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N° 849 du Canard Enchaîné – 5 Octobre 1932

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Un geste peu français

5 octobre 1932 : trois ministres britanniques démissionnent par principe — un geste impensable en France, raille Drégerin dans Le Canard enchaîné. Sous le titre « Un geste peu français », il étrille les politiciens de la Troisième République, attachés à leurs maroquins comme à leur vie. Un texte féroce sur le courage politique… qui s’arrête à la frontière.

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5 octobre 1932 : quand Drégerin raille la vertu politique — « Un geste peu français »

À la une du Canard enchaîné du 5 octobre 1932, Drégerin signe un texte d’une ironie mordante intitulé « Un geste peu français ». Le ton est faussement admiratif : l’auteur salue les trois ministres britanniques du gouvernement de Ramsay MacDonald qui viennent de démissionner par désaccord politique — mais cette louange, évidemment, n’est qu’un miroir tendu à la classe politique française. Ce qui se veut un « geste d’honneur » de l’autre côté de la Manche devient, sous la plume du Canard, le révélateur de la résignation, de la souplesse et de l’hypocrisie parlementaires qui règnent à Paris.

Un scandale… britannique

L’affaire à laquelle fait allusion Drégerin se déroule dans les derniers jours de septembre 1932 : trois ministres libéraux du gouvernement d’union nationale britannique — Herbert Samuel, Archibald Sinclair et Lord Snowden — choisissent de quitter le cabinet MacDonald, refusant de cautionner la politique économique du Premier ministre travailliste, qui s’aligne de plus en plus sur une ligne conservatrice. Leur départ, en pleine crise financière mondiale, est salué par la presse britannique comme un acte de cohérence et de courage moral.

Drégerin s’en amuse aussitôt : « Ces trois ministres, à qui personne ne demandait rien, ont brusquement éprouvé le besoin de se démissionner spontanément. Et pourquoi ? Parce qu’ils n’étaient plus d’accord avec M. MacDonald ! » L’ironie fuse : dans un pays habitué à la discipline de parti et au respect des idées, un désaccord entraîne un départ ; dans la France parlementaire, il n’entraîne qu’un ministère de plus.

Un miroir tendu à la République

L’auteur feint de s’étonner : « Est-ce que nous aurions jamais vu pareille chose en France ? » Et le reste de l’article s’emploie à démontrer, par une série d’exemples grinçants, que la fidélité à soi-même n’est pas une vertu nationale. Drégerin convoque les figures politiques de la Troisième République — Louis Marin, Paul Painlevé, Jacques-Louis Dumesnil, Mario Roustan, Aristide Briand — pour mieux les accuser de souplesse opportuniste. Aucun, selon lui, n’aurait quitté un gouvernement pour simple désaccord moral ou doctrinal.

Le trait devient satire : « Est-ce que M. Dumesnil, en accordant son concours à M. Tardieu, s’est demandé sournoisement s’il était de la même opinion radicale-socialiste que lui ? » ; « Est-ce que M. Blaisot, pour M. Binet-Valmer, a imaginé une seule fois qu’il lui était impossible de collaborer avec Aristide Briand ? » Drégerin fait feu de tout bois : l’absence de conviction, la survie politique à tout prix, la confusion des étiquettes — tout y passe.

Son humour repose sur un principe de contraste : les Anglais, gens d’« excentricité » mais de droiture, face aux Français, peuple de combinaisons. Le titre, « Un geste peu français », résume l’attaque : dans le dictionnaire du Canard, « peu français » veut dire « honnête ».

Une satire du parlementarisme finissant

Au-delà de la pique contre les ministres de salon, le texte vise le cœur du régime : le parlementarisme de la Troisième République, en 1932, est à bout de souffle. Les gouvernements se succèdent à un rythme effréné — sept en trois ans —, les alliances se font et se défont selon les votes et les humeurs de la Chambre. Le ton désabusé du Canard reflète cette lassitude collective.

Quand Drégerin écrit : « En France, nous nous faisons gloire de prendre au sérieux les institutions parlementaires », il assène la dernière gifle : cette « gloire » n’est qu’une façade. L’honneur du désaccord, le courage de dire non, la cohérence d’un engagement sont remplacés par la gymnastique du portefeuille. Et le journaliste conclut par une chute d’un cynisme délicieux : « Si M. MacDonald doit regretter sincèrement de n’être pas venu recruter son personnel dans les couloirs de notre Chambre, il aurait eu beaucoup moins de complications. »

Cette dernière phrase vaut plus qu’un bon mot : elle exprime tout le mépris du Canard pour la classe politique française, qui ne démissionne jamais — ni de ses fonctions, ni de ses illusions.

Une leçon d’ironie politique à la française

Sous la plaisanterie, Drégerin met le doigt sur un malaise profond : la crise morale du régime. 1932, c’est l’année de la victoire électorale du Cartel des gauches, revenue au pouvoir sur la promesse de redresser le pays, mais déjà en proie aux divisions internes. Herriot, revenu à la tête du gouvernement, se heurte à la déflation, aux attaques de la droite et à l’indifférence du peuple. L’Europe, elle, s’enfonce dans la crise économique et politique.

Dans ce contexte, l’humour de Drégerin n’est pas seulement moqueur : il est lucide. Il rappelle que le déclin des institutions commence toujours par celui de la conscience. En rendant hommage, à sa manière, à trois Anglais démissionnaires, il signe une chronique française du renoncement : celle d’un pays où la fidélité à un poste vaut mieux que la fidélité à une idée.