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N° 907 du Canard Enchaîné – 15 Novembre 1933

N° 907 du Canard Enchaîné – 15 Novembre 1933

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On entend un bruit… de votes de votes…

Le 15 novembre 1933, Le Canard enchaîné dévoile la farce du plébiscite nazi : un “oui” arraché sous la matraque.
Sous le dessin féroce de Pruvost, l’électeur allemand se fait cogner pour mieux “voter”, pendant que R. Tréno tourne en dérision les chiffres officiels : 43 millions de “oui” pour 40 millions de votants.
Entre humour noir et clairvoyance politique, le Canard montre déjà ce que l’Europe refuse de voir : la dictature s’installe, et la démocratie n’est plus qu’un théâtre de coups.

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Enchâssé entre deux feuilles d’acrylique (plexiglass extrudé*) il s’exposera aux regards sous son plus beau jour.

Les propriétés anti-UV de ce plexiglass de 2 mm lui assureront une conservation optimale limitant le jaunissement.

Le maintien entre les deux plaques, avec 8 petites pinces nickelées, supprime la vue des plis ainsi que leurs effets indésirables. Les marges autour du journal sont de 2 cm et sont ajustées au format de l’édition, qui a varié au fil des décennies.

*Transparence, légèreté, résistance aux chocs et aux UV

Cette présentation est déclinée en 2 options :

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“À voté !” : quand Le Canard dévoile la farce du plébiscite nazi

Le 15 novembre 1933, Le Canard enchaîné réagit à chaud au plébiscite organisé en Allemagne trois jours plus tôt. Sous un dessin de Pruvost représentant un électeur battu à coups de matraque entre deux miliciens en uniforme, le billet signé R. Tréno fait tomber le masque : le triomphe électoral d’Hitler n’est qu’une mascarade sanglante.

Le dessin dit tout en une scène : un homme courbé, contraint d’introduire son bulletin dans l’urne, pendant qu’un nazi, brassard à croix gammée au bras, le frappe. Le titre, “JA !”, surplombe l’image comme un ordre. La légende — “À voté !” — devient un cri d’ironie macabre : la démocratie est morte, mais ses rites subsistent, dévoyés jusqu’au ridicule.


Un scrutin sous la terreur

Le 12 novembre 1933, les Allemands sont appelés à “ratifier” par référendum la sortie du pays de la Société des Nations et la politique de Hitler. Officiellement, 95 % des votants approuvent le Führer — un score “communiqué par l’agence Wolff”, organe de propagande du régime.
Dans son billet, R. Tréno cite les chiffres avec le flegme du comptable avant de les dynamiter :

“40.588.000 votants. 43.113.051 oui. 2.018.021 non.”
Le trait d’humour est transparent : il y a plus de “oui” que de votants. La fraude saute aux yeux, mais le sarcasme vaut mieux qu’un long discours.

Tréno, avec cette fausse neutralité de journaliste scrupuleux, ridiculise le totalitarisme naissant : un régime qui falsifie la réalité tout en se prétendant plébiscité.

“Fort de ce succès sans précédent, le chancelier Hitler peut vraiment se dire le maître de l’Allemagne.”

Le mot “vraiment” est une flèche : tout le texte repose sur cette ironie, cette manière de dire sans dire, d’énoncer le mensonge en le laissant s’effondrer sous son propre poids.


Le rire contre la peur

En novembre 1933, Le Canard enchaîné n’est pas dupe de ce qui se joue outre-Rhin. Depuis le printemps, le journal suit avec effroi les purges, les autodafés, la disparition des libertés, mais choisit de s’en moquer frontalement.

Le dessin de Pruvost, sous son trait rond et grotesque, porte une charge terrible : il met en scène la violence institutionnalisée du régime. L’électeur, figure du citoyen lambda, est coincé entre trois agents du pouvoir — l’un armé d’une matraque, l’autre d’un gourdin, le troisième hilare, chapeau sur la tête, prêt à tamponner le bulletin. La scène est une parodie du civisme : un simulacre d’élection où voter “oui” relève de la survie.

La force du Canard, ici, tient à sa capacité à transformer la satire en arme d’alerte. Le rire n’est pas une fuite : c’est une résistance morale. En 1933, rares sont les journaux français à oser traiter Hitler de cette manière. Le Temps ou Le Journal préfèrent la prudence diplomatique. Le Canard, lui, désigne déjà l’ennemi — non pas l’Allemagne, mais le mensonge qui s’habille de démocratie.


L’absurde triomphe

Tréno, fidèle à son art du mot bref, condense tout un éditorial en une poignée de phrases :

“Les Allemands ont dit : ‘Ja’. Ce n’est pas un vote, ça. C’est un aveu.”

La formule est magistrale : le “oui” massif n’est pas un consentement, mais une confession — celle d’un peuple pris dans la peur.
Le billet enchaîne sur une comparaison qui fait mouche :

“En Angleterre, la tentative de suicide est un crime. En Allemagne, on a le droit de ne pas voter pour Hitler.”

Le renversement de la logique juridique en logique absurde — ne pas voter pour le Führer équivaut à se tuer — exprime avec un humour noir implacable la réalité du régime.

Tréno poursuit :

“Le soir du vote, des nazis ont fait la fête en l’honneur du Führer. Nous remercions Dieu ! Le dieu Wotan, sans doute.”
L’allusion à Wotan, dieu de la guerre germanique, fait glisser la satire vers le sacré profané : Hitler devient une idole païenne, une caricature de divinité dont les prêtres célèbrent la victoire à coups de bottes.


L’ironie prophétique

En 1933, ce texte du Canard a une portée qui dépasse la seule Allemagne. Derrière la moquerie, on entend une inquiétude : et si cette comédie électorale annonçait la fin de toute démocratie en Europe ?
R. Tréno ne se trompe pas : le plébiscite du 12 novembre scelle la fusion du peuple et du Führer, légitimant toutes les futures conquêtes au nom d’un “mandat” national.

Le Canard, en quelques lignes, saisit la nature même du totalitarisme : un pouvoir qui conserve les formes du suffrage pour mieux en pervertir le sens.
La phrase finale résonne comme une prière ironique :

“Et maintenant, ouvrons l’œil !”
Un avertissement à la France, qui regarde encore Hitler comme un phénomène lointain.


Le rire du courage

À travers le crayon de Pruvost et la plume de Tréno, Le Canard enchaîné offre ce jour-là une leçon de presse libre. En 1933, rire d’Hitler, c’est déjà prendre parti. C’est refuser la fascination ou l’indifférence qui gagnent les chancelleries.
Le Canard ne prêche pas : il montre, il rit, et ce rire — grinçant, lucide, désespéré — est sans doute le plus juste commentaire qu’on ait publié, ce mois-là, sur le “triomphe” du Führer.