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N° 806 du Canard Enchaîné – 9 Décembre 1931

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Paul Reynaud rentre d’Indochine, Doumer au Casino

Décembre 1931 : Paul Reynaud revient d’Indochine, Paul Doumer s’amuse au Casino de Paris. Dans Le Canard enchaîné, Jules Rivet fait de ces deux scènes politiques un double vaudeville. Au Bourget, le ministre des Colonies, minuscule et égaré « derrière une caisse de bidons d’essence », symbolise un Empire en perte de prestige. À Paris, le président, hilare parmi les danseuses, incarne une République distraite. Avec une ironie toute feutrée, Rivet peint la comédie du pouvoir colonial à la française — où le sérieux des discours s’efface derrière le burlesque des attitudes. Le prestige impérial ? Une revue qui ne fait plus rire que malgré elle.

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9 décembre 1931 : Paul Reynaud rentre d’Indochine, Doumer au Casino

Quand le Canard enchaîné transforme le prestige colonial en vaudeville ministériel

Sous la plume de Jules Rivet, Le Canard enchaîné du 9 décembre 1931 livre deux chroniques parallèles qui se répondent comme deux scènes d’une même comédie politique : d’un côté, « M. Paul Reynaud, retour d’Indochine, est rentré à Paris », grand numéro de diplomatie coloniale tournée en dérision ; de l’autre, « M. Doumer au Casino de Paris », où le président de la République devient spectateur hilare d’un Paris en pleine crise morale.

La première histoire s’ouvre au Bourget, théâtre improvisé d’une « belle manifestation ». Rivet installe aussitôt le ton : les badauds hésitaient, ce vendredi, « entre une partie de grenouille et une belote » avant de choisir « le plus comique » — assister au retour du ministre. Le mot est lâché : le retour de Paul Reynaud, ministre des Colonies, n’est pas événement d’État mais spectacle de cirque. Et quel cirque !
L’avion ministériel a atterri, mais on ne trouve pas le ministre. On le cherche, on s’agite, on scrute la carlingue. Enfin, une voix fluette s’élève : « C’est moi ! », lance Reynaud, minuscule, qu’on extrait de l’appareil « avec ménagement ». La foule l’applaudit poliment, Judas-Louis Dumesnil, ministre de l’Air, le salue en uniforme, le maréchal Lyautey l’embrasse, le jeune empereur d’Annam se courbe. Et pourtant, Reynaud disparaît à nouveau, retrouvé un peu plus loin, caché derrière « une caisse de bidons d’essence ».

La satire est d’une précision chirurgicale. Rivet ne caricature pas Reynaud en homme ridicule : il montre, en journaliste ironique, l’absurdité du cérémonial colonial. À travers cette mise en scène grotesque, c’est tout l’imaginaire impérial français qui vacille. Car nous sommes à la fin de 1931, quelques semaines après la fermeture de l’Exposition coloniale internationale. Le prestige impérial, si bruyamment célébré à Vincennes, s’effiloche dans une comédie de petits hommes et de grands discours. L’ironie de Rivet n’a rien d’anodin : derrière les rires, on perçoit la lassitude d’une époque qui ne croit plus à ses mythes.

La chute du texte achève le portrait : le ministre, de retour, s’étonne des « Annamites très grands, très géants » et se vante d’avoir failli « ne pas arriver à la ceinture ». Le Canard appuie sur l’absurde ethnocentrisme de ce regard colonial, réduit à une anecdote de taille.

À la page suivante, Rivet change de scène mais pas de ton. Dans « M. Doumer au Casino de Paris », il dépeint le président de la République assistant, en toute décontraction, à la revue Paris qui brille. Prétexte officiel : une représentation de bienfaisance. Vérité : « M. Doumer est mort d’envie, et il y a quinze jours déjà, au promeneur du soir où on l’a tant cherché à l’Élysée. » La phrase, glissée avec un humour pince-sans-rire, annonce la suite : Doumer s’amuse, plaisante en coulisses, tape dans le dos des artistes, et « imite à s’y méprendre le cri de l’ours blanc dans la Tempête de neige ». Le président se mue en comédien, et la République en théâtre.

Ces deux portraits croisés — Reynaud, lilliputien colonial, et Doumer, cabotin présidentiel — composent une fresque satirique du pouvoir en 1931. À l’heure où la crise économique fragilise le pays et où le discours impérial sert d’échappatoire, Le Canard enchaîné choisit le rire comme scalpel. Rivet, en chroniqueur élégant, ne dénonce pas frontalement : il montre. Les ministres, les maréchaux, les empereurs d’opérette défilent comme dans une revue, et l’Empire, malgré ses fanfares, n’est plus qu’une farce de music-hall.

Le dessin inséré sous le titre « Après le retour » résume tout : un danseur annamite gesticule devant un Conseil de cabinet hilare, caricature parfaite d’une France qui transforme sa puissance coloniale en numéro d’opérette.