N° 96 du Canard Enchaîné – 1 Mai 1918
N° 96 du Canard Enchaîné – 1 Mai 1918
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RESTRICTION, par Roger Brindolphe
L’édito aborde de manière satirique la question du contrôle économique et des mesures prises pour y remédier. Il présente M. Victor Boret comme un sauveur potentiel ayant découvert une solution radicale au problème économique, en supprimant toutes les cartes (représentant probablement des politiques économiques complexes) pour ne laisser subsister qu’une seule carte : celle de l’argent.
La voix du devoir, signé Roland Catenoy
L’article « La voix du devoir », signé Roland Catenoy (alias Roland Dorgelès), publié dans Le Canard enchaîné du 1er mai 1918, est un récit mi-satirique mi-pathétique sur l’hypocrisie militaire et la comédie de certains blessés en convalescence. Un poilu qui boîte trop bien pour être honnête, un major qui guette la supercherie, et la morale militaire qui s’emmêle : Dorgelès croque, dans Le Canard enchaîné du 1er mai 1918, la comédie tragi-comique du « devoir » en temps de guerre. Mais il suffit parfois d’un geste héroïque – sauver un enfant – pour démasquer la vérité et transformer une farce en leçon d’humanité.
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Dans « La voix du devoir », Roland Dorgelès se penche sur une scène de la vie militaire qui illustre à merveille les tensions entre discipline, suspicion et humanité dans l’armée de 14-18. Le personnage central est le caporal Retourné, blessé qui boîte ostensiblement, se soutenant de ses béquilles comme d’une identité nouvelle. Plus il devrait guérir, plus il semble s’enfoncer dans son infirmité, comme si la claudication devenait sa manière de survivre et d’échapper à la machine de guerre.
Face à lui, un major soupçonne l’imposture. Exaspéré par cette mise en scène de la douleur, il multiplie menaces et brimades, prêt à démasquer l’homme qu’il croit simulateur. Dorgelès campe ici une figure classique de la hiérarchie militaire : obsédée par la discipline, persuadée que derrière chaque blessure se cache une ruse, et plus prompte à punir qu’à comprendre.
Mais le récit bascule lorsqu’un enfant échappe à la vigilance de sa nourrice et court vers une automobile lancée à toute allure. Retourné, oubliant béquilles et boiterie, bondit pour sauver le petit. La farce s’effondre : l’homme est bel et bien valide. Le faux infirme devient un vrai héros, et par ce geste, il se réhabilite mieux que par n’importe quel rapport médical ou conseil de guerre.
Derrière l’anecdote sourd une réflexion plus large, propre à Dorgelès, ancien combattant marqué par la guerre : la frontière incertaine entre l’héroïsme et la comédie, entre la contrainte du devoir militaire et l’élan spontané de l’instinct humain. Le Canard s’en empare pour tourner en dérision la rigidité de l’institution militaire, incapable de discerner que le courage ne se mesure pas seulement à la manière de boiter ou de marcher, mais à la capacité d’agir quand il le faut.
Cette fable grinçante et tendre illustre parfaitement le style de Dorgelès dans ses « Contes du Canard » : derrière l’humour, un profond attachement à la vérité des hommes pris dans la tourmente de 14-18.





