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N° 790 du Canard Enchaîné – 19 Août 1931

N° 790 du Canard Enchaîné – 19 Août 1931

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19 août 1931 — Pierre Scize monte au front contre la censure du cinéma

Quand Le Canard défend l’écran contre les ligues de vertu

À cause des maires zélés, L’Opéra de quat’sous et Hallelujah restent interdits : la morale veille. Pierre Scize démonte avec humour cette double censure — politique et religieuse — qui réduit le cinéma à l’état d’« abrutissoir ». En 1931, Le Canard rappelle que la vraie menace ne vient pas des films, mais des pouvoirs qui craignent la pensée libre projetée sur grand écran.

Respectons les usages, dessin de Monier.

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Enchâssé entre deux feuilles d’acrylique (plexiglass extrudé*) il s’exposera aux regards sous son plus beau jour.

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*Transparence, légèreté, résistance aux chocs et aux UV

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Ciné

Dans son billet du 19 août 1931, publié en page 4 du Canard enchaîné, Pierre Scize s’en prend à un adversaire qu’il connaît bien : la censure. Mais cette fois, il ne s’agit pas de la censure politique ou militaire, déjà tant de fois dénoncée dans les colonnes du journal, mais de sa version « culturelle », celle qui frappe le cinéma — art populaire par excellence et, selon Scize, « mode d’expression tellement puissant » qu’il effraie les pouvoirs établis.

L’article s’ouvre sur une remarque qui tient lieu de constat national : « La stupidité de la censure cinématographique n’est plus à démontrer : elle est évidente comme le soleil de midi. » Ce ton d’évidence railleuse prépare un plaidoyer d’une lucidité étonnante pour l’époque. Scize ne se contente pas de moquer l’absurdité des décisions administratives ; il en démonte les rouages : la double censure, d’abord celle de la Commission Ginisty — du nom du président du comité de contrôle, ancien secrétaire perpétuel de l’Académie française —, puis celle, plus délirante encore, des maires, qui disposent chacun du pouvoir d’interdire une projection sur leur territoire.

Le journaliste en donne un exemple typique : le maire du Mans vient d’interdire trois films majeurs du moment, Les Nuits de Chicago, Club 73 et Hallelujah, ainsi que L’Opéra de quat’sous, chef-d’œuvre de Pabst, pourtant acclamé dans toute l’Europe. Pourquoi ? Pour des raisons morales, bien sûr : protéger les jeunes gens de « mauvais exemples ». Scize s’étrangle de ce paternalisme : comment, dans un pays où la presse inonde les kiosques de récits de crimes et de violences, peut-on craindre que des films d’art fassent du mal ?

Sous l’humour perce une réflexion sociopolitique profonde. Le cinéma, souligne-t-il, est devenu un outil de masse trop efficace pour ne pas inquiéter les détenteurs du pouvoir. Là où le théâtre touche quelques centaines de spectateurs, le film s’adresse à des milliers, dans la même soirée, dans toutes les villes de France. D’où la conclusion du Canard : « Les gouvernements ont le plus pressant intérêt à en contrôler la production. »

Scize voit clair : la censure n’est pas un accident moral mais une stratégie politique. Empêcher les foules de réfléchir, voilà le but réel. « Voyez-vous les ravages que pourraient exercer dans l’opinion des films intelligents sur la guerre, les banques, les sociétés anonymes, l’armée, la religion, la civilisation ? » La phrase sonne comme une prophétie. En 1931, rares sont ceux qui perçoivent encore la puissance du cinéma comme instrument d’opinion ; Scize, lui, en fait déjà un enjeu démocratique.

Mais il ne se départit jamais de son ironie. Quand il rapporte la scène des pères de famille refusant d’emmener leurs enfants au théâtre mais les autorisant au cinéma — « c’est bien ce qu’il y a d’agréable, n’est-ce pas ? Le cinéma, on peut y mener les enfants » —, il montre combien cette hypocrisie bourgeoise nourrit la censure qu’elle prétend déplorer. Le public veut des spectacles « inoffensifs », l’État lui en fournit, et tout le monde s’en satisfait.

La chute, lapidaire, résume toute la pensée du journaliste : « Il faut que, grâce aux censeurs, le cinéma demeure l’abrutissoir qu’il est devenu. Tel il est. Tel il restera, jusqu’à ce que tu sois, homme, débarrassé de tes chaînes. » La formule a des accents de pamphlet politique : la libération de l’homme passe par celle de l’esprit, et l’écran est l’un de ses champs de bataille.

En 1931, alors que la France découvre le cinéma parlant et que la censure morale se durcit, Scize oppose à l’obscurantisme des maires et des ligues de vertu la clairvoyance d’un humoriste républicain. Ce billet, sous ses airs de chronique de spectacle, marque l’une des premières défenses du cinéma libre dans la presse satirique française.