère d’armes : un poète qui, l’espace d’un discours, fit vaciller les certitudes de la France en uniforme.