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N° 906 du Canard Enchaîné – 8 Novembre 1933

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Un Monsieur qui débarque

Le 8 novembre 1933, Pierre Châtelain-Tailhade règle ses comptes avec Clément Vautel, journaliste mondain qui vient de défendre les marchands de canons.
Dans un texte acide, le Canard enchaîné démonte la rhétorique des “patrons pacifistes” et ridiculise l’idée qu’on puisse fabriquer la paix à coups de Vickers ou de Schneider.
Entre ironie, colère et élégance, Châtelain-Tailhade signe un pamphlet antimilitariste d’une lucidité effrayante : celle d’un monde où la guerre devient une ligne de budget, et la presse, un comptoir d’armuriers.

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« Un Monsieur qui débarque » : Châtelain-Tailhade dynamite les marchands de canons

Le 8 novembre 1933, Le Canard enchaîné publie un texte fulgurant signé Pierre Châtelain-Tailhade, dirigé contre un chroniqueur à succès du moment : Clément Vautel, plume populiste et souvent réactionnaire du Journal.
Sous le titre « Un Monsieur qui débarque », Châtelain-Tailhade règle ses comptes avec un journaliste qui vient de prendre, sans vergogne, la défense… des marchands de canons.

Le ton est cinglant, le style vif, et le rire du Canard se fait ici arme politique : en s’attaquant à la presse complice des industriels de l’armement, Châtelain-Tailhade dénonce l’hypocrisie d’une époque où les profiteurs de guerre se parent encore des vertus du patriotisme.


Clément Vautel, avocat malgré lui des marchands de mort

Dès la première ligne, le Canard annonce la couleur :

“C’est encore lui : Clément Vautel. Clément Vautel prend la défense des marchands de canons.”

Le portrait est lapidaire. Vautel, ancien humoriste devenu moraliste de droite, écrit alors chaque semaine dans Le Journal des chroniques populaires, volontiers grimaçantes.
Mais en 1933, son ironie se retourne : il publie un texte justifiant les grands industriels de l’armement — les Schneider, les Pinot, les Zaharoff — accusés d’enrichissement sur fond de tensions internationales.

Châtelain-Tailhade n’a pas besoin de long discours : il suffit de rappeler le cynisme du propos. Vautel assure que ces “bons industriels” n’ont “aucun intérêt à la guerre”. À l’en croire, les fabricants d’armes seraient les premiers partisans de la paix, trop soucieux de leur confort pour désirer un conflit.

Le Canard ricane :

“La guerre ? Pff… Le moindre de leur souci.”

L’ironie est acérée. Châtelain-Tailhade démonte point par point la fable du “patron pacifiste”, substituant à la propagande bourgeoise le bon sens du lecteur : ceux qui fabriquent les canons vivent de la guerre comme le boulanger du pain.


Le sarcasme au service de la vérité

Dans ce texte, Châtelain-Tailhade manie un humour d’une redoutable précision. Il ne traite pas Vautel de vendu : il le renvoie à sa sottise.

“Chez M. Clément Vautel, ce n’est pas de la mauvaise foi. C’est de la coïonnerie.”

La phrase, brutale, résume toute la colère du Canard.
La “mauvaise foi” supposerait une intelligence perverse, une stratégie de dissimulation ; la “coïonnerie”, elle, relève de la bêtise satisfaite.
En d’autres termes, Vautel n’est même pas un manipulateur : il est le relais complaisant d’un discours industriel qui s’ignore comme tel.

Châtelain-Tailhade, fidèle à son style, conjugue la verve du boulevard à la rigueur du pamphlet. Il imagine Vautel jetant le gant :

“Justiciers ou calomniateurs, il n’y a pas de milieu.”

Et de commenter, impitoyable : “Pour M. Vautel, la preuve n’est pas encore faite. On n’a pas tout dit.”
L’ironie du Canard repose ici sur un procédé classique : faire semblant d’adhérer à l’argument adverse pour mieux l’exploser de l’intérieur. En répétant la rhétorique de Vautel sur le ton du pastiche, Châtelain-Tailhade transforme le raisonnement en absurdité sonore.


Marianne et la “Vickers” : un exemple qui tue

La riposte finale est un coup de maître.
Le Canard cite un article de Marianne — le grand hebdomadaire fondé par Gaston Gallimard en 1932 — relatant une anecdote révélatrice : lors d’une assemblée générale de la Vickers, célèbre fabrique britannique d’armes, les actionnaires auraient voté sur la “question délicate de savoir si une guerre était souhaitable pour régler définitivement les difficultés entre les peuples”.

Résultat du vote :

“Par 157 voix contre 68, ces messieurs décidèrent que non, tout de même, la guerre n’était pas encore absolument indispensable.”

Le trait d’humour est implacable : un “ouf” ironique conclut le paragraphe, mais le lecteur comprend tout. Pour ces industriels, la guerre n’est pas un drame, c’est un placement.

Châtelain-Tailhade retourne ainsi contre Vautel une preuve venue du réel. Et il le fait sans jamais hausser le ton, préférant l’élégance corrosive à la fureur. Le texte s’achève par une phrase qui, sous ses airs de pirouette, résonne comme une mise en accusation :

“Les marchands de canons se foutent de la guerre comme un poisson d’une pomme, et qu’il y a toujours un coquetier en bois d’îles pour celui qui prouvera le contraire.”

Le sarcasme atteint ici sa perfection : sous le vernis du comique, le Canard dénonce le cynisme mondial d’un capitalisme prêt à vendre la mort en invoquant la morale.


Un texte ancré dans les tensions de 1933

L’article de Châtelain-Tailhade s’inscrit dans un contexte brûlant.
En Europe, la Conférence du désarmement de Genève s’enlise, tandis que l’Allemagne d’Hitler vient d’en claquer la porte (octobre 1933). La presse pacifiste française, Le Canard en tête, multiplie les alertes contre la reprise de la course aux armements.

Or, dans ce climat de défiance, certaines plumes — comme Vautel ou d’autres journalistes “nationalistes sociaux” — préfèrent moquer les “désarmistes” et rassurer l’opinion : l’industrie de guerre, disent-ils, serait garante de la paix.

Le Canard refuse ce mensonge.
Châtelain-Tailhade, héritier de la verve antimilitariste du journal depuis 1916, redonne à la satire sa mission : réveiller l’esprit critique dans un pays tenté par le repli et la résignation.


Rire contre les armes

En 1933, le rire du Canard enchaîné n’est plus un simple contre-pouvoir : c’est un cri d’alarme.
Sous la légèreté apparente de ses formules, Châtelain-Tailhade fustige la complaisance médiatique, l’alliance du verbe et du profit.
Vautel défend les canons ; le Canard lui tire dessus avec des mots.