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N° 827 du Canard Enchaîné – 4 Mai 1932

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LA FRANCE A VOTE

Les premiers résultats paraissent réconfortants, par Jules Rivet – Entre deux tours des élections législatives – Tardieu – de Wendel – colonel Fabry – Importantes déclarations de M. Herriot « Le triomphe des gauches c’est le sou à un franc », par André Dahl Les avant-guerres, par Pierre Scize. Au sujet de la publication par Jean Galtier-Boissière dans son Crapouillot, de Une histoire de la guerre. « Puisse l’Histoire de la guerre, racontée sans phrase, sans lyrisme, par un des hommes de la génération sacrifiée qui s’est gardé le plus jeune, le plus semblable à la jeunesse d’aujourd’hui, instruire les malheureuses dupes des futurs combats ». Glissement prononcé vers la gauche, « Le Matin », dessin de Pol Ferjac.

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Chaque numéro ou journal anniversaire, peut être inséré dans une pochette cadeau au choix, d’un très beau papier pur coton, comportant une illustration originale spécialement réalisée pour COUAC ! par Fabrice Erre ou Laurent Lolmede, ou pour les premiers lecteurs du Canard Enchainé par Lucien Laforge.

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Enchâssé entre deux feuilles d’acrylique (plexiglass extrudé*) il s’exposera aux regards sous son plus beau jour.

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Le maintien entre les deux plaques, avec 8 petites pinces nickelées, supprime la vue des plis ainsi que leurs effets indésirables. Les marges autour du journal sont de 2 cm et sont ajustées au format de l’édition, qui a varié au fil des décennies.

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4 mai 1932 : Drégerin raille la “bonne humeur” de Tardieu et la comédie électorale de la Troisième République

Au lendemain du premier tour des élections législatives, Le Canard enchaîné du 4 mai 1932 publie à la page 3 un article signé Drégerin — pseudonyme d’un chroniqueur maison rompu à la satire politique. Son titre, « La bonne humeur bat son plein dans l’entourage de M. Tardieu », annonce d’emblée la couleur : derrière l’apparente jovialité des bureaux ministériels, c’est la panique du pouvoir que le Canard met en scène.

Nous sommes entre les deux tours d’une campagne houleuse. Le président du Conseil André Tardieu, chef d’un gouvernement de droite autoritaire et technocratique, tente de sauver les meubles après un scrutin où le Bloc national s’est effrité et où la gauche reprend des couleurs. Face à lui, l’alliance radicale-socialiste de Édouard Herriot et Paul-Boncour engrange les succès, tandis que l’usure du pouvoir et les scandales financiers minent la majorité sortante. Dans ce contexte de déroute annoncée, Drégerin compose une farce : Tardieu et ses collaborateurs ne cessent de jurer qu’ils gardent « bonne humeur » — un comique de façade où la légèreté masque la fébrilité du désastre.

La scène se déroule dans un décor de comédie politique. On rit beaucoup, on s’encourage, on plaisante sur les défaites à venir. Les collaborateurs du ministère, « les journalistes (sic) de la Maison », trinquent en se félicitant de « voter du cœur ». On y évoque des candidats battus, des ministres moroses, des promesses impossibles à tenir. L’ivresse tient lieu d’optimisme : « On trouvait la bière aigre, mais gratuite », écrit Drégerin, avant de décrire un univers de faux-semblants, où la camaraderie se confond avec la compromission. La satire est précise, cruelle : « À minuit, un huissier sortit en portant trois bouteilles de champagne vides sur une chaise… Alors quelqu’un s’écria : c’est le sentiment général ! »

Au-delà du trait, c’est tout un système que l’auteur attaque. La campagne électorale de 1932 est l’une des plus cyniques de la Troisième République : manipulations de presse, pressions administratives, « désistements spontanés » négociés à la hâte. Drégerin s’en moque ouvertement. Le ton faussement léger du texte masque une férocité de fond. Sous ses airs d’anecdote, il décrit un pouvoir aux abois, prêt à toutes les contorsions pour sauver quelques sièges. On télégraphie aux préfets des instructions « pour éclairer l’opinion » ; on charge le gouverneur de la Banque de France, M. Moret, de « veiller à ce qu’il ne subsiste plus aucune rumeur malencontreuse » ; on rédige même des ordres secrets pour « disperser les badauds ». La République de Tardieu ressemble à une pièce de Courteline où la bureaucratie flirte avec la tyrannie.

L’humour du Canard repose sur ce contraste : la comédie des puissants sert de miroir à la gravité du moment. Drégerin accumule les dialogues imaginaires, pleins d’absurdités : un ministre ivre s’écrie qu’il aime mieux « qu’on dise de moi : il a bu ! que : il a balloté ! » ; un autre propose de dissiper les rumeurs « en chantant une cantate de composition maison » ; un troisième assure que « la Banque veillera à la bonne humeur du marché ». À travers ces mots, c’est le mensonge collectif du régime qu’il démasque : celui d’une classe dirigeante qui se croit encore maîtresse de ses électeurs, alors qu’elle a perdu le pays.

Le dessin de Pol Ferjac placé à côté du texte accentue cette ironie. On y voit deux individus, éméchés, qui se congratulent à la porte d’un débit de boissons : « J’aime mieux que mon candidat soye en ballotage...J'ai encore soif... » L’image, aussi simple qu’efficace, résume le propos de l’article. Les politiciens boivent pour oublier le verdict des urnes, comme d’autres boiraient pour oublier une guerre perdue. L’alcool devient ici la métaphore d’un pouvoir qui s’enivre de ses propres formules et qui titube vers la sortie.

Le contexte historique rend ce tableau d’autant plus saisissant. Le 1er mai 1932, le premier tour des élections a infligé un désaveu brutal au gouvernement. Le 8 mai, la gauche sortira victorieuse : Herriot reprendra la présidence du Conseil, Tardieu chutera, et la crise politique s’aggravera encore. Quinze jours plus tard, le 6 mai, le président Paul Doumer sera assassiné par un émigré russe, Paul Gorguloff, scellant symboliquement la fin d’une époque. Le Canard, lui, a déjà perçu la décrépitude du régime : derrière le rire, il écrit une chronique de naufrage.

Drégerin, dans cette page, pousse à son comble l’art du Canard de l’entre-deux-guerres : une ironie en trompe-l’œil, un humour de déflagration. Sous la « bonne humeur » de Tardieu, il fait entendre la peur, la corruption, le désarroi d’une classe politique à bout de souffle. Et quand il conclut sur les « mesures énergiques pour le second tour », chacun comprend que la République, elle, ne tient plus qu’à un fil de télégraphe.