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N° 904 du Canard Enchaîné – 25 Octobre 1933

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L’homme qui convient

Le 25 octobre 1933, Le Canard enchaîné se moque d’une énième crise gouvernementale : Daladier est renversé, Lebrun consulte, et déjà on cherche “l’homme qui convient”.
Sous la plume acérée de Jules Rivet, la farce parlementaire tourne à l’opérette : faux cabinet ministériel, satire des “sauveurs” éternels, et clin d’œil à la montée des extrêmes.
Entre humour et clairvoyance, le Canard montre qu’en 1933, pendant que la France s’amuse à changer de ministres, l’Histoire, elle, prépare la tragédie.

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« L’homme qui convient » : Jules Rivet et la comédie du pouvoir

Le 25 octobre 1933, Le Canard enchaîné publie une une d’une ironie exemplaire sur l’instabilité politique chronique de la IIIᵉ République. À peine Édouard Daladier a-t-il été renversé que déjà le Canard annonce, faussement sérieux, la recherche de “l’homme qui convient”. Un homme providentiel pour redresser la France ? Oui, répond Jules Rivet, mais sur le ton du sarcasme : ce sera bien sûr André Tardieu, éternel revenant de la droite parlementaire, champion de la “rationalisation” du budget et du grandiloquent bon sens national.

Derrière la farce, Rivet dresse le portrait d’un système politique à bout de souffle, où les “crises ministérielles” se succèdent plus vite que les bulletins de vote. La satire est d’autant plus mordante qu’elle paraît dans une France déjà secouée par la crise économique, la montée des ligues, et le souvenir récent des scandales qui minent la confiance dans les élites.


Une crise de plus : Daladier renversé, Lebrun temporise

Le 24 octobre 1933, le gouvernement Daladier est renversé à la Chambre par 329 voix contre 241 sur l’article 37 du budget — un détail technique devenu prétexte à une manœuvre politique. Le lendemain, le président Albert Lebrun consulte les partis pour former un “cabinet de salut national”.
Rivet, dans Le Canard, s’empare de cette énième crise comme d’un canevas comique : chaque renversement devient un épisode d’opérette, chaque ministre un acteur interchangeable.

L’article s’ouvre sur une phrase d’une désinvolture cinglante :

“C’est un chiffre. Il reste à combler tout de même le fameux déficit de six milliards. C’est un autre chiffre.”

L’économie est un gag, la politique un calcul de coin de table. Dans la bouche du Canard, tout le discours technocratique est renvoyé à son néant comptable : on change les têtes, jamais les comptes.


Le retour du “sauveur” Tardieu

Jules Rivet feint alors d’applaudir à l’unanimité de la “France saine” : l’homme providentiel, le vrai, c’est André Tardieu. L’ancien président du Conseil, déjà tombé deux fois, est présenté comme “celui qui peut nous sortir du pétrin où nous nous trouvons”.
Sous la louange apparente, le Canard étrille la rhétorique autoritaire et bourgeoise de l’époque.

Rivet imagine Tardieu en thaumaturge de la crise :

“Nous nous trouvons, messieurs, à la tête de six milliards de déficit. Eh bien, qu’est-ce que ça prouve ? Rien du tout ! Nous allons dépenser tout de suite !”

L’hyperbole est irrésistible : un satiriste transformant le sérieux économiste en joueur de bonneteau, jonglant avec le déficit comme avec des lapins sortis d’un chapeau.

À travers Tardieu, c’est toute la caste parlementaire que le Canard vise. Ces hommes “sérieux”, qui parlent d’austérité tout en se repaissant de privilèges, deviennent les bouffons d’une République en crise morale.
Rivet conclut avec un rire en forme de gifle :

“C’est un programme qui vaut bien un autre. La parole est à M. Lebrun.”

L’ironie est totale : la France se cherche un sauveur, mais tous les “hommes qu’il faut” se ressemblent.


L’art du contrepoint : le faux cabinet de la République

En dessous du texte, Le Canard publie la “composition probable du nouveau cabinet” — une fausse liste ministérielle d’un comique redoutable. On y trouve :

  • Léon Blum à la Justice immanente ;
  • Raymond Patenôtre à la Spéculation ;
  • Princesse Bibesco à la Propagande ;
  • Paul Reynaud aux Affaires étrangères et autres ;
  • et Anatole de Monzie, déjà ministre dans toutes les crises précédentes, aux Finances, puis rayé avec la mention : “Comme il n’y a plus de finances, le portefeuille est purement et simplement supprimé.”

La charge est superbe : un faux gouvernement où les ministres héritent de leurs vices plutôt que de leurs fonctions. Ce jeu de miroirs révèle une vérité cruelle — la politique française tourne en boucle, recyclant les mêmes visages, les mêmes discours, les mêmes illusions.


Le Canard contre la comédie parlementaire

En 1933, la satire politique du Canard enchaîné atteint un raffinement rare. Rivet ne se contente plus d’un humour de situation : il démonte le langage même du pouvoir.
Son article transforme la mécanique parlementaire en théâtre d’ombres : la “crise” est un rituel sans enjeu, un ballet où la presse et les députés rejouent éternellement la même scène.

Sous le rire, un avertissement : le désordre parlementaire nourrit les extrêmes.
Le Canard n’est pas tendre avec Daladier ni avec Tardieu, mais il a compris le vrai danger : celui d’une République qui s’use dans la farce au moment où la brutalité gagne autour d’elle.


Une satire prémonitoire

“L’homme qui convient” : la formule a beau être ironique, elle sonne étrangement moderne. En octobre 1933, Rivet résume à sa façon le désarroi français : celui d’un pays qui cherche des hommes au lieu d’idées.
Deux mois plus tard, en Allemagne, un autre “homme qui convient” fera plébisciter son pouvoir à 95 %.

Rivet, en ricanant, tient la lampe sur le vide.