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N° 785 du Canard Enchaîné – 15 Juillet 1931

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15 juillet 1931 — Le plan “qûqûnal” de M. Coty

Quand André Dahl parfume la satire au vitriol

François Coty, milliardaire du parfum et agitateur d’extrême droite, croit avoir trouvé le plan qui sauvera la France : un “plan qûqûnal” géré par… lui-même ! Dans un texte hilarant et terrifiant à la fois, André Dahl en fait un dictateur de papier, ministre de tout, chef de rien : le portrait d’un mégalomane en costume trois pièces, prêt à coller sa propagande sur tous les murs de la République.

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Le maintien entre les deux plaques, avec 8 petites pinces nickelées, supprime la vue des plis ainsi que leurs effets indésirables. Les marges autour du journal sont de 2 cm et sont ajustées au format de l’édition, qui a varié au fil des décennies.

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La France est presque sauvée, M. Coty a trouvé un plan

Le 15 juillet 1931, Le Canard enchaîné publie à sa une un article d’André Dahl intitulé « M. Coty a trouvé un plan », morceau d’humour féroce et de satire politique dans la plus pure tradition du journal. Sous la légèreté apparente du trait, c’est une charge virulente contre François Coty, industriel du parfum devenu milliardaire, patron de presse et agitateur politique d’extrême droite, que le Canard désigne ici comme « l’homme le plus dangereux de France ».

En 1931, Coty est à la tête d’un empire économique et médiatique. Son journal, L’Ami du peuple, diffuse un discours violemment nationaliste et antisémite, prônant un autoritarisme de type fasciste au moment où la France, frappée par la crise mondiale, traverse une période de désarroi politique et social. Dahl, plume acérée du Canard, choisit la farce pour disséquer la menace : il tourne en ridicule la mégalomanie du parfumeur en la poussant à son comble.
Dès les premières lignes, il le compare à un colleur d’affiches frénétique, capable de recouvrir tout Paris de son propre nom : « Ses premières affiches avaient dix grosses lignes, ça se regardait en dix secondes. Après, c’était déjà plus long. La dernière n’est pas loin de couvrir un hectare. » Derrière le comique visuel, on lit l’angoisse d’une époque saturée de propagande.

Mais la satire se double d’un détournement du discours économique. Coty, explique Dahl, a mis au point un “plan qûqûnal” — manière de se moquer du “plan Young”, le programme international de rééchelonnement des dettes allemandes, encore débattu à l’époque. Dans cette parodie d’économie politique, Coty fonde une “caisse” qui recevrait cent millions — somme qu’il administrerait bien entendu lui-même. À mesure que le texte progresse, Dahl fait de son personnage un dictateur burlesque qui s’octroie toutes les fonctions du pouvoir :

“Comme cette caisse aurait son siège rue de Rivoli, il est nommé, lui, Coty, ministre des Finances. […] Et comme, pour garder la caisse, il faut des gendarmes, il est également nommé ministre de l’Intérieur. Et comme il s’agit de bien voir que cet argent ne file pas à l’étranger, il est aussi ministre des Affaires étrangères.”
Le délire administratif se poursuit jusqu’à l’absurde : Coty devient Garde des Sceaux, colonel des pompiers, ministre de la Guerre et conservateur des Musées nationaux — tout un gouvernement Coty où la satire du pouvoir personnel prend des allures d’opérette.

Mais derrière l’humour, le propos politique est d’une lucidité glaçante. Le Canard dénonce un homme d’affaires qui s’imagine sauver la France au nom du “bon sens” financier, tout en préparant un autoritarisme populiste. Coty, “vilégiaturant à Fontainebleau”, se prend pour un chef et rêve d’une “France du pain sans produit chimique”, mais ses élans patriotiques ne sont que le masque d’un homme d’argent humilié par les élites, prêt à en découdre avec la République parlementaire.
Dahl, en bon caricaturiste politique, renverse la logique : l’ennemi de la démocratie ne vient plus des casernes, mais des vitrines — un industriel publicitaire qui vend du patriotisme comme il vend du parfum. “Il rend à la France de son pain sans produit chimique”, raille le journaliste, avant de conclure, cinglant : “Et puis, pour finir le plus beau du plan qûqûnal : il demande le remboursement immédiat des cent millions qu’il n’a jamais versés.”

Ce texte résume toute la ligne du Canard enchaîné à la veille des années 1930 : démasquer la comédie des sauveurs de la patrie, ces financiers et patrons de presse qui prétendent redresser la France à coups de “plans” et de slogans. Moins d’un an plus tard, Coty soutiendra ouvertement les ligues d’extrême droite, confirmant tragiquement la clairvoyance d’André Dahl.