N° 95 du Canard Enchaîné – 24 Avril 1918
N° 95 du Canard Enchaîné – 24 Avril 1918
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Le pied de cochon
L’article de Simon Hégésippe intitulé « Le pied de cochon », publié en une du Canard enchaîné du 24 avril 1918, est une charge ironique contre le comte Czernin, ministre austro-hongrois des Affaires étrangères, et son empereur Charles Ier. À Vienne, on appelle ça un Schweinfus : le comte Czernin a joué à son empereur un véritable pied de cochon. En dévoilant trop maladroitement les velléités de paix de Charles Ier, il a non seulement compromis son maître, mais aussi révélé au peuple autrichien un souverain « défaitiste ». Résultat : au lieu d’apaiser la guerre, Czernin a précipité la défiance et donné des armes aux révolutionnaires.
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Dans ce texte incisif, Simon Hégésippe (un pseudonyme du Canard) s’attaque à la maladresse diplomatique de Czernin, le ministre austro-hongrois des Affaires étrangères. Celui-ci a exposé publiquement que l’empereur Charles Ier avait envisagé une paix séparée. Une révélation désastreuse : elle a confirmé, noir sur blanc, aux yeux du peuple et de l’Histoire, que le monarque lui-même doutait de la victoire.
Le Canard raille cette faute politique en parlant d’un « pied de cochon » joué à l’empereur : une bévue grotesque, qui a transformé une manœuvre secrète en scandale ouvert. L’image est d’autant plus savoureuse qu’elle mêle trivialité culinaire et gravité diplomatique. Charles Ier, désormais discrédité, apparaît non pas comme un guide solide, mais comme un souverain trahi par ses propres serviteurs et condamné à passer pour un défaitiste.
Le journal insiste sur les conséquences explosives d’une telle révélation. Qu’adviendrait-il si, du jour au lendemain, les Viennois découvraient dans leurs journaux que leur empereur négociait la paix ? Ce serait la révolution, prévient le chroniqueur. En ce sens, Czernin, par sa maladresse, a privé Charles Ier de toute possibilité future de négocier sans risquer de nouvelles tempêtes politiques.
Pour le Canard enchaîné, cette affaire a au moins un mérite : montrer à l’Europe et au monde que l’Autriche-Hongrie est désormais enfermée dans la logique de guerre totale. Toute paix « prématurée » est devenue impossible, et la monarchie habsbourgeoise, minée de l’intérieur, se trouve condamnée à poursuivre un conflit qu’elle n’a plus les moyens de gagner.
Sous le ton léger, l’article dit en creux l’essentiel : l’empire austro-hongrois s’effondre autant par ses maladresses diplomatiques que par ses défaites militaires. Le « pied de cochon » de Czernin, loin d’apporter une paix, scelle un peu plus la décrépitude de la Double Monarchie.





