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N° 898 du Canard Enchaîné – 13 Septembre 1933

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Le premier mort de la prochaine

Le 13 septembre 1933, Le Canard enchaîné publie une tribune foudroyante de Pierre Châtelain-Tailhade : « Le premier mort de la prochaine ».
Sous ce titre glaçant, l’auteur attaque Albert Einstein, qu’il accuse d’avoir trahi son pacifisme en appelant à résister à Hitler.
Dans une langue en feu, il dénonce la “civilisation européenne” qui justifie le meurtre au nom de la peur.
Visionnaire, ce texte prédit la guerre totale à venir — et fait d’Einstein, figure de conscience brisée, le “premier mort” d’un monde qui se prépare à recommencer l’horreur.

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“Le premier mort de la prochaine” : Châtelain-Tailhade face à Einstein et à la tentation guerrière

À l’automne 1933, Le Canard enchaîné publie un texte fulgurant signé Pierre Châtelain-Tailhade, pamphlétaire au verbe haut et à la plume trempée d’acide.
Sous le titre prophétique « Le premier mort de la prochaine », il s’en prend non pas à un chef d’État, ni à un dictateur — mais à Albert Einstein lui-même.
Ce n’est pas un procès d’intelligence : c’est une charge morale, dirigée contre le pacifiste déçu devenu partisan de la résistance armée à Hitler.


Einstein, de la paix à l’exil

En septembre 1933, l’Allemagne hitlérienne a déjà exclu les Juifs de la fonction publique, brûlé des livres, persécuté les intellectuels.
Einstein, savant mondialement admiré et pacifiste convaincu depuis la Grande Guerre, a quitté Berlin quelques mois plus tôt.
Il s’installe aux États-Unis, indigné, mais aussi inquiet. Et pour la première fois, lui qui avait prôné la désobéissance à la guerre et à la conscription, en vient à affirmer que le monde civilisé doit se défendre contre Hitler.
Cette volte-face, que beaucoup saluent comme une prise de conscience, Châtelain-Tailhade la juge impardonnable.


Le “traître” de la conscience

Dès la première phrase, le ton est donné :

“Rien que de très humain.”

Ainsi commence le texte, comme une froide constatation.
Einstein, “un être d’élite”, écrit l’auteur, avait offert “à nos principes, à nos espérances, l’appui de sa gloire, l’honneur de son adhésion.”
Mais “un jour, il a souffert atrocement.”
Sous les insultes, les humiliations, l’exil, le savant a peur. Et cette peur, selon Châtelain-Tailhade, le conduit à trahir sa foi pacifiste :

“Einstein a peur. Alors il oublie tout.”

Cette phrase lapidaire condense tout le reproche.
L’homme qui incarnait la résistance morale au nationalisme céderait, au premier coup porté, à la tentation du glaive.


Une accusation d’une violence rare

L’article est écrit comme une homélie inversée, un sermon contre le retour du meurtre collectif.
Châtelain-Tailhade accuse Einstein d’avoir réhabilité la guerre en la rebaptisant “défense de la civilisation”.
Et le mot “civilisation”, dans la bouche du Canard, n’a rien d’un compliment : il désigne la barbarie polie des démocraties occidentales.

“Il paraît que cela s’appelle contribuer au sauvetage de la civilisation européenne.”

Tout le texte s’enroule autour de cette ironie : si même Einstein se met à prêcher la mobilisation, alors la prochaine guerre est déjà gagnée — par la mort.
Le titre devient alors une épitaphe anticipée : “Einstein, premier mort de la prochaine.”


Une dénonciation visionnaire

À travers Einstein, c’est tout l’Occident que Châtelain-Tailhade vise.
Les “brutes triomphantes” sont certes les nazis, mais l’auteur réserve ses flèches les plus acérées aux gouvernements français et britanniques, aux “profiteurs” et “meneurs d’intrigues” qui, en quatorze ans, ont transformé la paix de 1918 en trahison hypocrite.

“Il oublie le refus hypocrite de souscrire à la parole donnée à Versailles : la promesse de briser nos armes devant une Allemagne désarmée.”

Le pacifisme de Châtelain-Tailhade n’a rien d’un angélisme : c’est un pacifisme d’avant-guerre, nourri de rancune contre le mensonge des vainqueurs.
Dès 1933, il voit poindre une seconde apocalypse, où les bombes au phosphore remplaceront les tranchées et où “les vieux, mâchoires béantes, vomissant leurs poumons déchirés, porteront haut et ferme le drapeau des civilisés.”

C’est un passage d’une brutalité saisissante — vision quasi prophétique des villes incendiées et des gaz chimiques qui marqueront la Seconde Guerre mondiale.


Le pacifisme contre la peur

L’article ne pardonne pas.
Pour Châtelain-Tailhade, le renoncement d’Einstein, fût-il compréhensible, ouvre une brèche mortelle : si les consciences les plus pures justifient la guerre, alors plus rien ne l’arrête.
Et la conclusion, sarcastique, frappe comme une gifle :

“La République nous appelle ; sachons vaincre ou sachons périr... mais qui ne vainquent jamais que leurs scrupules et ne meurent que dans leur lit !”

Le Canard retourne contre les patriotes leurs propres hymnes : derrière “La République nous appelle”, il n’y a plus qu’un chœur de vieillards aveugles et de discours creux.
La satire, ici, touche au désespoir : même les pacifistes finissent par ressembler à leurs bourreaux.


Une colère lucide

Le texte de Châtelain-Tailhade s’inscrit dans une série d’articles de 1933 où Le Canard enchaîné s’élève contre la résurgence du bellicisme.
Après les sarcasmes de Drégerin sur “les familles corné­liennes”, après les charges de Bénard contre “l’autorité”, voici l’écho le plus grave : celui d’une conscience blessée.
Einstein devient le symbole d’une humanité sans refuge, oscillant entre peur et devoir.
Et derrière la virulence du pamphlet, perce une angoisse : la guerre reviendra, parce que la paix n’a jamais été voulue.

Châtelain-Tailhade, en 1933, ne sait pas encore que la phrase “le premier mort de la prochaine” sera bientôt littérale.
Mais il en sent déjà le souffle — celui d’une Europe prête à brûler à nouveau, au nom de sa propre “civilisation”.