Expédition de votre Canard enchainé

EXPEDITION SOUS 24H

Envoi soigné de votre Canard enchainé

ENVOI SOIGNÉ

Paiement sécurisé pour l'achat de votre Canard enchainé

PAIEMENTS SÉCURISÉS

Livraison offerte de votre Canard enchainé à partir de 15€ de commande

LIVRAISON OFFERTE À PARTIR DE 15€

Paiement sécurisé pour l'achat de votre Canard enchainé

PAIEMENTS SÉCURISÉS

N° 813 du Canard Enchaîné – 27 Janvier 1932

N° 813 du Canard Enchaîné – 27 Janvier 1932

59,00 

En stock

Une belle initiative présidentielle

En janvier 1932, le Canard enchaîné salue ironiquement la « belle initiative » du président Doumer : remettre la Légion d’honneur… entre le café et le métro. André Dahl transforme le chef de l’État en distributeur ambulant de rubans rouges, décorant ses amis au restaurant, dans le métro ou sur un manège à chevaux de bois. Une satire réjouissante de la vanité républicaine et du culte des distinctions, à lire comme une carte postale grinçante de la Troisième République finissante.

Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix

En stock

Canard au naturel
Canard en chemise

Chaque numéro ou journal anniversaire, peut être inséré dans une pochette cadeau au choix, d’un très beau papier pur coton, comportant une illustration originale spécialement réalisée pour COUAC ! par Fabrice Erre ou Laurent Lolmede, ou pour les premiers lecteurs du Canard Enchainé par Lucien Laforge.

Cette pochette cadeau assure aussi une conservation optimale du journal : un papier au PH neutre limitant la dégradation des vieux journaux sur la durée.

Décliné en 4 pochettes originales (Gratuite)
Pochette offerte pour toutes éditions d’un prix supérieur à 59€
Visualiser les illustrations en cliquant sur le nom des auteurs

Canard laqué

Enchâssé entre deux feuilles d’acrylique (plexiglass extrudé*) il s’exposera aux regards sous son plus beau jour.

Les propriétés anti-UV de ce plexiglass de 2 mm lui assureront une conservation optimale limitant le jaunissement.

Le maintien entre les deux plaques, avec 8 petites pinces nickelées, supprime la vue des plis ainsi que leurs effets indésirables. Les marges autour du journal sont de 2 cm et sont ajustées au format de l’édition, qui a varié au fil des décennies.

*Transparence, légèreté, résistance aux chocs et aux UV

Cette présentation est déclinée en 2 options :

Plexi transparent (30€) servant de fond, plus discret mais élégant il permet aussi la vision de la dernière page du journal.
Plexi noir (35€) servant de fond, il met en valeur la teinte et le format du journal, s’harmonisant parfaitement avec les encres noires de la page.

27 janvier 1932 : La Légion d’honneur, service à domicile

Sous la plume d’André Dahl, le Canard enchaîné salue à sa manière « une belle initiative présidentielle » : la distribution à domicile de la Légion d’honneur par Paul Doumer lui-même. Ce faux éloge, évidemment, est une charge réjouissante contre la manie décoratrice de la Troisième République et les petits travers du chef de l’État, alors au sommet de sa popularité.

Le président Doumer, ancien industriel et parlementaire radical, multipliait en effet les gestes symboliques, parfois au mépris du protocole. En janvier 1932, il s’efforçait d’incarner un chef de l’État proche du peuple : visites d’usines, inaugurations locales, banquets d’anciens combattants. André Dahl reprend ce trait et le pousse jusqu’à l’absurde : un président qui, croix en poche, décore à tour de bras le premier venu — un ami de bistrot, un administrateur de compagnie, un passant du métro, un général de manège à chevaux de bois. L’effet comique repose sur le contraste entre la solennité supposée du ruban rouge et la trivialité des lieux.

Chez Chartier, le décor est planté : salade de lentilles, merlan frit, brie maison, et le président qui tire une croix de sa poche pour la fixer sur la poitrine d’un ami entre deux plats. Dans le métro Concorde, nouvelle scène cocasse : « Excuse-moi si je ne te donne pas l’accolade, mais dans le métro, ça remue trop ! » écrit Dahl. Le Canard s’amuse ici de la démocratisation grotesque de l’honneur, où la distinction perd tout sens dès lors qu’elle devient aussi banale qu’un ticket de métro.

La satire est double : elle vise à la fois l’obsession nationale pour les décorations — cette “maladie du ruban rouge” déjà moquée par Courteline — et le culte du geste présidentiel qui, sous couvert de simplicité, masque une profonde vanité. En brodant sur la popularité de Doumer, Dahl souligne la comédie du pouvoir : cette façon qu’a la Troisième République de se donner des airs de proximité tout en cultivant le prestige vide des symboles. L’ironie se déploie jusque dans le pastiche administratif final : la « Grande Chancellerie » qui se réserve le droit d’augmenter ses frais de déplacement si la croix est remise « à domicile ».

Lorsque l’article paraît, Paul Doumer n’a plus que quelques mois à vivre : il sera assassiné le 6 mai 1932 par un déséquilibré d’origine russe. Dahl, bien sûr, ne pouvait le savoir, mais son portrait d’un président bonhomme et infatigable prend, rétrospectivement, un accent presque attendrissant. En janvier 1932, c’est un chef d’État de 75 ans, sans réel pouvoir mais avide de reconnaissance, que le Canard transforme en livreur d’honneurs improvisé — un “postier du mérite” distribuant ses croix avec la légèreté d’un facteur Cheval.

Sous le rire, une satire sociale aiguë : dans une France en crise, où le chômage et la misère progressent, le ruban rouge reste la consolation dérisoire d’un régime qui ne sait plus comment honorer ses citoyens autrement qu’en leur épinglant des médailles.