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N° 809 du Canard Enchaîné – 30 Décembre 1931

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Pendant la crise … Offrez des étrennes utiles

Décembre 1931 : la France s’enfonce dans la crise, et le Canard enchaîné offre à ses lecteurs un guide d’étrennes… pas comme les autres. Sous la plume de Roger Salardenne, chaque figure du pouvoir reçoit son cadeau symbolique : un rasoir pour Doumer, des échasses pour Reynaud, un sifflet pour Tardieu — et, pour tous les Français moyens, « une ceinture agrémentée de nombreux crans ». Parodiant la morale économique du moment, Le Canard clôt l’année sur un éclat de rire désabusé : quand les ministres prêchent la dépense, le peuple, lui, serre la ceinture.

Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix

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Chaque numéro ou journal anniversaire, peut être inséré dans une pochette cadeau au choix, d’un très beau papier pur coton, comportant une illustration originale spécialement réalisée pour COUAC ! par Fabrice Erre ou Laurent Lolmede, ou pour les premiers lecteurs du Canard Enchainé par Lucien Laforge.

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30 décembre 1931 : des “étrennes utiles” pour temps de crise

Quand Roger Salardenne tourne en dérision la morale économique de la IIIᵉ République

En cette fin d’année 1931, la France grelotte — moralement autant qu’économiquement. Depuis deux ans, la crise mondiale déclenchée par le krach de Wall Street s’est installée dans l’Hexagone. Le chômage gagne, le commerce piétine, et la politique se crispe. Dans ce climat d’angoisse et de restriction, le ministre du Travail Louis Landry a récemment appelé ses concitoyens à « dépenser pour lutter contre la crise », une phrase qui fit les délices du Canard enchaîné de décembre. Roger Salardenne, fidèle au ton caustique du journal, prolonge la blague dans son article « Offrez des étrennes utiles », publié à la veille du Nouvel An.

Sous couvert de sages conseils économiques, le texte détourne avec malice les exhortations officielles. Le ton, faussement grave, mime celui des moralistes de la presse bourgeoise : « Les temps sont durs, il serait vain de le nier… Pour conjurer cette crise, a dit sagement M. Landry, il faut dépenser sans compter et non compter sans dépenser. » La sentence ministérielle devient slogan publicitaire, et Salardenne pousse la logique jusqu’à l’absurde : puisqu’il faut dépenser, autant offrir des cadeaux “utiles” — mais utiles à qui ? Aux puissants, bien sûr.

La chronique prend alors la forme d’un inventaire jubilatoire : chaque personnalité politique se voit gratifiée d’un présent soigneusement choisi pour moquer ses travers.
Ainsi, Paul Doumer, président de la République, reçoit « un rasoir Gillette, un almanach Vermot, une poêle à frire, un flacon de pommade pour lèvres gercées et une échelle de corde pour faire le mur de l’Élysée ». Tout un symbole : un chef d’État prisonnier de son palais, dont on imagine la fuite grotesque.
Pierre Laval, encore ministre, héritera « de la collection des guides Joanne » pour ses voyages et d’« une règle à calcul », clin d’œil à son esprit comptable.
Paul Reynaud, moqué pour sa petite taille, reçoit « une paire d’échasses » et « une plume de paon ». Quant à André Tardieu, président du Conseil, il devra se contenter d’un « sifflet à roulette » et d’un « traité d’agriculture simplifiée », satire directe de ses prétentions réformatrices.

Salardenne frappe juste : il ridiculise les notables sans jamais s’éloigner de l’air du temps. L’économie s’effondre, mais la politique continue de jouer à la parade. Derrière chaque “étrenne utile”, le lecteur reconnaît un vice national : la vanité, l’autorité creuse, l’impuissance du pouvoir. Même les figures de la haute société ne sont pas épargnées : au baron de Rothschild, on offrira « un presse-purée », et au maréchal Lyautey, grand organisateur de l’Exposition coloniale, « des boîtes de choucroute en conserve provenant des stocks de Vincennes ». La boucle est bouclée : le faste impérial, célébré quelques mois plus tôt, finit en conserve.

La chute est à l’image du Canard : mordante mais populaire. Après avoir énuméré les gratifications absurdes des puissants, Salardenne conclut :

« Enfin, tous les Français moyens, y compris les chômeurs, recevront, pour leurs étrennes, une magnifique ceinture agrémentée de nombreux crans. »
La métaphore est parfaite. En 1931, on ne promet plus la prospérité : on serre la ceinture — au propre comme au figuré.

Cette chronique clôt l’année sur un rire amer. Elle capture la tonalité du Canard dans la France de la crise : une ironie tendre pour les petits, féroce pour les grands. Salardenne, dans son style enlevé, mêle satire sociale et humour ménager, révélant un pays oscillant entre résignation et dérision. Au seuil de 1932, la République n’a plus qu’un vœu à formuler : que la ceinture tienne encore un peu.