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N° 901 du Canard Enchaîné – 4 Octobre 1933

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Deux traîtres

Le 4 octobre 1933, Le Canard enchaîné publie « Deux traîtres », un chef-d’œuvre d’ironie signé Drégerin.
Sous prétexte de défendre la patrie, la presse nationaliste hurle à la trahison parce que Daladier et Paul-Boncour participent à la Conférence du désarmement.
Drégerin feint de s’indigner pour mieux les défendre — et retourne le mot “traître” contre les vrais coupables : les marchands d’armes, soutenus par L’Écho de Paris et La Liberté.
Derrière la farce, une vérité glaçante : en 1933, c’est la paix qu’on accuse de trahison.

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“Deux traîtres” : Drégerin démasque les marchands de peur

Le 4 octobre 1933, Le Canard enchaîné publie un texte foudroyant signé Drégerin, sous un titre qui sonne comme une provocation : « Deux traîtres ».
Mais ici, les “traîtres” ne sont pas ceux qu’on croit.
L’article se moque du vacarme patriotard déclenché par la presse de droite — L’Écho de Paris et La Liberté — contre deux hommes du gouvernement français accusés d’un crime imaginaire : avoir voulu… désarmer.
Sous la plume de Drégerin, cette indignation devient une farce sinistre : la France se cabre à l’idée même de la paix.


Le contexte : l’Europe malade de la guerre

En octobre 1933, l’Europe sort à peine du cauchemar de la Première Guerre mondiale, mais déjà, l’ombre d’un nouveau conflit s’étend.
L’Allemagne d’Hitler, arrivée au pouvoir neuf mois plus tôt, vient de se retirer de la Conférence mondiale du désarmement et de la Société des Nations.
La tension monte.
À Paris, la presse nationaliste — menée par L’Écho de Paris de Pertinax (André Géraud) et La Liberté de Camille Aymard — hurle à la trahison : pour elle, parler désarmement, c’est déjà capituler.
Dans ce climat empoisonné, le ministre des Affaires étrangères Joseph Paul-Boncour et le ministre de la Guerre Édouard Daladier sont envoyés à Genève pour participer aux négociations.
Leur tort ? Avoir prononcé le mot “désarmement” sans frapper du poing sur la table.


L’ironie comme arme de démolition

Drégerin, fidèle à son style caustique, ne s’indigne pas : il rit.
Son texte est construit comme une parodie d’éditorial patriotique, reprenant la syntaxe et les tics de la presse réactionnaire pour mieux les retourner contre elle.
Dès l’ouverture, il plante le décor :

“Tout le pays patriote a fait écho à l’indignation de M. Pertinax, de L’Écho de Paris, laquelle n’a d’égale que l’indignation de M. Camille Aymard, de La Liberté.”

Deux indignations, deux tambours battant la même marche guerrière.
Et Drégerin de feindre la gravité :

“Nous en apprenons de belles, en effet. Et qui en disent long sur la dissimulation, l’ignorance et la sottise de nos dirigeants cartellistes.”

Le mot “cartellistes” — référence au Cartel des gauches — vise le gouvernement radical-socialiste de Daladier, mais Drégerin en fait un mot-valise ironique : un cartel, oui, mais celui des marchands de canons.


Les patriotes de salon

L’auteur ridiculise la presse belliciste en imitant sa rhétorique jusqu’à l’absurde.
On imagine Paul-Boncour “ramant sur le lac” ou “levant son verre à la hauteur de ses convictions genevoises” — une manière élégante de dire que les diplomates français sont traités comme des mondains indignes du drapeau.
Mais la révélation tombe :

“À la Conférence du désarmement, MM. Daladier et Paul-Boncour sont en train de désarmer la France.”

Le ton, faussement dramatique, devient pure dérision.
Drégerin retourne l’argument nationaliste comme une crêpe : si désarmer, c’est trahir, alors la paix est une trahison.
L’outrance des journaux conservateurs — “flagrante trahison”, “appel à la Haute Cour” — n’est plus que théâtre : les “bons patriotes” ont remplacé le débat par l’aboiement.


Les vrais bénéficiaires du scandale

Sous la caricature, la critique est cinglante.
Drégerin dévoile les véritables inspirateurs de cette “indignation nationale” :

“Nous sommes sûrs d’être ici les interprètes de MM. Pertinax et Camille Aymard (et avec eux, des maisons de Wendel, Schneider, Krupp, Skoda, Hotchkiss, Vickers, etc.)”

Cette phrase suffit à résumer tout le système.
Les marchands de canons, symboles du capitalisme de guerre, manipulent la presse pour souffler sur les braises patriotiques.
Ce sont eux, les véritables “traîtres” — ceux qui trahissent la paix au profit du profit.
Drégerin, dans la lignée de ses chroniques de 1932-1933, reprend un thème cher au Canard enchaîné : la collusion entre le militarisme et l’argent.
Sous couvert de défendre la France, ces industriels préparent déjà la prochaine tuerie.


Une ironie glaciale

Drégerin pousse l’ironie jusqu’à simuler la panique :

“On ne touchera pas à l’armée française. On ne touchera pas à la flotte française. Même quand nos politiciens nous vendraient à l’Allemagne, on nous ferait lâcher ni un bouton de guêtre, ni une culotte de zouave, ni un adjudant ni un marin de la marine !”

Cette phrase, absurde en apparence, traduit le délire d’un pays figé dans son culte de la virilité militaire.
L’auteur raille la “sainte trinité” des nationalistes : l’armée, la flotte et la fureur.
Sous le vernis comique, l’avertissement est sérieux : à force de sacraliser la force, la France finira par s’y enfermer.


Une satire d’une actualité brûlante

Quelques jours après la parution de l’article, l’Allemagne annonce officiellement son retrait de la Conférence du désarmement.
Hitler aura beau jeu de dénoncer l’hypocrisie des démocraties incapables de se désarmer elles-mêmes.
Ce que Drégerin pressent ici, c’est la faillite morale d’une Europe qui ne veut ni la guerre ni la paix, mais continue à flatter ses marchands d’armes.

Le Canard enchaîné, en 1933, reste l’un des rares journaux à dénoncer sans relâche cette hypocrisie.
Sous ses traits d’humour, il tient tête à une presse nationaliste hystérisée.
Et quand Drégerin conclut :

“On se demande même ce qu’attendent L’Écho de Paris et La Liberté pour mobiliser M. Chiappe en vue de démolir à tout hasard la figure de quelques pacifistes présumés ?”
— il signe une phrase d’une effrayante clairvoyance : un an plus tard, les ligues d’extrême droite descendront dans la rue.